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Affaire Fombor: de nouveau témoins très accablants pour Amougou Belinga et Ivana Essomba

Bruno Bidjang, Ivana Essomba et Amougou Belinga

Mon, 27 Mar 2023 Source: Confidentiel N°171

Le procès du 29 mars 2023 est très attendu. Parce que celui du 20 février dernier a permis de se rendre compte que certains coaccusés entretenaient des relations suspectes qui auraient pu faciliter la mise sur pied d’un plan macabre qui a conduit à l’assassinat du jeune Bryan Boris Formbor. Des coïncidences qui ont contribué à créer un vent de panique dans le camp des accusés.

Depuis le procès du 20 février dernier, une gesticulation puérile s’est saisie de la toile pour tenter de disculper Ivana Essomba. Ces adeptes des reseaux sociaux sont allés jusqu’à arguer que le ministère public n’a pas pu apporter des éléments de preuves qui justifient ses accusations. Dans une sortie qui tient lieu d’article et signé par une certaine Audrey Ngono, on a pu lire que l’audition des coaccusés de Ivana Essomba n’a révélé aucun élément matériel justifiant une quelconque coaction. Ce qui est aux antipodes de la réalité des faits. Parce qu’on se souvient en effet ce jour-là que le trio de la collégialité mené par le président le magistrat Kana n’a pas perdu du temps.

Après le rappel des faits relatifs aux raisons du renvoi et aux observations du procureur, le premier des co-accusés, André Agladala, le fameux propriétaire de la moto qui aurait été percutée et trainée par la voiture du supplicié est monté au créneau. Pendant plus de deux heures d’horloge, il a fait passer un sale temps à l’ensemble du corps judiciaire, incapable de comprendre la teneur des questions portées à son attention.

TEMOIGNAGES

Le président de la collégialité a dû fort heureusement voler à son secours en demandant aux uns et aux autres de tenir compte de son confort intellectuel. Ce qui sera d’ailleurs fait. Et pour faire court, soulignons que André Agladala a argué que ce fameux jour du 04 juin 2020, il travaillait comme d’habitude au carrefour Clinique Sender.

« J’étais avec les autres et j’attendais un client. C’est ainsi que je serai interpellé par Maxim Nailengarti qui m’a demandé de le laisser en bas, vers le lac moyennant une pièce de 100 Fcfa. Il est monté et je suis allé le laisser. Quand je suis arrivé au niveau du premier dos d’âne, il est descendu de la moto et est entré chez lui. Mais au moment où j’étais en train de manœuvrer pour partir, une voiture qui était garée au bord de la route dans un parking a démarré en trompe et a percuté ma moto en la traînant. J’ai dû sauter pour éviter d’être écrasé. J’ai essayé de la rattraper au niveau du dos d’âne parce qu’elle avait quelque peu buté à ce niveau, mais elle a réussi à s’en aller. C’est ainsi que j’ai commencé à crier ‘ma moto, ma moto…’. Le vigile que je venais de laisser m’a retrouvé et nous sommes montés en marchant tous les deux pour aller chercher ma moto. Arrivés au carrefour, nous avons stoppé une moto pour aller à sa poursuite, en criant ‘ma moto, ma moto…’. Mais avant le carrefour Texaco Omnisport, nous avons croisé Djingui Djamo qui m’a dit que ça ne servait plus à rien de continuer parce que le propriétaire du véhicule venait d’être assassiné par des inconnus. C’est ainsi que le gars de la moto a tourné et nous sommes repartis...» a-t-il dit à la Cour.

A la question du président de la collégialité à savoir pourquoi il avait rebroussé chemin alors qu’il cherchait à récupérer sa moto plus tôt ? Il arguera que c’est parce qu’il avait peur qu’on l’implique dans cette affaire d’assassinat. La même version des faits, à quelques exceptions près, sera présentée par le nommé Djamo Djingui, présenté au tribunal comme un boucher. Selon lui, c’est le tenancier d’un kiosque en face du carrefour entrée Clinique Sender, un infirme, qui lui a dit que la voiture qui venait de sortir en trompe traînait la moto de son frère.

