'200 policiers et des gros bras dans la nuit': Jeune Afrique donne les détails de l'expulsion de Dikolo

Les maisons cassées par des bulldozers à Dikolo

Wed, 29 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

Ce mercredi 29 juin, le magazine de droit français Jeune Afrique est revenu sur l'expulsion des populations de Dikolo à Douala dans le cadre d'un projet de construction d'hôtel. Dans un article publié sur son site d'information, le magazine donne des détails sur cette affaire d'expulsion rocambolesque.

L'on sait que plusieurs familles ont été délogées de leurs maisons par les autorités. Mais ce que l'on ne savait pas, c'est l'impressionnant horde de policiers et gros bras déployés pour expulser les 1 000 personnes jetées à la rue.

"Ils sont arrivés à 4 heures du matin, accompagnés de 200 policiers et de dizaines de gros bras. Calmement, ils ont installé leurs engins et ils ont attendu. À 9 heures, ils ont commencé à détruire les premières maisons, ignorant les demandes d’explication des habitants qui, tirés de leur sommeil, les avaient rejoints. Puis tout est allé très vite. Nous n’avons pas eu le temps de sauver grand-chose. C’était horrible", écrit Jeune Afrique qui cite Patrick Moudissa Bell témoin de cette expulsion qui s'est déroulée dans la nuit du 14 mai.

"Patrick Moudissa a vu ses douze résidences du quartier de Bali-Dikolo, à Douala, réduites en poussière, en même temps que celles de 60 à 80 familles. Au total, près de 1 000 personnes ont été jetées à la rue. À 51 ans, ce chef d’entreprise, dont la famille vivait ici depuis plus de deux cents ans, arbore désormais la casquette de représentant des sinistrés...Certains se sont réfugiés chez des proches. D’autres louent des chambrettes à la journée. Des cabanes de fortune sortent de terre, ouvertes aux quatre vents en cette saison pluvieuse. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Jean-Daniel Nguéa, l’un des sinistrés, explique qu’il erre dans les rues de Douala toute la journée et dort la nuit sur la tombe de son père. Ils sont quelques-uns à ne plus avoir le moindre repère, soupire Patrick Moudissa Bell. Ils ont du mal à se nourrir et ne peuvent compter que sur la solidarité et l’entraide", ajoute Jeune Afrique.

Révélations

Selon les confidences de Olivier Chi Nouako, le secrétaire général de la présidence de la République en 2012, fut la première autorité du pays à valider le projet. C’est ce dernier qui a donné les instructions aux administrations décentralisées de prendre toutes les dispositions afin de trouver une parcelle pouvant abriter les réalisations.

Après plusieurs années de recherches infructueuses, l’enseigne Hilton décide de se retirer du projet.

C’est ainsi que le promoteur se tourne vers Mariott, leader mondial de l’hôtellerie. Malgré l’accord du gouvernement, Olivier Chi Nouako a du mal à trouver un site pour abriter son projet. C’est ainsi qu’un natif de la ville de Douala décide de lui venir en aide. Il s’agit de Dr Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala

« Il a fait la recommandation au premier ministre que Dikolo est le site approprié pour le projet. Il avait souligné deux points majeurs. Il avait indiqué que la ville de Dikolo avait un plan urbain et cette zone de Dikolo était réservée pour le développement d'un pôle hôtelier. Le deuxième argument avancé était que Dikolo était un coin insalubre. On disait que Dikolo en Douala voulait dire poubelles, je ne sais pas si c'est vrai », a-t-il déclaré. Il a tenu à préciser que Dr Fritz Ntone Ntone lui a indiqué que ce site appartenait bel et bien à l’Etat du Cameroun.

« Il avait donné une carte. Il voulait que les 4 ha du côté de Dikolo soient affectés au projet d'hôtel et les 2 ha à côté servent de mini centre commercial. Il proposait 6 ha. Il soulignait que ce site appartenait à l'Etat. C'était le domaine public ferroviaire. Il estimait que les gens qui étaient là-bas n'avaient pas à la base, le droit d'être là et devraient déguerpir », a-t-il confié.

Source: www.camerounweb.com