Affaire Dzongang : Un cadre de la présidence à Kondengui

Etoudi Palace Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Mon, 2 Nov 2015 Source: Mutations

En service à la Direction du courrier présidentiel, il est accusé d’avoir fait fuiter des notes administratives destinées au chef de l’Etat. Il s’appelle Serge Atangana. La quarantaine entamée, des proches décrivent ce cadre en service à la Direction du courrier présidentiel comme un « homme sans histoire ». Courant juillet, celui qui est présenté comme le fils de Mgr François-Xavier Amara, ancien curé et ancien administrateur diocésain de la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, croupit à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.

Il est accusé d’avoir divulgué des notes administratives faisant état des contacts entre le Rdpc et Albert Dzongang (président de La dynamique), « pour faire face efficacement au vide créé à Douala par le décès de la présidente Foning Françoise ». Des documents signés de Jean Nkueté (Sg du comité central du Rdpc) et Peter Agbor Tabi (Sga de la Présidence) destinés à la sanction du président de la République.

Tout commence au début du mois d’août 2015 lorsqu’une radio de la capitale, puis les réseaux sociaux sont inondés des deux « notes confidentielles» soumises à l’attention de Paul Biya par Jean Nkueté et Peter Agbor Tabi. La présidence de la République est en ébullition suite à cette grossière fuite, qui démontre au grand jour la légèreté avec laquelle les affaires de l’Etat sont gérées. Le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, sur instruction du chef de l’Etat, veut savoir ce qui s’est passé pour que de telles informations se retrouvent sur la place publique. Il confie l’enquête à la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp).

Pendant plus d’un mois, des éléments de Ivo Desancio Yenwo procèdent à des auditions individuelles et groupées du personnel de la Direction du courrier présidentiel. De la directrice au plus petit agent, une vingtaine de personnes sont entendues. La taupe n’est pas débusquée. Ferdinand Ngoh Ngoh ne baisse pas pour autant les bras. La présidence saisit Camtel pour que cette entreprise publique mette à sa disposition le listing de toutes les communications du personnel de la Direction du courrier présidentiel, durant la période considérée. C’est alors que le pot-aux-roses est découvert.

La Dsp met la main sur Serge Atangana un matin, alors que ce dernier ne se doutait de rien, et le fait garder au secret, au secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Quelques jours plus tard, l’employé de la Présidence est déféré à la prison de Kondengui. Après la mise en détention préventive d’ « Atango », ainsi qu’on l’appelle affectueusement, un redéploiement du personnel, « de grande ampleur », va s’opérer au sein de la Direction du courrier présidentiel. Objectif : éviter les fuites d’information.

En rappel, dans les notes confidentielles susmentionnées, Jean Nkueté plaidait pour le retour d’Albert Dzongang au sein du Rdpc, pour remplacer la défunte François Foning, tandis que Peter Agbor Tabi s’y opposait fermement. Ce dernier penchait plutôt pour concertations afin de trouver le remplaçant de Françoise Foning, « en liaison avec les autorités administratives ». Sur une liste de trois personnes soumises au chef de l’Etat, le nom de Gustave Ebanda est plébiscité. Le 6 août 2015, l’ex-premier adjoint au maire remplace Françoise Foning à la tête de la mairie de Douala V.

Source: Mutations