D'après des sources dignes de foi, le chef de l'Etat a demandé un compte-rendu et obtenu des explications détaillées sur l'affaire des détournements opérés sur les lignes budgétaires 65 et 95. Toute personne, quelle qu'elle soit, qui ne parviendra pas justifier les décaissements qu'il a perçus et ceux qui ont accordé ces décaissements seront poursuivis par le Tribunal Criminel Spécial.
Mais pour le moment, l'on est encore au niveau de l'audit au Contrôle Supérieur de l’Etat.
Le sujet défraie la chronique ces dernières semaines . Depuis le 05 Octobre 2022, apprend-on, 1790 employés du ministère des finances défilent devant les services du Contrôle supérieur de l’Etat à Yaoundé. Objet de cette convocation : rendre compte de l’utilisation des fonds qui leur ont été alloués entre 2010 et 2021.
De source digne de foi, ce dossier lourd, que certains dénomment déjà grande enquête de gestion des fonds publics jamais réalisée au Cameroun, est une instruction présidentielle. Celle-ci prescrit de procéder à l’audit de la gestion des ressources issues des chapitres budgétaires 65 et 94. Deux lignes approvisionnées annuellement à hauteur d’environ de 500 milliards de Francs CFA. Et si l’instruction présidentielle commande un audit sur une période de dix ans, les calculs sont rapidement faits. Il s’agit d’une somme cumulée de près de 5000 milliards de FCFA ; un sacré pactole soustrait ainsi frauduleusement des caisses de l’Etat.Les deux lignes ainsi relevées ont trait aux dépenses communes de fonctionnement pour la ligne 65 et aux interventions en investissements pour la ligne 94. Des ambitions tout à fait légitimes dans un Etat soucieux du développement du pays comme le nôtre.
Malheureusement, certains adeptes de la distraction de la fortune publique ont décidé de faire main basse sur ces ressources qui ne leur appartiennent pas. Pour beaucoup le stratagème s’élabore autour de projets fictifs ou opaques, dont beaucoup, non exécutés mais financés. Des projets dont on questionne la pertinence. Des frais de mission, souvent inventées de toutes pièces, faisant fi de la règlementation en vigueur. Ainsi nous révèle-t-on que quelques protagonistes à eux seuls cumulent en une année 600 jours de frais de mission par personne. Une année n’ayant que 365 jours. Alors même que d’après les textes en vigueur, un agent de l’Etat ne peut effectuer plus de 100 jours de missions au cours du même exercice.
En outre, la règlementation stipule que seuls 60% de frais de mission peuvent être payés avant le départ, et 40% après le dépôt du rapport de mission. Des orientations soigneusement mises à l’écart, au nom de la corruption, dont des pratiques se complexifient assurément, trahissant la volonté des corrompus de ne jamais battre en retraite, mais de recevoir et de mettre en œuvre des modes opératoires plus élaborés avec, au fil des ans, une imagination aussi nocive que leurs desseins. Du mauvais usage de la fortune publique qui fait perdre à l’Etat Camerounais des dizaines de milliards de FCFA chaque année qui auraient dû servir à l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes. L’audit ainsi commandé montre que le Président de la République n’a jamais baissé les bras dans la lutte contre la corruption. Une croisade menée depuis 1982, déterminé qu’il est depuis des lustres, à rétablir la rigueur et la moralisation dans la gestion de la fortune publique, à promouvoir l’intégrité et la transparence dans le secteur, pour faire triompher la bonne gouvernance. Plusieurs actions sont ainsi entreprises dans le cadre d’un plan gouvernemental de lutte contre la corruption élaboré en 1997, et codifié dans un document intitulé et publié en 2004.
La Commission Nationale Anticorruption (CONAC), l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF), les cellules ministérielles de lutte contre ce phénomène, les services du Contrôle supérieur de l’Etat, la chambre des comptes de la Cour suprême, ou encore le Tribunal Criminel Spécial et même d’autres juridictions sont les bras séculiers de l’Etat dans son arsenal de lutte contre la corruption. Sur le plan institutionnel donc, de nombreux moyens sont employés par l’Etat pour barrer la route aux corrupteurs. On ne le dira jamais assez, la corruption, qui grèverait près de 25% du produit intérieur brut est un obstacle majeur au développement, avec des effets néfastes sur le plan socio-économique et même sur la justice sociale. On le reconnait volontiers : la lutte contre la corruption au Cameroun a connu des avancées significatives. Mais beaucoup estiment, avec raison, qu’elle demeure rampante, freinant la croissance économique, nuisant à l’Etat de droit et à l’attractivité des investisseurs, entrainant un gaspillage permanent des compétences et des ressources. La gangrène a du mal à être extirpée du corps social, avec un caractère protéiforme. Le respect de la chose publique au Cameroun n’est pas toujours la chose la plus partagée.
Le 21 juillet 2006, le Président de la République Paul Biya disait : « Nous avons encore un grave problème de morale publique. Malgré nos efforts pour les combattre : la fraude, les détournements de deniers publics et la corruption continuent de miner les fondations de notre société. » Rappelant sa résolution à éradiquer ces comportements, Paul Biya disait que nous n’avons pas nous arrêter en si bon chemin. << Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge>> : dixit Paul Biya Avertissement, sous forme de mise en garde, à ceux qui font de la corruption un métier, feignant d’oublier que la fortune publique est sacrée. Moralité : l’on se doit, aujourd’hui comme hier, de vouer un respect sans borne aux biens publics. Comme un avertissement sans frais.