Il est poursuivi par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) depuis février 2016 pour complicité d’actes de terrorisme et non-dénonciation d’actes de terrorisme.
Ahmed Abba, correspondant en langue haoussa de la Radio France Internationale (RFI) à Maroua dans la Région de l’Extrême-Nord a déjà fait face à une dizaine d’audiences depuis l’ouverture du procès, mais aucune preuve n’a été versée à sa charge et aucun témoin n’a été présenté au Tribunal. Depuis février 2016, il est poursuivi par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) pour complicité d’actes de terrorisme et non-dénonciation d’actes de terrorisme.
D’après La Nouvelle Expression du 9 janvier 2016, Les Sociétés de Journalistes (SDJ) de quinze médias français, comme l'Agence France-Presse (AFP), le journal Le Monde, Libération, Alternatives Economiques, mais aussi Radio France ou encore de France 2 et iTélé viennent de signer une pétition pour réclamer la libération de leur confrère. La mobilisation s’accroît au fil des jours.
«Il est complètement anormal d’être aujourd’hui mis sous les verrous parce qu’on n’a pas divulgué quelque chose aux services de police de son pays. On n’est pas des auxiliaires de police, nous, les journalistes. On n’enferme pas un journaliste parce qu’il a pris contact avec des gens qui sont des terroristes ou qui sont suspectés de faire des choses contre la loi», explique le journaliste François Pitrel, sur les antennes de RFI.
Pour tous les journalistes français qui ont signé la pétition, souligne le quotidien camerounais, les accusations contre Ahmed Abba ne tiennent pas. Selon Marie-Bénédicte Allaire de la radio RTL, «il faut lutter contre le terrorisme bien évidemment. Nous en sommes bien conscients. Mais cette lutte contre le terrorisme ne peut pas passer par les tentatives de freiner le travail de vérité des journalistes. Et ce travail, il doit pouvoir se faire».
Les journalistes camerounais sont également de cet avis. Ahmed Abba n’est pas le seul cas de figure. «Il y a également le journaliste d’investigation Camerounais Simon Ateba qui a été interpellé dans le Nord du Cameroun pour les mêmes raisons. Pareil pour Rodrigue Tongue de Canal 2 international, Félix Ebole Bola de Mutations et Baba Wame, qui sont désormais face aux juges militaires depuis plus d’un an», peut-on lire.
Denis Nkebwo, le Président du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), a indiqué sur les antennes de RFI que «les autorités camerounaises ne peuvent pas accuser un journaliste d’espionnage parce qu’il est allé dans un camp sous contrôle international pour interroger les réfugiés nigérians sur leurs conditions de vie pour ne citer que ce cas».
En plus, «au nom de la lutte contre Boko Haram, on ne peut pas faire peser une accusation ridicule et aussi grave, sur un journaliste reconnu pour son professionnalisme», a-t-il ajouté.