Épouse et mère vivant à Yaoundé, Dorcas Hortense O., 37 ans, professionnelle dans le domaine de la QHSE, a été interpellée par des gendarmes lundi soir à l'aéroport international de Douala, où elle comptait prendre un vol pour l'Europe.
De source sécuritaire, la dame, mariée depuis une dizaine d'années à Ernest Salvador O., 44 ans, et mère de leurs deux enfants, s'apprêtait à perpétrer là un abandon de foyer conjugal. Ceci afin de retrouver en Occident un certain Armand Arol, une de ses anciennes relations ayant quitté le Cameroun il y a environ sept ans.
L'opération a été préparée durant de longs mois. Selon les déclarations faites par Ernest Salvador O., c'est le 8 mars 2022 qu'il tombe, dans la chambre conjugale, sur un passeport qui n'est pas le sien. Il l'ouvre, c'est celui de son épouse qui, sur le document, porte son nom de jeune fille. L'homme ne lui en parle pas.
Quelque temps plus tard, il tombe sur un reçu de mandat international. Quelqu'un, d’Europe a envoyé de l'argent à sa femme. Il photocopie le papier. Au fil des semaines, l'homme découvrira d'autres documents « suspects », qu'il photocopiera et gardera. Tout comme il gardera son calme.
Mais l’affaire ne le laisse pas indifférent. Par des moyens non révélés, le mari « hacke » le téléphone de sa moitié. Désormais, il a accès à ses conversations. Il apprend ainsi que celle qu'il a épousée à la mairie et à l'église, compte le quitter. Lui et leurs deux enfants. Alors qu'elle poursuit avec ses préparatifs de voyage, Ernest Salvador saisit la gendarmerie, pour une déclaration sur la main courante, puis le procureur.
Il y a environ deux semaines, Dorcas Hortense a bouclé avec les papiers, visa compris. Et le « mbenguiste » a envoyé l’argent du billet d'avion. Dans son plan, elle choisit de voyager par Douala. Raison : son époux a longtemps travaillé à l'aéroport de Nsimalen, et y a encore des relations en service. De plus, la femme a une tante à Bepanda, qu'elle peut prétendre vouloir visiter.
Ce que Dorcas ignore, c'est qu'elle est désormais filée. A Bepanda « Ambiance », l'atmosphère est festive après l'arrivée de la future voyageuse. La tante, informée du projet, a fait un grand repas. La mère de Dorcas, une sœur et un neveu, eux aussi dans la confidence, sont venus du village (hors Littoral) pour les adieux.
Le lendemain lundi, en début de soirée, tout ce beau monde prend la route de l'aéroport. Dorcas a fait d'ultimes achats en journée. Au parking de l'aéroport, elle embrasse les siens une dernière fois, sort ses bagages et prend les escaliers conduisant au hall de l'aérogare. C'est alors qu'une voix l'interpelle, par son nom d'épouse : « Mme 0., bonsoir ! Gendarmerie nationale ! ».
L'homme en tenue se présente, puis sort le mandat du procureur, où il est question de « tentative d'abandon de foyer ». Selon des témoins, Dorcas Hortense est pétrifiée par cet imprévu. Reprenant ses esprits, elle propose de l'argent pour passer. Peine perdue, les deux gendarmes l'encadrent. Les siens, encore au parking à faire des commentaires, sont tout étonne de la voir redescendre.
La voyageuse contrariée a juste le temps de lancer : « Maman, on m'a arrêtée. Je ne vais plus voyager ». À la mère qui leur demande ce qui se passe. Les gendarmes ont proposé de les suivre à Yaoundé. La seule chose qui s'est envolée lundi soir, c'est le rêve européen de Dorcas Hortense.