Peter Essoka et ses troupes continuent d’étaler leurs turpitudes au grand jour, confondant la régulation et la manipulation. Publication «de déclarations non justifiées».
Voilà la gravissime faute qui, le 21 mars, a valu au bihebdomadaire La Météo et à son journaliste, Mamouda Labaran, des suspensions séparées d’activités respectives de un et trois mois de la part du Conseil national de la communication (Cnc).
Dans leur grande sagesse, les juges d’honneur - n’est-ce pas?– invoquent des «accusations non justifiées» à l’endroit du président directeur général d’Afriland First Bank, Paul Fokam Kammogne, «ne répondant guère aux exigences professionnelles de recoupement et d’équilibre de l’information publiée».
En d’autres temps, et pour d’autres cas similaires, La Météo s’était fait le devoir de dénoncer les dérives répétées du tribunal des médias au Cameroun. Il a ainsi pointé une justice expéditive, ignorant bassement le principe du contradictoire. La plupart des observateurs considèrent le Cnc aujourd’hui comme un organe aux ordres, essentiellement répressif et surtout au service des lobbies occultes.
La chose devient encore plus insolite lorsqu’on évoque les méthodes de jugement en vigueur : un vote à main levée, plutôt qu’un vote à bulletin secret. Cette stratégie, pour dictatoriale qu’elle est, empêche ainsi au collège de juges de voter chacun selon sa conscience.
S’agissant spécifiquement du cas Paul Fokam Kammogne, que La Météo n’a fait que relayer à la suite d’autres médias, ce journal a bien pris la peine d’indiquer qu’il avait vainement essayé de recueillir la version de l’homme d’affaires cité dans une sombre histoire présumée de participation à la déstabilisation du pouvoir de transition au Burkina Faso.
Dans un document sonore de 16 minutes, en circulation sur Internet, M. Fokam Kammogne est cité à travers une longue conversation téléphonique qu’auraient eue le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro et le dernier ministre burkinabè des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré, Djibril Bassolé, qui auraient ainsi planifié le putsch.
Relayer une déclaration de Paul Fokam Kammogné en marge d’une assemblée générale ordinaire de l‘Association Mc2, dont il est le parrain. Invoquant des «élucubrations», il a ainsi affirmé : «Si vous voyez le journal qui a écrit ça, vous comprendrez que ce n’est pas un journal. Si j’étais intervenu dans cette affaire, posez-vous la question de savoir qui m’a appelé ? Qu’est-ce qu’on me demandait de faire ? Je ne suis concerné ni de près ni de loin par cette affaire.»
«Accusations non justifiées ne répondant guère aux exigences professionnelles de recoupement et d’équilibre de l’information publiée», a tranché le Cnc sans pour autant exiger une version prétendument vraie des faits à l’accusateur.
S’agissant du manque de recoupement et d’équilibre de l’information publiée allégué, il est patent que La Météo a bel et bien relayé une déclaration de Paul Fokam Kammogné, en marge d’une assemblée générale ordinaire de l‘Association Mc2, dont il est le parrain dans laquelle il invoque des «élucubrations», affirmant : «Si vous voyez le journal qui a écrit ça, vous comprendrez que ce n’est pas un journal.
Si j’étais intervenu dans cette affaire, posez-vous la question de savoir qui m’a appelé ? Qu’est-ce qu’on me demandait de faire ? Je ne suis concerné ni de près ni de loin par cette affaire.» Voilà donc le manque d’équilibre étalé au grand jour !
Le reste, c’est un flagrant délit de tentative d’étouffement des médias privés, d’atteintes répétées à la liberté de presse venant de juges qui pour la plupart sont eux-mêmes soit promoteurs de médias, ou alors collaborateurs de premier plan de médias concurrents.
Quant à Paul Fokam Kammogné, aujourd’hui sous le coup de plusieurs enquêtes que des sources introduites qualifient de «très sérieuses», aussi bien au Cameroun qu’à l’international, il gagnerait certainement à bien préparer sa défense face à la déferlante judiciaire qui s’annonce.
Ce n’est pas à travers le Cnc qu’il pourra s’acheter une immunité – même au rabais.