Affaire Bryan Fombor : un accusé meurt à la prison de Kondengui

Bryan Fombor

Thu, 23 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

• Bryan Fombor est un jeune Camerounais froidement assassiné à Yaoundé en juin 2020

• Plusieurs suspects ont été arrêtés et écroués à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé

• L'un des suspects a rendu l'âme en prison dans ses conditions opaques



Détenu à la prison centrale de Yaoundé Kondengui en juin 2020, Salomon Hamada a échappé de justesse au procès et aux lourdes peines qu’il pouvait encourir devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi (TGI) dans l’affaire relative à l’assassinat de Boris Bryan Formbor Fabo. Ce dernier est décédé en prison le 15 février 2021, juste un an après son incarcération, nous renseigne le journal Kalara.

L’annonce de son décès, dont les causes n’ont pas été révélées, a été faite à l’ouverture des débats par le représentant du parquet à l’audience du 14 juin 2022. Désormais, les débats qui ont démarré avec la phase de l’accusation, vont se poursuivre sans lui, mais avec les autres accusés, parmi lesquels Catherine Ivana Obama Essomba présentée par l’accusation comme étant une ancienne copine du défunt et actrice principale de l’assassinat de ce dernier.

Lors de sa déposition avant son décès, Salomon Hamada aurait soutenu que le soir des faits, en voyant un véhicule sortir du sous-quartier et trainant une motocyclette qu’il avait identifiée comme celle de Agladala André, il avait immédiatement emprunté une motocyclette qui passait pour poursuivre ladite voiture. A son arrivée au lieu du crime, il aurait remarqué la présence de plusieurs conducteurs de moto et un attroupement autour de Mme Obama Essomba Yvana et que pendant qu’il essayait de s’assurer s’il s’agissait de la moto de André Agladala, Djingui Djamo lui avait dit que le corps inerte de Boris Bryan Formbor Fabo se trouvait à proximité.

André Agladala est, pour sa part, déclaré sans profession alors que M. Djingui Djamo est boucher. Ils sont jugés aux côtés de Maxime Nailengari, vigile, Patrick Nde Mouaffo, mécanicien, Gustave Martial Mbida, mototaximan, et Armel Amborira, commerçant. Les mis en cause sont poursuivis pour avoir, d’après l’accusation, commis ensemble et avec préméditation, le meurtre de Boris Bryan Formbor Fabo dans la nuit du 4 au 5 juin 2020 au lieudit Texaco-Omnisport à Yaoundé. Devant la barre, tous les accusés ont nié les faits.

Ces faits ont finalement été présentés au tribunal le mardi 14 juin 2022 par le représentant du parquet, en l’absence des trois témoins pour lesquels il avait pourtant sollicité un report de l’affaire lors de la précédente audience. Le ministère public explique lesdits témoins, qui sont des fonctionnaires de police, n’ont pas pu obtenir l’autorisation de la hiérarchie leur permettant de témoigner dans le cadre de cette affaire. C’est la raison pour laquelle le magistrat du parquet s’est uniquement appuyé dans son exposé sur le procès-verbal de l’enquête préliminaire menée par les éléments de la Division régionale de la police judiciaire (Drpj) du Centre et l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.

En ce qui concerne Catherine Ivana Obama Essomba, elle avait déclaré avoir reçu dans la nuit du forfait, après 23h30 mn à son domicile au quartier Titi garage, la visite de Boris Bryan Formbor Fabo, son ancien amant qu’elle qualifie de très pervers. Il serait venu demander à sa copine un prêt d’argent. Arrivé à bord de son véhicule, il avait garé sur le trottoir et n’en n’était pas sorti. L’y ayant rejoint, et pendant que les deux amants discutaient, deux malfrats descendus d’une motocyclette se seraient dirigés vers eux. Pris de panique, le regretté Boris Bryan Formbor Fabo aurait démarré son véhicule à toute vitesse heurtant à son passage ladite motocyclette qui s’était encastrée dans le parechoc avant du véhicule lequel l’a traîné jusqu’à Texaco Omnisport où le disparu avait été froidement poignardé par les deux moto-taximen qui le suivaient. Catherine Ivana Obama Essomba avait également raconté, poursuit le parquet, que l’une des personnes présente sur le lieu du crime, prise de charité, l’avait ramenée à son domicile, la mettant ainsi hors du danger.

Dans la nuit du 4 au 5 juin 2020 au quartier Omnisport à Yaoundé au lieudit Texaco, dit le représentant du ministère public, Boris Bryan Formbor Fabo a été brutalement assassiné à l’aide d’un poignard par des malfrats qui ont aussitôt pris la fuite, abandonnant son corps gisant sur une mare de sang. Il a ajouté que le téléphone portable du défunt est introuvable jusqu’à ce jour et que le rapport médico-légal a conclu, d’après lui, que le décès de la victime était dû à un traumatisme thoracique provoqué par l’utilisation d’une arme blanche. L’enquête ouverte et diligentée par la Drpj du Centre, dit-il, a permis d’appréhender comme co-auteure dudit crime, Catherine Ivana Obama Essomba, «concubine du disparu». Cette dernière disait avoir été en compagnie de son amant assassiné et qu’elle-même avait été victime de la même agression. Le représentant du ministère public a précisé que les incohérences dans les déclarations de l’accusée ont alimenté et continue d’alimenter la suspicion dans cette affaire.

Dans son analyse des faits querellés, le représentant du parquet a soutenu que Catherine Ivana Obama Essomba veut tirer avantage du fait que son amant décédé est réduit au silence en faisant passer de nombreuses élucubrations. Sauf qu’elle est contredite par la réalité des faits, selon le ministère public qui établit une connivence entre cette dernière et ses coaccusés qui l’ont aidé à la commission du crime. «Les tissus de mensonges et les contradictions entretenues par l’accusée autour des faits démontrent à suffire sa volonté d’empêcher la manifestation de la vérité, notamment les conditions réelles de l’assassinat de Boris Bryan Formbor Fabo dont elle a été l’actrice principale. Elle a bel et bien pris une part active à la réalisation du crime déploré», a conclu le ministère public.

Seulement, le représentant n’a pas pu faire admettre les objets qui lui servaient des éléments au soutien de l’accusation pour avoir été vivement critiqué par les avocats de la défense qui estimaient que ces éléments étaient muets et n’étaient pas authentifiés notamment par l’Agence nationale des Télécommunications de l’Information et de la Communication (Antic), organe compétent en la matière. Il s’agit le téléphone de Catherine Ivana Obama Essomba saisi, les listings des appels téléphoniques, les CD et la clé USB disposant les images filmées au lieu du crime par la caméra de surveillance de la police installée dans la zone des faits.

Le parquet a sollicité et obtenu un report de l’affaire pour le 12 juillet 2022, le temps de lui permettre de mettre ses éléments au soutien de l’accusation dans la forme régulière. Il annonce qu’à la prochaine audience, certaines images seront projetées pour confondre les accusés.

Source: www.camerounweb.com