Moins de précipitation, plus d’anticipation. Le cas de Touristique Express SA dont la sanction, suite à un accident qui a coûté récemment la vie à 15 passagers, a été rapportée quatre jours après publication, renseigne à suffisance sur l’urgence d’adopter de nouvelles approches pour prévenir les hécatombes.
Au moment où les responsables de l’agence de voyage leader sur les lignes desservant les régions septentrionales du Cameroun n’arrivaient pas à réaliser comment un événement certes rare dans la vie de l’entreprise, mais tragique, a pu impliquer l’un de ses bus dans la localité de Lom, non loin de Garoua Boulai, Région de l’Est, le 09 mai 2023, le ministère des Transports prenait, via un communiqué daté du 11 mai, prenait la décision de la suspendre pour une période d’un mois, « éventuellement renouvelable ».
Quatre jours plus tard, le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallé Bibehe, a repris sa plume pour parapher un autre communiqué levant les sanctions vraisemblablement montées sans tenir compte des contraintes de terrain et de l’impact de ce type de suspension sur les mouvements des personnes et des biens par voie terrestre, entre le Nord et le Sud.
Le communiqué qui lève « exceptionnellement » les sanctions prises à l’encontre de Touristique Express SA tirerait son fondement des nombreuses sollicitations citoyennes sur les difficultés de déplacement dans la partie septentrionale du pays, la forte mobilité induite par l’approche du Hadj et du départ en vacances et la célébration de la fête nationale de l’Unité le 20 mai.
Comme si en montant au créneau, le membre du gouvernement avait perdu tous ces enjeux de vue. Néanmoins, le communiqué du 15 mai 2023 égrène un ensemble de mesures prescrites au management de TE qui devraient constituer le bréviaire du ministère des Transports pour prévenir et lutter contre les accidents de la circulation, du moins en ce qui concerne les agences de voyage opérant dans le secteur du transport interurbain au Cameroun.
En s’y mettant, le pire peut être évité. En effet, le ministère des Transports se devrait d’inscrire dans le cahier des charges des agences de voyage, un mode de fonctionnement assorti des indicateurs appropriés qui lui permettent d’effectuer des opérations assidues de suivi-évaluation.
Notamment, le recyclage de l’ensemble des personnels navigants à travers des formations et des sensibilisations, la production du bilan médical d’aptitude à la conduite automobile avec un accent particulier sur l’acuité visuelle des conducteurs et aussi la cadence de rotation des conducteurs qui doivent observer un temps de repos convenable avant de reprendre le volant.
En réalité, il suffirait tout simplement au département en charge des Transports de s’organiser en interne pour, suivant une périodicité précise, contrôler la conformité des usages des promoteurs des agences de voyage aux prescriptions des cahiers de charges.
Parce qu’une séance de formation tenue laisse dans les archives les dates, la liste des formateurs, les termes de références de la formation et la liste des conducteurs bénéficiaires de la formation, il ne devrait pas être facile de tricher. Sauf à penser que progressivement, le puissant virus de la corruption et des dessous de table fragilisent les méthodes et fassent remonter à la hiérarchie des informations.