2018: l’année où tout peut basculer au Cameroun

Paul Biya Paulbiya Biyapaul Paulpaul Le président camerounais, Paul Biya

Mon, 8 May 2017 Source: http://africtelegraph.com

Crise anglophone, Boko Haram, appel à l’insurrection sur les réseaux sociaux, austérité, chômage, tribalisme, corruption, jamais la veille d’une élection présidentielle au Cameroun n’avait fait autant de vague.

L’année prochaine, le Cameroun va organiser les élections générales. Il s’agit de la présidentielle, les sénatoriales, les législatives, les municipales et probablement les régionales. Parmi ces scrutins, le plus important est l’élection présidentielle.

Le président sortant Paul Biya, suite aux appels à candidature de ses militants, va probablement se représenter pour briguer un nouveau mandat de sept ans.

Cependant, le mal est profond au Cameroun et la présidentielle va à coup sûr se dérouler dans un contexte sociopolitique particulièrement tendu. Plusieurs sujets d’actualité vont meubler l’échéance électorale.

Biya face aux anglophones

La crise qui découle d’une grève d’avocats et enseignants anglophones présente encore des stigmates. Les conséquences ont été lourdes tant sur le plan social, éducatif, économique que politique. De par les appels à la désobéissance civile, les élèves de cette partie du Cameroun ont frôlé l’année scolaire blanche.

A cela s’ajoute un déficit d’un milliard de francs CFA causé par la coupure d’internet. Les pertes de vies humaines, les cas de viols et tortures sont déplorés.

En dépit des mesures prises par Paul Biya pour sortir de cette crise, d’autres exigences sont posées. Notamment la libération des personnes écrouées en prison dans le cadre de cette crise. Parmi ceux-ci l’avocat général près de la cour suprême, Ayah Paul Abine dont la libération est davantage exigée.



En sa qualité de chef d’Etat, il ne s’est jamais rendu dans aucune de ces régions pour écouter les contestataires. Et rien n’exclut à la veille ou durant la présidentielle que la contestation recommence. Au regard de ces faits, on peut se demander si ces deux régions vont renouveler leur confiance à Paul Biya en 2018 ?

La lutte contre Boko Haram

A l’approche la présidentielle, le groupe terroriste qui sévit dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord fera partie des sujets évoqués. Bien que Boko Haram soit militairement affaibli, il n’a pour autant pas cesser de faire parler de lui. Son mode opératoire par excellence est l’attentat suicide. Ainsi, ses kamikazes ne manquent pas de faire sauter leurs ceintures d’explosives dans les zones à forte concentration humaine laissant sur le carreau des morts.

De plus, les électeurs pourraient reprocher à Paul Biya son manque d’assistance aux victimes de cette guerre. Car depuis qu’elle a débuté, le chef des armées qu’il est ne s’est jamais rendu ni dans ces régions, ni au chevet des soldats internés dans les hôpitaux militaires. Même les cérémonies d’hommages aux soldats disparus, n’ont jamais connu la présence du président Biya.



Le Cameroun dans l’austérité

Depuis le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun vit dans l’austérité. Ainsi, les prix de certains produits ont connu une hausse même si l’inflation est maîtrisée par rapport aux pays voisins.

Le Cameroun qui est de retour sous ajustement structurel dicté par le Fond monétaire international (FMI) a élargi son assiette fiscale. Aujourd’hui, plusieurs activités relevant du secteur informel sont contraintes de payer les taxes et impôts revues à la hausse.

A cela s’ajoute un taux de chômage élevé. Les jeunes ont de la peine à trouver un emploi. Résultat de course ils se livrent à l’alcool, l’immigration clandestine vers l’occident, la prostitution, etc. L’austérité imposée au Cameroun, n’empêche pas les cas d’atteinte à la fortune publique.

L’opération épervier ne fait plus peur à certains, l’argent du contribuable est détourné et placé dans des comptes privés. Plus les présumés auteurs de détournements de fonds publics sont mis aux arrêts, plus les fait qui leur sont reprochés sont récurrents. Les institutions chargées de la lutte contre la corruption sont débordées. Ce qui explique la colère des uns manifestée dans les réseaux sociaux.



L’action des réseaux sociaux

Dans les réseaux sociaux, c’est la guerre des écrits qui sévit. Les cibles privilégiées sont Paul Biya et l’ethnie Béti d’où il est issu. Ici les propos tribalistes sont notoires. Certains appellent même à l’extermination des Béti qu’on accuse d’être l’unique bénéficiaire des largesses du pouvoir.

Le « tribalisme d’Etat » est décrié. Et à lire les commentaires des internautes, ces derniers estiment qu’après le départ de Paul Biya du pouvoir, le peuple ne voudrait plus d’un ressortissant Béti qu’ils qualifient de voleurs.

Ces personnes profitent de ces plateformes pour lancer des appels à l’insurrection générale ou à la désobéissance civile. La violence qui sévit dans les réseaux sociaux peut aboutir à un génocide fragilisant à coup sûr l’unité nationale.

Source: http://africtelegraph.com