Affaire Balla: Dr Alban Tsagadigui explique la manière dont l'enquête doit être menée

Balla Décédé Dr Alban Tsagadigui est un médecin légiste à la retraite

Thu, 8 Jun 2017 Source: 237online.com

C’est officiel: Mgr Jean-Marie Benoît Bala, l’évêque du diocèse de Bafia (région du Centre) est mort dans des circonstances troubles à l’âge de 58 ans. Pour Jean Fils Ntamack, il s’agit d’une « mort suspecte ». Le procureur général près la Cour d’appel du Centre, a d’ailleurs rendu public un communiqué à cet effet le 02 juin dernier. Dans le document, il a précisé qu’une enquête judiciaire a été ouverte. Celle-ci est diligentée conjointement par la direction de la police judiciaire et le service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale. Les deux services seront placés sous l’autorité des procureurs de la République près les tribunaux de Bafia et de Monatélé, sous la supervision du procureur général près la Cour d’Appel du Centre.

Motivations

Même si Jean Fils Ntamack ne l’a pas dit ouvertement, on devine que relativement à ce drame, toutes les hypothèses doivent être explorées. «Car il s’agit d’une mort qui dérange. Et de fait, plusieurs éléments méritent une attention. A cela, une autopsie est absolument nécessaire», avise le Dr Alban Tsagadigui. Selon ce médecin légiste à la retraite, l’environnement en amont et aval du drame doit être étudié et noté. «Cela suppose que : les lieux, heures et circonstances de découverte du cadavre, traces de violence, présence de taches ou de traces (qu’il faudra noter, étudier, photographier et que des spécialistes prélèveront éventuellement). De même, les enquêteurs devront s’intéresser sur cinq parties particulières où des signes de violence doivent être systématiquement recherchés : le crâne et la face, le cou, la région génitale et les mains», énumère le praticien émérite. Et puisque la dépouille de Mgr Jean-Marie Benoît Bala a été retrouvée dans la Sanaga, ce spécialiste renseigne que l’eau sera prélevée dans le volume d’eau où la noyade est censée s’être déroulée. A l’en croire, il faudra aussi procéder à la datation de la mort du prélat. Elle peut être évaluée grâce à l’analyse rigoureuse des signes positifs de mort : température du cadavre, lividités, rigidités, traces de putréfaction compte tenu des enjeux judiciaires évidents. À l’issue de cette étape d’examen, il faut tenter de distinguer suicide d’homicide, et préciser les mécanismes possibles du décès.

Porté disparu dans la nuit du 30 au 31 mai 2017, l’on était sans nouvelle de Mgr Jean-Marie Benoît Bala. L’inquiétude va alors naître chez ses proches collaborateurs. Ce d’autant plus que la voiture (4×4 de marque Toyota de couleur blanche) avait été retrouvée sans son occupant mercredi 31 Mai 2017 sur le pont de l’Enfance (Sanaga), à Ebebda, à 90 kilomètres de la capitale. Dès le 31 mai 2017, des équipes de plongeurs (sapeurs-pompiers, armée marine et riverains) étaient à la recherche du disparu d’alors. Les premiers indices recueillis sur place avaient conduit les enquêteurs vers la piste d’un suicide par noyade. En effet, Mgr Jean-Marie Benoît Bala avait laissé un mot sur un papier portant l’entête du diocèse de Bafia où il avait écrit: «Je suis dans l’eau». Repéré à Tsang (près de Monatélé, en aval du cours de la Sanaga) par un jeune pêcheur malien, la dépouille du sermonnaire a été repêchée des eaux le 02 juin 2017 en mi-journée. Sur ordre des autorités, l’évêque mort a été transporté vers la morgue de l’hôpital général de Yaoundé.

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