Toujours autant de questions autour des causes de l'accident de train qui a fait 79 morts le 21 octobre, selon un nouveau bilan officiel. Les critiques se sont d'abord focalisées sur la décision de rajouter de nouvelles voitures afin d'augmenter le nombre de passagers. Pour les responsables de la compagnie, cette pratique est ancienne et habituelle. Une autre polémique monte maintenant au sujet de la qualité du système de freinage du train.
La charge est partie des réseaux sociaux, un texte non signé et qui se partage de façon quasi-virale. Il dénonce notamment le management de Camrail, qui aurait ignoré une mise en garde d’un cheminot de la compagnie sur des défaillances dans le système de freinage des voitures qui ont déraillé à Eseka. Des accusations que conteste le président du conseil d’administration de Camrail.
« Une enquête judiciaire, une enquête administrative, une enquête technique ont été ouvertes, affirme Hamadou Sali. Ces enquêtes vont permettre de déterminer les responsabilités. Il y a eu un problème, on nous a saisis, on a mis les dispositifs que nous mettons toujours en place. Le système de freinage a été contrôlé. La base de Douala a été saisie, a donné son ?OK? après ces vérifications. Ce qui est fait tous les jours donc je ne voudrais pas polémiquer. »
Les évolutions de l’enquête sont également très attendues au siège parisien du groupe Bolloré, dont Camrail est la filiale camerounaise.
« C’est la volonté du groupe en coordination avec les autorités au fur et à mesure où les informations sont connues de les faire connaître pour que tout le monde puisse comprendre les circonstances de ce drame, assure Eric Melet, émissaire de Vincent Bolloré au Cameroun. Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, ce sont des catastrophes complexes qui en fait se produisent avec l’alignement de beaucoup de paramètres qu’il faut d’abord analyser. »
En attendant les conclusions de l’enquête, les rumeurs les plus folles continuent d’agiter l’opinion.
Des passagers pointent la vitesse excessive du train
Sur place, RFI a pu recueillir des témoignages sur la catastrophe. Notamment celui du chanteur Koppo, qui était dans le train au moment de l'accident. « Je venais juste de me réveiller, mais je crois que le train roulait vite », explique-t-il, avant de préciser : « Il part normalement à 10h30, il est parti vers 11h15, 11h30, donc il avait du retard. Je pense qu’il [le conducteur, ndlr] voulait gérer tout ça et c’est pour ça qu’il allait quand même vite par rapport à la vitesse habituelle. »
« Les wagons des classes inférieures avaient été bourrés, remplis, et certains n’avaient même pas acheté les tickets, ne s’étaient pas fait identifier. On leur disait : ?Allez-y, on va gérer à Douala" et ce sont ces gens-là qui ont le plus été touchés », poursuit le chanteur.
De son côté, Serge Anango, qui était lui assis dans l’une des premières voitures du train pense que le conducteur « n’a pas su freiner son train à la descente d’une colline. Je ne peux pas vous dire s’il a fait un excès de vitesse, mais en tous cas, il a pris un virage au-delà de la vitesse qu’il fallait ».