Fatigués d’attendre l’organisation d’un concours pour entrer en stage, ces compatriotes ont décidé d’aller tenter leur chance à l’extérieur. Au Cameroun, plus de 15 mille jeunes diplômés attendent le prochain concours pour espérer porter la robe.
400 jeunes camerounais étudiants en droit ayant passé plusieurs années dans les cabinets d’avocats au Cameroun sont au Rwanda depuis presque deux ans. Ces jeunes compatriotes ont quitté le Cameroun pour aller s’inscrire à l’école de formation du métier d’avocats au Rwanda. Mais après leur formation d’une année, ils ne sont pas encore autorisés par les autorités rwandaises à faire leur examen de stage, lequel leur permettra d’arborer la robe d’avocats avant de venir prêter serment au Cameroun. C’est depuis neuf ans que le concours d’entrée en stage au Cameroun n’a pas été organisé. Le dernier concours date de 2014 sous le règne du regretté bâtonnier Francis Sama. Les autres bâtonniers qui lui ont succédé à l’instar de Jackson Ngnié Kamga, Charles Tchakounté Patié et Mbah Eric Mbah, n’ont pas encore pu organiser l’examen d’entrée en stage au barreau du Cameroun.
Las d’attendre, les 400 jeunes camerounais ont décidé d’aller tenter leur chance au Rwanda. Une opération très couteuse pour ces 400 apprenants qui pour certains se trouvent abandonnés actuellement au Rwanda. Ils sont pris en charge par leurs proches restés au pays et chacun d’eux a déjà dépensé plus de 10.000.000 Fcfa pour pouvoir vivre.
Le bâtonnier affirme avoir rencontré les responsables du ministère de la Justice pour les convaincre que l’organisation de l’examen relève de la compétence du Barreau. Plusieurs avocats disent avoir écrit au ministre pour dénoncer l’ingérence de la chancellerie dans les affaires d’une profession libérale.
Me Hyppolite Meli, avocat au barreau du Cameroun dit avoir saisi la justice en lieu et place des jeunes pour dénoncer le fait que depuis plusieurs années, plus de 15.000 jeunes ne peuvent pas passer leur examen d’entrer en stage pour un barreau du Cameroun qui compte près de 5000 avocats.
Système non conforme
Mbah Eric Mbah, le bâtonnier relève qu’il s’est personnellement rendu au Rwanda il y a environ un mois pour s’enquérir de la situation de ces jeunes compatriotes. Mbah Eric Mbah dit avoir eu des discussions avec le responsable de l’Ecole de formation des avocats au Rwanda et son confrère bâtonnier du même pays.
Le barreau du Rwanda exige que le système camerounais pour la formation des avocats soit réciproque à celui du Rwanda. C’est pour cette raison que les 400 jeunes ne peuvent pas présenter leur examen de stage. « Si le gouvernement camerounais avait créé une école de formation des avocats, on se serait pas dans cette situation », ajoute le bâtonnier.
Mais ce n’est pas la première fois que les Camerounais sont formés au Rwanda comme avocats et viennent prêter serment au barreau du Cameroun. « Pourquoi des blocages cette fois ci. », s’interroge le bâtonnier qui interpelle le ministère des Relations extérieures et le ministère de la Justice de venir en aide aux 400 camerounais en situation de détresse au Rwanda. Une situation qui viole l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage ». « Nous avons des contraintes budgétaires. Vous savez que les priorités de l’Etat depuis quelques années sont d’ordre sécuritaire.
En plus, il faut intégrer l’organisation du concours du barreau dans le budget chaque début d’année pour que cela soit plus facile. Un cadre de concertation avec les responsables du barreau est en place pour trouver une solution », explique une source au ministère de la Justice. Notre informateur précise qu’aucune mesure n’a été prise pour assister les 400 compatriotes au Rwanda.