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10 secrets que les Camerounais ignorent sur Mgr Bala

Les  Paroissiens Décrivent Mgr Jean Marie Benoît Bala Les paroissiens décrivent Mgr Jean Marie Benoît Bala comme un « homme de Dieu irréprochable ».

Tue, 18 Jul 2017 Source: lemonde.fr

Monseigneur Bala avait maigri après avoir découvert la mort de son bras doigt le jour de son anniversaire. Cela l’avait vraiment touché, « il avait maigri. Il était vraiment touché et abattu. Il n’a même pas assisté aux funérailles », raconte Jules Nsock, cameraman qui produit des vidéos pour le diocèse.

Lazare Edingélé qui a travaillé pendant trente et un ans dans la gendarmerie nationale, affirme que tout serait parti de la mort de l’abbé Armel Collins Ndjama, recteur du petit séminaire Saint-André de Bafia, survenu dans la nuit du 9 au 10 mai 2017 des suites d’une courte maladie non dévoilée : « C’était son bras droit, son homme à tout faire, son confident. Il était comme son fils. Son corps a été découvert le jour de l’anniversaire de Mgr Bala. L’évêque a craqué. »

1. Monseigneur Jean-Marie Benoît Bala est lé le 10 mai 1959. Il avait été ordonné prêtre en 1987.

2. Tour à tour aumônier des écoles, vice-procureur diocésain, enseignant au grand séminaire, le pape Jean-Paul II l’avait nommé évêque en 2003. « C’était un homme responsable, très calme et qui construisait la paix. Il apportait beaucoup à l’Eglise », se souvient le président de la CENC.

3. A Bafia, les témoignages des fidèles rencontrés sont tout aussi élogieux. Raoul a « été témoin de la gentillesse de l’homme qui aimait trop la vie pour se tuer ». Il y a cinq ans, son épouse a fait deux fausses couches de suite et sa belle-famille a voulu le lyncher, convaincue qu’il « avalait les fœtus par sorcellerie ». Dépassé, le jeune conducteur de mototaxi, catholique, a couru se confier à l’évêque qui l’a écouté « longuement », lui a recommandé des prières et conseillé de conduire son épouse chez un médecin. « Ce que nous avons fait. Ma femme est tombée enceinte. J’ai une fille âgée de 2 ans aujourd’hui », sourit-il.

4. Raoul assène : « Un homme comme ça ne peut pas se suicider. On l’a tué. » Qui ? Pourquoi ? Silence.



5. Lazare Edinguélé, directeur de la radio Région FM de Bafia a couvert toute « l’affaire » de la disparition à la découverte du corps. L’ancien commandant de brigade de la ville, reconverti en journaliste, assure que, selon les éléments en sa possession, « l’évêque s’est suicidé ». Ses preuves ? « Aucun signe de violence n’a été détecté sur son corps, ce qui pour moi signifie noyade volontaire. De plus, on a retrouvé les traces de l’écriture du mot “Je suis dans l’eau” sur un papier sur son bureau. Vraisemblablement, c’est lui qui l’a écrit. »

6. Quelle serait alors le motif de ce suicide ? Lazare Edingélé qui a travaillé pendant trente et un ans dans la gendarmerie nationale, affirme que tout serait parti de la mort de l’abbé Armel Collins Ndjama, recteur du petit séminaire Saint-André de Bafia, survenu dans la nuit du 9 au 10 mai 2017 des suites d’une courte maladie non dévoilée : « C’était son bras droit, son homme à tout faire, son confident. Il était comme son fils. Son corps a été découvert le jour de l’anniversaire de Mgr Bala. L’évêque a craqué. »

7. Pour mieux nous montrer « la peine de l’évêque » après la mort de son « fils », Jules Nsock, cameraman qui produit des vidéos pour le diocèse, nous invite à visionner dans sa maison le film des obsèques qu’il a fait le 23 mai. « Regardez l’évêque. Il avait maigri. Il était vraiment touché et abattu. Il n’a même pas assisté aux funérailles, dit-il. L’évêque avait vraiment changé. » .

8. Sur le mur de son salon, des photos du défunt, seul ou avec le couple présidentiel sont accrochées. Jules Nsock n’écarte pas « la thèse du suicide qui ne sera pas surprenante ».



9. Approché, Mathieu qui a travaillé pendant treize comme chauffeur de l’évêque n’a pas voulu faire de déclaration. L’abbé Jean-Aimé Amougou, curé de la cathédrale Saint-Sébastien, esquive le tabou de suicide, très puissant au sein de l’Eglise catholique, d’autant plus qu’il est question d’un prélat : « C’est l’histoire et les faits qui parleront de lui. L’heure n’est pas à la parole. L’heure est à la méditation. » Pourtant, sur les réseaux sociaux, la violence de nombreux fidèles catholiques qui traquent ceux qui osent croire au suicide est éloquente.

10. Rodrigue Tongue, l’un des journalistes vedette de Canal 2 International, l’une des chaînes de télévision privée les plus suivies au Cameroun, a posté sur sa page Facebook : «Cessez de penser qu’un évêque est Dieu le père. On a vu des papes démissionner. Dieu démissionne-t-il ? » Les insultes n’ont pas tardé : « réflexion inopportune », « fantasme fanatique », « blasphème »…

« Les fidèles sont perdus. Ils vivent dans le déni et réagissent avec passion. L’Eglise est le seul lieu d’espoir fiable et honnête pour de nombreux Camerounais. Si l’évêque à qui ils confient leurs problèmes, celui-là qui fait parfois des impositions des mains pour les guérir, les aide à trouver du travail, un mari, se suicide, alors l’avenir est vraiment sombre », explique Lazare Edingélé qui ne craint pas les représailles. Lui, dit-il, est un catholique « dépassionné ».

Source: lemonde.fr