A travers le Constipe, le président de la République est déterminé à tenir le bon bout de cette sulfureuse affaire à rebondissements, qui a déjà fait plusieurs victimes parmi les ministres ayant cherché à y jeter de la lumière en dénonçant les « manœuvres » de Lazare Atou et d’un prétendu réseau dont les membres seraient tapis dans le sérail.
Il faut être prétentieux pour chercher à citer de manière exhaustive les affaires, relevant du patrimoine de l’État, qui mettent Lazare Atou, l’administrateur général du Cabinet conseil éponyme, aux prises avec certains membres du gouvernement. Parmi les plus retentissantes quand même, il y aurait ce versement de 35 millions de Fcfa par le ministre Issa Tchiroma Bakary pour l’obtention d’un certificat de propriété d’un terrain acquis, dans le domaine privé de l’État objet du titre foncier 3625 à Douala, à la faveur de la vente de gré à gré.
Argent qui devrait pourtant être perçu par les responsables du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf). Comme renseigne d’ailleurs une source, à cause de cette bourde de l’ancién ministre de la Communication, « sa parcelle n’est pas titrée jusqu’à présent ».
Un autre dossier et non des moindres, serait la vente au Prof Maurice Sosso, sur instructions du ministre Henri Eyebe Ayissi, d’une parcelle au lieu-dit “Camp Lido”. Opération foncière qui aurait débouchée sur une vive altercation verbale entre ce membre du gouvernement et Lazare Atou qui réclamerait le. droit de préemption sur cette partie de la capitale économique du pays. Tout au moins, cette 2’cme affaire aurait permis au responsable du cabinet Atou de comprendre qu’il se trompait certainement de personne, lui qui croyait se refaire cerise au,Mindcaf, avec l’arrivée à sa tête de « ce frère » de la Lékié.
Dans le même registre, remontant quelques années, dans le cadre de la gestion des actifs résiduels des ex-Oncpb et Regifercam, il y aurait eu des arrestations et libérations à répétition de celui que l’on appelle « Me » Atou. A un certain moment, la gestion de ce patrimoine de l’État dont cet homme n’aurait pas un mandat formel, selon certaines sources, serait passée entre les ‘mains d’un autre cabinet dénommé “Challenger”.
Structure appartenant à un certain Tchakoui. C’était alors grâce au soutien de ce dernier par l’alors ministre des Finances, Essimi Meriyé. Sans baisser pavillon, indiquent des sources « avec les soutiens au gouvernement de Lazare Atou, le responsable du cabinet Challenger écopa d’une vingtaine d’années de prison, son mentor condamné à vie, même si d’autres motifs sont invoqués, et contraint à l’exil ».
« Trop, c’est trop », semble avoir dit le président de la République, Paul Biya. Surtout qu’outre les faits qu’on lui reproche, jugés « accablants » par certains juristes ; l’attitude, catalogué par certains, de cynique, hâbleur, impudent de Lazare Atou qui narguerait les membres du gouvernement avec une arrogante faconde, ne pourrait laisser indifférent le plus indulgent des responsables d’un pays.
Lien contractuel
En effet, sur instructions du président de la République, dans une correspondance signée de Mme Mbah Acha Rose Fomundam, ministre déléguée à la présidence de la République chargée du Contrôle supérieur de l’État, il est dit que dans « le cadre des travaux d’audit des brigades mobiles de contrôle et de vérification » sont dépêchées à l’effet d’auditer la gestion par le cabinet Atou des actifs résiduels des ex-Oncpb et Régifercam.
De fait, les locataires, les cocontractants du cabinet Atou et les occupants, à quelque titre que ce soit desdits actifs, pour la période allant de 2006-2021, sont invités à se présenter auprès desdites brigades ainsi qu’il suit : « Les résidents des régions du Littoral et Sud-ouest se présenteront dans les services du gouverneur du Littoral à Douala, au 4ème niveau, porte 409 ; et les résidents de l’Adamaoua, du Centre, du Sud et de l’Est, auprès du Consupe, sis bâtiment A, 1er étage, salle de réunion, en face de la Cour suprême, du mercredi 10 novembre au mercredi 24 novembre 2021 ».
Ces derniers devraient alors se munir entre autres des copies de leurs contrats, engagements, reçus de versement, pièces de caisse, chèques et des preuve de lien contractuel avec ce cabinet, ce en vue d’un recensement général et de la reconstitution des opérations de gestion.
