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30 000 euros : le baron de Biya qui a sauvé Nathalie Koah des griffes de Samuel Eto’o

Koah 234 Le bon samaritain lui a donné 30 000 euros pour le voyage de ses rêves.

Thu, 2 May 2024 Source: Nathalie Koah

Dans son livre Rovenge Porn, Nathalie Koah raconte comment elle a été aidée par un baron du régime pour surmonter l’épreuve de la diffusion de ses sextapes sur les réseaux sociaux. Le bon samaritain lui a donné 30 000 euros pour le voyage de ses rêves.

“ Afin d’éviter que la situation ne dégénère davantage, mon conseil consent à ce que je réponde à une seule et unique interview radiophonique. J’y livre quelques repères de mon histoire dans les limites fixées par la loi : ma relation avec Samuel, nos partouzes, mes tentatives de rupture, le chantage des photos de Fally, mon refus d’y céder et la riposte par mes clichés intimes diffusés sur le web que j’attribue évidemment à Samuel.

Pour convaincre mes interlocuteurs, j’insiste sur la présence évidente d’un « troisième homme », et je mets en avant le préjudice inestimable que me causent ces clichés par rapport au prétendu bénéfice que je suis supposée pouvoir en tirer.

Mon intervention, suivie par le pays tout entier, produit l’effet escompté. L’opinion, qui faisait bloc contre moi, se divise.

La plupart des journaux et sites web d’actu relaient mes arguments en soulignant leur pertinence. D’autres, le plus souvent dédiés au sport, continuent invariablement de soutenir Samuel en criant au complot.

D’autres encore, plutôt conservateurs, s’offusquent qu’une jeune fille se vante en public de participer à des parties fines, sans savoir qu’il ne s’agissait pas pour moi d’un choix assumé et réfléchi mais d’un geste d’amour pour mon homme.

La société camerounaise, patriarcale, voit encore assez largement d’un mauvais oeil qu’une femme ose revendiquer sa liberté sur le plan sexuel. Sans surprise, les amis de Samuel se frottent les mains et m’inondent de messages revanchards du type : « Tu as voulu jouer dans la cour des grands, tu t’es cassé la gueule ».

Moins attendue, la réaction des femmes sur les réseaux sociaux est sans doute celle qui me déçoit le plus. Les commentaires sont pour la plupart très négatifs, raillant ici ma légèreté,

là ma soumission aveugle aux fantasmes excentriques d’Eto’o.

Fally, dont le nom est apparu à la faveur de quelques articles malveillants, me contacte

lui aussi. Je lui raconte tout, de la rupture orageuse aux photos de lui que Samuel m’avait commandées.

Il ne se montre pas plus étonné que ça : on lui a rapporté qu’une autre maîtresse camerounaise du footballeur s’était vu confier la même mission quelques mois plus tôt.

Comme à son habitude, il n’a pas un mot plus haut que l’autre envers Samuel. Son détachement et sa hauteur d’esprit m’impressionnent.

Face à l’épreuve que je traverse, il se montre compatissant, et m’apporte un soutien réel mais discret : sa stature de personnalité publique aurait tôt fait de relancer la machine à fantasmes autour de mon personnage.

Dans ce flot de coups de fil ininterrompu, je reçois l’appel inattendu d’une personnalité camerounaise de très haut rang, dont je préfère taire le nom. Mon petit frère et moi l’appelons « qui tu sais ». Cette figure de la

vie publique du pays tient à m’assurer en personne de sa profonde sympathie.

« Peu importe ce que vous avez fait. Je réagis en tant que mari et père, et je ne souhaite à personne de vivre ce qui vous arrive. Mais soyez courageuse. J’ai lu dans la presse que vous aviez fait un séjour à l’hôpital et que vous aviez songé à en finir. Ne baissez pas les bras. »

La bienveillance de « qui tu sais » va plus loin. Il me parle des possibilités de contre-attaques judiciaires, et m’incite à déposer plainte sans plus attendre. Il finit son appel en me demandant quel serait mon voeu le plus cher pour tenter d’oublier l’épreuve que je traverse.

Ma réponse est simple : je ne peux plus regarder mes compatriotes dans les yeux sans me dire qu’ils m’ont vue dans le plus simple appareil.

Je veux partir quelques jours loin du Cameroun pour pouvoir me balader dans la rue l’esprit en paix. Mon bon samaritain exauce mon souhait, et m’envoie l’équivalent de 30 000 euros pour m’offrir le voyage de mes rêves.

Je me pince pour y croire. Je choisis de partir pour un long périple qui me mène à Miami, Washington et Mykonos. Cette thérapie est un succès et me coupe du marasme cybernétique dans lequel je me noyais. Aujourd’hui encore, j’ignore les motivations profondes de cette incroyable générosité, mais je conserverai une dette envers cet homme jusqu’à la fin de mes

jours. »

Source: Nathalie Koah