Accidents de la route: comment ma moto a failli me tuer

Cédric Nicolas Badiane plus connu sous son nom de scène Supa Ced n'arrive toujours pas à oublier ce jour où sa vie a totalement basculé. Il lui arrive la nuit de se réveiller en sursaut.

Depuis ce jour fatidique, Supa Ced fait régulièrement des cauchemars.

Au terme d'une soirée d'anniversaire passée en compagnie de ses amis, il décide de rentrer à bord de sa moto qu'il appelle '' la Ferrari des motos'' en raison de sa pointe de vitesse. ''Elle monte à deux cents à l'heure en quelques secondes'' déclare-t-il à la BBC.

Malgré ses quelques verres de trop et les dissuasions de ses amis, Supa Ced décide d'enfourcher sa moto avec une amie et démarre pour rentrer chez lui.

Quelques instants après son départ, le photographe de l'anniversaire découvre un homme étendu sous sa moto, inconscient. Il s'agit de Supa Ced qui vient de percuter violemment un bus qui venait dans le sens inverse.

''C'est un choc frontal'', affirme Cédric. Puis, c'était le trou noir. '' Aujourd'hui, je n'ai aucun souvenir de cet accident."

Ce jour-là, il a frôlé la mort et ne doit sa vie qu'à son casque et à ses amis qui ont vite fait d'appeler les secours.

Son amie a également survécu malgré avoir passé plusieurs semaines dans le coma.

Si Supa Ced et son amie ne font pas partie des 1,3 million de personnes qui meurent dans les accidents de la route chaque année selon l'OMS, ils figurent parmi les 20 à 50 millions de blessés.

Qui sont les plus exposés par les accidents de la route ?

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le taux de mortalité par accident est plus élevé en Afrique subsaharienne que partout ailleurs. Les motos, un des moyens de locomotion les plus utilisés en Afrique font partie des plus meurtriers.

En effet, l'OMS affirme que les utilisateurs des engins motorisés à 2 ou 3 roues font partie des plus vulnérables. L'organisation internationale informe que les utilisateurs de ces engins représentent 28 % de tous les décès. Juste après les occupants des véhicules (29%).

Les accidents de la route sont, selon l'organisation internationale, la première cause de mortalité pour les enfants et les jeunes âgés de cinq à 29 ans.

Les motos constituent un moyen de transports efficace en zone urbaine, flexible et souvent abordable.

En zone rurale, elles peuvent rallier des routes auxquelles les voitures accèdent difficilement. Ce qui expliquent son attrait pour la jeunesse africaine.

Les motos-taxis gagnent de plus en plus de terrains dans les villes africaines. Le parc automobile des villes ne suit pas la même cadence de la croissance démographique du continent.

L'Afrique possède par exemple moins de voitures que l'Union Européennes même si le continent noir enregistre paradoxalement le plus grand nombre d'accident de la circulation.

Le défi des chiffres

Malgré le problème que constitue les accidents de la circulation, l'Afrique fait face à un cruel manque de données. Selon l'Observatoire africain de la sécurité routière (ARSO), ''moins de 50 % des pays africains disposent de base de données nationales opérationnelles sur les accidents de la route. Ce qui explique parfois l'incohérence des chiffres entre les pays et l'Organisation mondiale de la santé.

L'ARSO estime d'ailleurs que ''les estimations de l'OMS sont quatre fois supérieures aux statistiques officielles de la mortalité routière en Afrique.''

Néanmoins, l'OMS estime que la coût des accidents de la circulation reste élevé pour les Etats. ''Les accidents de la route coûtent à la plupart des pays 3 % de leur produit intérieur brut, '' affirme l'organisation internationale.

La vie après l'accident

''Je roulais doucement sur la route, j'ai toujours été prudent jusqu'au jour de l'accident,'' se défend Supa Ced, aujourd'hui âgé de 36 ans.

La plupart des victimes d'accidents de la route en gardent d'ailleurs des séquelles. Elles peuvent être physiques et psychologiques. Supa Ced lui ne peut plus plier sa jambe gauche. Son bras gauche est également paralysé. Sa carrière musicale est mise entre parenthèses.

Son amie a quant-à elle perdu ses cordes vocales qui étaient ses outils de travail.