Dans une autre note signée du Consupe, le même jour, plus précisément le 05 novembre 2021, il est indiqué à l’attention du public et des personnes intéressées que M. Atou, administrateur général, du cabinet conseil éponyme, est suspendu de signature et de toute prise d’actes dans le cadre de la gestion des actifs résiduels des ex-Oncpb et Regifercam jusqu’à nouvel ordre.
« Celte mesure conservatoire, conforme aux dispositions de l’article 8 alinéa 2 du décret n°97/048 du 5 mars 1997 relatif aux missions mobiles de vérification, a été prise par les brigades de contrôles des services du conseil supérieur de l’État », renseigne la note. Et dans celle-ci on peut lire également que ces brigades ont constaté les faits potentiellement constitutifs d’irrégularités de nature à porter un préjudice grave et irréversible à la « Puissance politique ». Chaud devant !
11 faut dire que ce dossier qui fait les choux gras de la presse et secoue le landernau politique, mis sous le boisseau pendant plusieurs années, pour des raisons d’intérêts divers, connaît un nouveau rebondissement après plusieurs autres.
Il y a encore quelques mois, cette affaire aux relents d’une mafia gouvernementale avait été exhumée grâce à la pugnacité de la même ministre déléguée à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État, Mme Mbah Acha Rose Fomundam. Déterminée à éventrer ce réseau « qui a orchestré une supercherie pour gruger l’Etat, avec la bénédiction de certains ministres et autres hauts cadres de l’administration », elle avait alors dans son viseur un responsable du ministère des Finances qui était accusé d’avoir prorogé le « pseudo mandat » du cabinet Atou.
Rhétorique sommaire
Il n’est pas superfétatoire de rappeler que, juste quelques mois après cette dernière sortie du Consupe, pour faire la lumière sur la gestion des actifs résiduels des ex-Oncpb et Regifercam, le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, s’était fendu d’une lettre. Certainement au fait de quelques manœuvres interférant avec la bonne gouvernance, dans cette correspondance, sur instructions du président de la République, il demandait à savoir davantage sur la sauvegarde et la gestion de ce patrimoine de l’État, et l’arrêt des activités du cabinet Atou.
Toutes choses qui lui avaient valu une volée de bois vert de l’administrateur général de ce cabinet, Lazare Atou. Par une rhétorique sommaire dont il a fait recours dans sa lettre au Sg/Pr, ce dernier, il y ait lieu de le souligner, piétine l’honorabilité et la respectabilité de ce très proche collaborateur du chef de l’État qu’il traite de tous les noms de mauvais oiseaux.
Tout en évitant de reprendre ici des termes orduriers et impropres pour une correspondance officielle, on pouvait lire dans celle-ci : « vos correspondances évoquent un mandat unilatéral, en lieu et place d’une convention synallagmatique de privatisation de la gestion des actifs résiduels des liquidations des ex-Oncpb et Regifercam passée le 04 mars 2014 contre cabinet conseil Atou et l’État du Cameroun au travers du ministre des Finances sur très hautes instructions du chef de l’État données le 16 janvier 2008 ».
Convention pourtant dénoncée par aussi bien des techniciens du droit que des hommes de media qui.évoquent des tactiques subreptices employées par la bande à.M. Atou, espèces sonnantes et trébuchantes à la clé, pour l’échafauder et écarter les gêneurs.
Ces hommes sont aussi .accusés de manœuvres délictueuses visant à rouler dans la farine l’État, tout en refusant de collaborer aux enquêtes lancées par les responsables du pays en charge du patrimoine de l’État. On se souvient encore que, comme dénoncent certaines sources, une « commission de copains » venant du Premier ministère avait fait la descente sur le terrain à Douala pour, dit-on, rendre légitime illicitement le cabinet Atou il y a quelque temps.
Jusqu’où, on est en droit de se demander, iront les brigades mobiles de vérifications, lorsque plusieurs opérations visant à jeter de là lumière sur cette affaire ont fait chou blanc ? Toujours est-il que pour les Camerounais, toutes proportions gardées, la supercherie et l’imposture n’ont que trop duré dans le cadre de la gestion de ces actifs résiduels des ex-Oncpb et Regifercam. Affaire à suivre.