Accusations de tortures: la réponse peu convainquante du régime Biya

Armée Camerounaise Bir Archives

Sat, 22 Jul 2017 Source: camer.be

Les forces de sécurité du Cameroun ont été accusées de torturer des centaines de personnes dans des chambres secrètes. Ces comportements scandaleux qui ont été documentés dans plus de 100 cas de détention et plus de 20 sites par Amnesty International constituent des crimes de guerre.

Et le C2LP note que le gouvernement camerounais et "L'Ambassade de France n'ont pas encore répondu" aux allégations des victimes torturées. Devrions-nous être surpris? NON.

Paris est en effet le principal bailleur de cette armée Camerounaise formatée à la répression et à la torture. La France doit d'autant plus s'inquiéter que la gendarmerie nationale de ce pays coopère avec des experts et d'autres conseillers français qui travaillent parfois - comme ceux qui sont affectés au Secrétaire d'État à la Défense à Yaoundé (le SED de sinistre réputation) - à quelques mètres des cellules où croupissent les prisonniers politiques dits de «droit commun» de la dictature de Paul Biya. Nous devons définitivement mettre un terme à cette «coopération » inhumaine pour les raisons suivantes:

- Tout d'abord, ces types de crimes de guerre n'intimident pas les terroristes, mais renforcent leur syndrome de persécution et leur propagande qui servent à recruter encore plus de recrues (souvent jeunes) et à déstabiliser davantage la région, en créant des hordes de personnes déplacées et de réfugiés. Ce qui crée des conditions de famine et répand des épidémies de maladies tel que le choléra.

- Deuxièmement, le coût moral et de réputation de ces alliances contre nature et les questions de valeurs démocratiques. Le président Emmanuel Macron qui a fortement fait campagne sur les questions de valeurs court le risque d'être targué d’hypocrisie dans sa relation avec des régimes autoritaires comme celui qui règne au Cameroun depuis 35 ans.

En effet, il sera plus difficile pour le président Macron de critiquer et de donner des leçons à Paul Biya sur la violation des droits de l'Homme et la répression de la démocratie lorsque sa propre armée est «partenaire du crime» avec le régime de Yaoundé.

- Troisièmement, ces crimes de guerre scandaleux ne font rien pour gagner les cœurs et les esprits des personnes et des organisations non gouvernementales, puis des militants des droits civils tels que le C2LP travaillant sans relâche pour une Afrique démocratique et pour une renaissance africaine. Car cette inadéquation entre les valeurs démocratiques et les crimes de guerre ne font qu'amplifier l'impression générale de cynisme, de désespoir et la déception à l'égard de cette relation contre nature entre la France et le Cameroun.

Personne ne "fait la morale" à Personne.

Les ONG comme Amnesty International et modestement la nôtre sont là pour veiller sur le respect de l'intégrité physique et morale des personnes, de toutes les personnes, y compris celles qui se sont rendues coupables d'actes terroristes ou sont simplement présumés. Une Brigade militaire ne peut de manière confuse et arbitraire désigner des personnes dites coupables d'actes de terrorisme, en fonction de leur appartenance tribale, leur religion, de leur pays d'origine ...puis leur infliger des sévices corporels, des tortures, et parfois les tuer dans des casernes en toute impunité, avec la bénédiction des autorités qui ont concocté une loi liberticide en ce sens en 2014 qui fait de chacun de nous tous des "potentiels terroristes", pour peu que nous soyons en désaccord avec le pouvoir en place au Cameroun.

Autrement ledit État n'est pas mieux que l’organisation terroriste qu'il prétend combattre, puisqu'il répond délibérément au terrorisme clandestin par du terrorisme officiel voire légal. Ce qui est inacceptable dans un concert des nations dites civilisées. L'armée combat les terroristes sur les terrains d'opérations, neutralise et interpelle ceux qui ont attenté aux vies innocentes, les transfère à la Justice, qui les juge en fonction des preuves accablantes qui pèsent contre eux, puis les condamne en conformité avec les lois en vigueur. C'est aussi clair de cela.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)

Source: camer.be