4 gouverneurs, 16 préfets et 40 sous-préfets sont des retraités

Governors Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Wed, 14 Oct 2015 Source: Le Jour

Gouverneurs, préfets, sous-préfets. Pourquoi 60 hauts fonctionnaires du commandement territorial qui ont atteint la limite d’âge d’admission à la retraite prévue dans le statut général de la fonction publique gardent leur poste. Quatre gouverneurs de région sur les dix que compte le Cameroun ont atteint la limite d’âge d’admission à la retraite, qui est de 55 ans, sauf cas de prolongation expressément accordée par le président de la République. Et même celle de deux ans, permise par le chef de l’Etat conformément à ses prérogatives au bénéfice de ces fonctionnaires du haut commandement est échue, selon nos sources.

Le Cameroun se trouve donc dans une situation pas si courante que çà, où, près de la moitié des gouverneurs de région (voir liste ci-dessous) sont des retraités bien qu’une prolongation leur a été accordée par le chef de l’Etat. Pour certains gouverneurs, la limite d’âge et la prolongation sont déjà dépassées depuis plus de deux ans.

Les deux derniers décrets présidentiels portant nomination des gouverneurs de région datent du 14 mars 2012 et du 04 juin 2014. Ces hauts fonctionnaires gardent donc le commandement dans leurs circonscriptions administratives respectives dans un cadre juridique à définir, car se situant désormais, de fait, en marge des dispositions du statut général de la fonction publique.

Même si une source du Jour au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avance que « le poste occupé n’est pas forcément lié au statut général de la Fonction publique. C’est pourquoi, bien qu’étant atteint par l’âge limite d’admission à la retraite, le fonctionnaire du commandement territorial doit attendre qu’un acte de même nature que celui lui a confié une charge viennent expressément le décharger avant de pouvoir jouir de son droit de retraité », explique notre source.

Décrets du président de la République

La marche en dessous, dans la hiérarchie du commandement territorial, chez les préfets en l’occurrence, renvoie à la même réalité de fonctionnaires retraités mais encore en poste. La limite d’âge d’admission à la retraite est en effet dépassée par au moins 16 préfets (voir liste cidessous) sur les 58 que compte le Cameroun. La région du Centre à elle seule compte trois préfets atteints par la limite d’âge d’admission à la retraite.

Pour mémoire, la dernière nomination des préfets remonte au 4 juin 2014.

Sans surprise, le gros de l’effectif des fonctionnaires du commandement territorial ayant atteints la limite d’âge d’admission à la retraite est constitué des sous-préfets. Communément appelés « chefs de terre », ils sont 40 dans cette situation.

Et 14 sous-préfets ont quasiment dépassé l’âge de 57 ans. Un sous-préfet dans la région de l’Extrême Nord a même atteint 59 ans. 15 sous-préfets ont quant à eux atteints la limite d’âge d’admission à la retraite cette année.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation de non-renouvellement des cadres du commandement territorial atteints par la limite d’âge d’admission à la retraite? Précisons qu’ils sont tous nommés par décrets du président de la République. Et parallélisme des formes oblige, seul le chef de l’Etat peut les décharger de ces fonctions.

Les 60 hauts fonctionnaires du commandement territorial atteints par la limite d’âge d’admission à la retraite restent donc en poste par la seule volonté du président de la République.

Les conséquences de cette gestion particulière des ressources humaines sont énumérées ici par Jean Marc Bikoko, le président de la Centrale syndicale du secteur public du Cameroun: « Une poignée d’individus prennent en otage l’administration publique, les personnes maintenues ne travaillent pas dans le souci d’atteindre les objectifs.

Elles ne sont pas soumises à l’obligation de résultat, en plus la personne maintenue à son poste malgré la limite d’âge, n’a plus un contrat avec l’Etat. Les actes que posent ces agents ne les engagent pas.

N’ayant plus un salaire comme avant, ce fonctionnaire est obligé de créer les missions fictives pour pouvoir s’enrichir et c’est l’Etat qui perd », déplore le syndicaliste.

Source: Le Jour