Affaire Brenda Ngomsi et Aline Zomo Bem: 4 ans après

Brenda Ngomsi Et Aline Zomo Bem L'affaire Brenda Ngomsi et Aline Zomo Bem avait enflammé la toile en 2013 et divisé la diaspora.

Sat, 29 Jul 2017 Source: http://atelier.rfi.fr

Tout part d’une initiative malheureuse d’une jeune camerounaise vivant en France qui en aurait mare de voir l’image de son pays d’origine malmenée par le comportement dégradant de nombre de compatriotes femmes qui, que ce soit en France, en Suisse ou ailleurs, font du commerce de leur corps un véritable business.

En 2013, Brenda Ngomsi, puisqu’il s’agit d’elle, âgée de 21 ans, s’est peut-être sentie le devoir d’essayer de mettre fin à cette vie de débauche, mercantile et ainsi d’interpeller les unes et les autres sur les méfaits de cette activité libidineuse qui humilie le Cameroun à l’étranger. C’est ainsi qu’elle décida de faire usage des outils et moyens technologiques de son temps pour dire sa rancune contre ces vendeuses de sexe sans vergogne.

Et puisque personne ne semble s’occuper de la dignité de ce pays-là, jeté en pâture dans tous les milieux africains du fait justement de la prétendue gloutonnerie pécuniaire de nos « étalons » féminins et de leur activité « bas-ventrale » unanimement saluée comme particulièrement active et argent-chercheuse, elle se sentie investie du devoir d’interpeler ses mères et ses sœurs camerounaises sur les dangers d’une libido incontrôlée et ses répercussions sur l’image de notre cher et beau pays.



Résolue, elle va poster une vidéo sur Youtube où elle s’en prend à la légèreté comportementale des ses compatriotes avec virulence avant de designer ses cibles, Bassa et Bétis étant selon elle, les brebis galeuses de la république, coupables à ses yeux, d’exporter le plus grand nombre de prostituées hors des frontières nationales. Brenda dit voir en ces ethnies la cause de la déchéance du label Cameroun et ne veut surtout pas rester les bras croises, témoin impuissant de cette gourmandise éjaculatoire.

A peine mise en ligne que la vidéo s’est répandue comme une trainée de poudre, s’échangeant à la vitesse du son. En quelques jours, Brenda Ngomsi est devenue une véritable « icône » du net, sa vidéo ayant été vue par des milliers d’internautes. Si le but initial qu’elle s’était fixée était de faire ce que la communauté virtuelle appelle le buzz, l’objectif était atteint et grandement dépassé. Sur tous les réseaux sociaux où les camerounais se comptent par milliers, ladite vidéo était l’objet de toutes les conversations.

Zomo Bem sonne la risposte



Ce que l’infortunée n’avait certainement pas prévu, c’est que son initiative allait déclencher une véritable chasse à l’homme virtuelle mêlant intimidations, insultes et invectives. Les ethnies indexées se sentant injustement pointées du doigt, vont organiser la riposte avec les grands moyens. Aline Zomo Bem, humoriste originaire du sud et très courue sur la toile, va être l’une des premières à sonner la charge. Elle enregistre à son tour une vidéo où elle mène une attaque en règle non pas contre Brenda, mais sa maman en particulier et la communauté Bamiléké en général stipulant par exemple que la mère de Brenda serait responsable des égarements de sa fille.

Cette victime collatérale va se voir affubler de tous les noms d’oiseaux et va même être décrite comme une habituée du Bois de Boulogne, le célèbre gite parisien de tous les vendeurs et consommateurs de sexe. Les Bamilékés en général vont aussi en prendre pour leur grade, traités tour à tour de voleurs, de feymen, de prostituées et bien d’autres choses.



Le tableau de la confrontation était ainsi dressé : d’une part les Bétis et leurs acolytes Bassa unis dans ce même destin de prostitués que leur assène Brenda, et d’autre part Brenda et ses soutiens. Dans les deux cas, on retrouve toutes les diverses composantes de la société camerounaise avec des Bamilékés dénonçant vigoureusement l’initiative de Brenda, et des Bétis appelant à cesser l’escalade contre une adolescente dont l’initiative ne serait pas totalement mauvaise.

Dans cette vaste clameur incontrôlable, des voix se sont élevées pour calmer les esprits et réinstaurer la paix qui existe entre compatriotes camerounais dans tous les pays du monde et qui sont unis dans ce même destin d’immigrés venus d’Afrique, un statut pas toujours facile à trainer.



Brenda Récidive

N’ayant peut-être pas encore pris toute la mesure du drame qu’elle venait de susciter, Brenda va remettre ca. Cette fois, elle poste une vidéo où elle s’engouffre tel un train à vive allure dans sa logique de stigmatisation, envoyant au passage balader tous ceux qui se sont offusqués de ses propos. Le peu de sympathie dont elle bénéficiait va s’étioler au fur et à mesure que le nombre de ses détracteurs va aller grandissant. Des menaces physiques vont être proférées et le calme dont jouissait cette adolescence dans sa vie avant cette affaire va certainement à jamais être affectée.

Les Excuses

Brenda Ngomsi est ainsi devenue en une semaine l’objet de toutes les conversations virtuelles de la communauté camerounaise sur la toile et cette célébrité nauséabonde lui a certainement soufflé ce geste peut-être salutaire, celui de retirer toutes les vidéos polémiques et de publier une nouvelle où elle s’excuse pour son initiative malheureuse.



La joute continue cependant mais va régressant. Au final une communauté camerounaise qui a vu resurgir les vieux démons du tribalisme et de l’intolérance car certaines des insultes proférées laissent bien songeur et nous indiquent que pour si peu les camerounais pourraient s’entretuer.

Source: http://atelier.rfi.fr