32 postes de contrôles entre Maroua et Yaoundé: des passagers crient à l'anarque

Prevention Routiere Camerou.pagespeed.ic.gR 0XX6FIL Des gendarmes contrôlent les bagages des passagers

Mon, 28 Aug 2017 Source: camer.be

Les voyageurs se plaignent de tracasseries policières injustifiées.

En provenance de Maroua le 14 juillet 2017, les passagers d’une agence de voyage de la place font aux environs de 10 h, une escale à Garoua où leur bus va prendre quelques passagers. Mais presque tous ne sont pas d’accord que 5 passagers continuent le voyage en leur compagnie.

Et pour cause, ils arguent des raisons diverses : «leurs pièces d’identités ne sont pas conformes et à chaque contrôle, on est retardé de dix à quinze minutes par des policiers ou des gendarmes. Quittant Maroua pour Garoua, on a fait huit arrêts», s’indigne un passager en colère. Malgré leur fureur, les passagers embarquent dans le bus de 70 places.

Parmi eux, des Camerounais, des Tchadiens, des Nigériens, des Nigérians et autres. Le conducteur reçoit les dernières instructions de l’agence non sans prendre le bordereau du trajet. Après toute vérification, le bus reprend la route. Mais il se trouve qu’à la sortie de la ville de Garoua, ses occupants vont devoir descendre, tous, pour passer au contrôle de carte nationale d’identité et autres pièces. Ici, huit passagers seront retenus pendant au moins une dizaine de minutes. Il s’agit de deux Tchadiens, un Nigérien et quatre Camerounais.

«On a donné de l’argent avant qu’ils ne nous laissent partir», indique un passager en colère. De Garoua pour rallier Ngaoundéré, Bertoua et Yaoundé, les passagers du bus vont subir des tracasseries au niveau des postes de contrôles érigés le long du trajet. Plus de 100 000 Fcfa seront dépensés par les 8 passagers à leur arrivée à Yaoundé. Une routine pour les conducteurs et leurs passagers. Les différentes mesures de sécurité instaurées aux entrées et sorties de nos villes favorisentelles l’arnaque des passagers ?

Sur le long axe qui relie Maroua à la cité capitale Yaoundé, le comportement des policiers et des forces de défense et de sécurité prête à réfléchir. Au total, on dénombre plus de 32 postescontrôles quittant de Maroua la capitale régionale de l’Extrême-Nord pour rallier la cité capitale Yaoundé. C’est que sur ce long trajet, les vieilles habitudes ont la peau dure dans notre pays malgré la lutte anti-corruption et les multiples sanctions. «Des trafics de rançonnage des citoyens perdurent. La technique repose sur les étrangers, les élèves et ceux détenant des déclarations de pertes. Le policier ou le gendarme retient leurs pièces, les conduits sous un hangar puis exige à ces gens de payer. Ils finissent par céder sous la pression.

Un Tchadien habitué des lieux disposait pourtant d’une carte de séjour valide, d’un carnet de vaccination à jour et d’un laissez–passer mais cela n’a pas suffi. Il a remis malgré sa réticence, une somme de 2000 Fcfa aux policiers du GMI de Ngaoundéré postés à Ouro-Soua», explique un membre de la société civile à Ngaoundéré et d’ajouter que «ils déclarent des certificats ou attestations de pertes délivrées dans des commissariats de faux et en profitent pour arnaquer les passagers. Pour ce qui est des élèves détenteurs de cartes scolaires, ils remettent en doute leurs pièces. La situation mérite d’être maitrisée par les autorités pour réduire le sentiment de frustration qui anime nos populations et des étrangers vers notre destination».

CORRUPTION À VIVE ALLURE

Sur les 32 postes de contrôls érigés sur la voie terrestre entre Maroua et Yaoundé, il y a ceux que de nombreux observateurs qualifient de redoutables. «Parmi, les postes où cette arnaque est régulière et importante, nous avons entre Maroua et Garoua, les postes de Salak, du carrefour Magada et celui de Pitoa.

Entre Garoua et Ngaoundéré, il y a les postes de Gamba, Mbé, et Ouro Soua à l’entrée de la ville de Ngaoundéré. De Ngaoundéré à Bertoua, nous avons Nyambaka, Garoua-Boulai et Bertoua. Pour ce qui du parcours Bertoua-Yaoundé, nous avons des postes de la sortie de la ville et celui de l’entrée de la ville de Yaoundé à Nkol-Afamba. Dans ces dix postes, les policiers et gendarmes ne se cachent même pas.

Le rançonnage se fait au grand jour. Le bus peut passer 30 minutes voire plus sur place», indique un conducteur de bus à Ngaoundéré. Autres cibles d’arnaques policières, ce sont les camionneurs. Avec ceux-ci, des policiers et gendarmes se sont inscrits à l’école de la mendicité. «Ils stoppent le camion, tendent la main, prennent le dossier du véhicule dans lequel l’argent est dissimulé. L’agent le retire et remet le dossier», raconte un camionneur.

C’est aussi le cas de Mahamat Aroune, conducteur de camion tchadien. Il peint les souffrances en ces termes : «c’est devenu pour nous une tradition, à chaque fois que l’on passe devant un poste de contrôle, il nous faut préparer en poche, mille à deux mille Fcfa.

Les gendarmes et policiers ne demandent ni permis ni carte grise encore moins les papiers du véhicule, tout ce qui les intéresse, c’est de voir une petite somme d’argent glissée dans le dossier. Quittant Douala pour la frontière avec Moundou au Tchad, je dépense au moins 70 000 Fcfa. Nous en souffrons du jour au jour», confie-t-il.

Finalement l’arnaque, l’escroquerie et la corruption ont pris le dessus sur le volet sécuritaire qui requiert beaucoup de vigilance des forces de maintien de l’ordre sur les postes de contrôls le long de nos routes. Aussi la situation devient alarmante à l’heure où les pays de la Cemac commencent à matérialiser la circulation sans visa des ressortissants de ces pays membres.

Source: camer.be