Ce sont huit corps d’enfants dont la tranche d’âge est estimée entre 2 mois et 2ans par Charles NSOMBA, le Directeur Général adjoint de l’Hôpital Gynéco Obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, ces macchabés n’ont pas passé moins de deux mois dans cette institution contrairement aux prescriptions des textes en vigueur–du Ministère de la Santé signé en 2007- qui dispose qu’au-delà de 60 jours passés à la morgue, ces reste soient remis aux collectivités territoriales décentralisées pour leur inhumation ; décret qu’entendent appliquer les officiels de cette formation sanitaire. En effet, entre les lignes d’un communiqué signé récemment par le Pr ANGWAFOR III, Directeur Générale de l’hôpital, il est indiqué que les corps abandonnés, s’ils ne sont pas retirés dans un délai de 14 jours, seront confiés aux collectivités territoriales décentralisées pour inhumation.
Si la mesure est prise pour appliquer le décret, elle vient surtout exempter l’Hôpital Gynéco Obstétrique et pédiatrique de Yaoundé de lourdes dépenses, tant la prise en charge des corps sur de longues périodes par la formation induit « des dépenses en eau, en électricité en argent » entre autres estimés à plusieurs millions de FCFA par Charles NSOMBA. C’est sans compter le fait que ces places occupées à titre gratuit dans la morgue l’empêche d’être totalement fonctionnelle, car limitant ses capacités d’accueil.
L’abandon des corps, de nouveaux nés la plupart du temps, dans les institutions mortuaires devient monnaie courante au Cameroun pour des raisons précises, comme l’a expliqué au micro de nos confrères de la Cameroon Radio Television (CRTV), le sociologue Armand LEKA ESSOMBA : « Depuis trois à quatre décennies, l’économie rituelle de la mort s’est transformée notablement. Il y a une journée nationale des levées de corps, c’est souvent le vendredi, alors qu’hier dans nos vielles sociétés, quelqu’un pouvait mourir le lundi et être enterré le mardi ou le jour même. Aujourd’hui sa dépouille doit séjourner pendant un certain temps à la morgue, le temps de préparer les obsèques. Ce phénomène d’abandon des corps s’inscrit dans la compréhension de ces contraintes, parfois ça dépend des contentieux avec les familles, parfois ce sont des personnes dont on ne connait pas l’identité réelle (…) et pour ce qui est de ces corps d’enfants, on n’a pas toujours la traçabilité de leurs parents peut-être parce que les jeunes filles qui les ont accouchés les ont abandonnés parce qu’elles-mêmes ayant été abandonnées et parfois stigmatisées ». L’homme de science s’insurge de l’abandon des restes de ces nouveaux nés par leurs proches dans les morgues, c’est dit-il « la trace d’une inversion culturelle et d’un scandale à la fois anthropologique et moral, parce que même si effectivement l’enfant est un projet d’homme, c’est quand même la trace d’une grâce ».
Armand LEKA ESSOMBA propose pour palier à ce problème que « les hôpitaux aient des services sociaux qui soient à même de procéder, après des délais raisonnables, à l’enterrement digne de ces dépouilles dans des cimetières affectés à cet effet ». En attendant qu’on y pense, les 8 corps de nouveau-nés abandonnés à la morgue de l’Hôpital Gynéco Obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, au cas où ils ne sont pas réclamés dans les délais prescrits, seront confiés à la communauté urbaine pour être ensevelis