« Quand il me l’a dit, j’ai pris ma moto et je suis descendu vers le lac. A un niveau j’ai entendu la voix de André et quand je l’ai vu arriver, j’ai tourné la moto et je suis revenu au carrefour. J’ai attendu quelques 03 minutes, avant de me lancer à la poursuite de la voiture, le temps de finir avec quelques clients qui étaient venus acheter la viande. Je me suis d’abord arrêté au commissariat, mais il était fermé. J’ai continué au carrefour Texaco Omnisport. C’est là-bas que j’ai entendu Salomon qui était en train de crier ‘c’est la moto de mon frère’. Je me suis rapproché de la voiture, je t’ai tapoté à l’épaule en lui demandant ce qu’il faisait là et où était le propriétaire du véhicule, il m’a dit que le voilà là bas, mais il est mort. Je suis donc parti de là l’abandonnant sur les lieux. C’est sur le chemin de retour que j’ai croisé André Agladala et Maxim Nailengarti sur la moto. Je les ai interpelés en leur disant que c’est gâté, le propriétaire de la voiture était mort. Ils ont tourné la moto et m’ont suivi. C’est tout. »

Répondant à la question des juges de la collégialité sur le pourquoi il ne s’est pas rendu au niveau du supplicié pour s’enquérir de son état, il dira aussi qu’il avait peur et que ce n’était pas son problème, parce qu’il ne connaissait pas la personne qui venait d’être assassinée. Pourtant lors des enquêtes, selon nos sources, il avait argué que c’est André qui l’avait appelé au téléphone pour lui faire part de la situation. Un détail qu’il a semblé oublier. Maxim Nailengarti, le vigile qui lors des enquêtes préliminaires avait souligné avec véhémence qu’il ne sait pas ce qui s’était passé une fois arrivé chez lui ce fameux jour, s’est rétracté à la surprise générale. Il est revenu sur sa déposition, prétextant qu’il avait été contraint de mentir pour sauver sa tête. Qu’est-ce qui a changé entre temps en 2 ans 7 mois ? Est-il finalement revenu à la raison ? Une chose est sûre, il a tenu les mêmes propos que André Agladala à la virgule près, en arguant qu’une fois retourné au carrefour, il est rentré dormir. Une préoccupation reste tout de même. Quel crédit peut-on accorder à quelqu’un qui dit une chose et son contraire ? Surtout qu’au cours de sa déposition devant le parquet, il a martelé avec force et conviction qu’il ne connaissait pas les différents coaccusés qu’il n’a rencontré qu’au cours de la phase d’enquêtes

COÏNCIDENCES FACHEUSES

De ces trois témoignages, il ressort une constance. Contrairement à ce qu’ils disent, nos informations laissent transparaître qu’ils se connaissent très bien. Selon des sources proches de ce dossier, André Agladala, Djamo Djingui et Salomon Hamada vivaient tous dans le même immeuble. L’un d’eux, André pour le nommer était, selon ses dires, vendeur de viande le matin jusqu’aux alentours de 16 heures et dans la soirée il se livrait à l’activité de conducteur de mototaxi.

Djingui était boucher et vendeur de viande dans plusieurs coins de la ville de Yaoundé et après s’être livré à cette activité toute la journée, il préparait une partie qu’il donnait à vendre auprès de quelques jeunes et sortait peu après minuit pour prêter main forte à ses revendeurs qui étaient parfois sujets aux agressions dans la rue à ces heures avancées de la nuit. Mais curieusement, au lieu de se trouver ailleurs comme à Essos, il s’est retrouvé au carrefour Clinique Sender comme par hasard.

Tout comme Salomon qui s’occupait avant son décès à la prison de Kondengui et au moment des faits, de l’entretien au Camp Sic, où travaillait comme par hasard également Maxim Nailengarti, le voisin direct de Ivana Essomba Obama, désormais épouse Bidjang. C’est justement ce Salomon qui n’avait rien à faire là ce jour et à cette heure de la nuit qui s’est retrouvé, selon les dires de Djamo Djingui, en train de tenter d’enlever la moto sous la voiture de feu Bryan Boris Formbor. Pourtant, il n’avait aucun moyen de transport personnel comme les autres.

A en croire ses dépositions à la phase des enquêtes d’après nos sources, il avait demandé à une moto qui était de passage de l’aider à poursuivre la voiture qui était en train de traîner la moto de son frère. Autre chose qu’il convient de relever à cette phase de la procédure est que les 03 coaccusés de Ivana Essomba connaissaient très bien Maxim Nailengarti, pour la simple raison qu’ils ont avoué auprès des enquêteurs que c’est au Camp Sic qu’il se ravitaillaient en eau potable. Et c’est bel et bien là-bas qu’ils connaissaient Maxim Nailengarti, le voisin direct de Ivana Essomba qu’elle dit ne pas connaître.

Pourtant, au cours de l’enquête, le gardien de cette dernière l’avait formellement identifié comme se surnommant « Commando ». Tout, au propre comme au figuré, laisse ressortir à cette phase de la procédure que 05 des 08 coaccusés auraient eu des liens supposés ou réels au moment de cet assassinat crapuleux.

En attendant l’audition des 03 derniers accusés le 29 mars prochain, des voix se lèvent pour demander que toute la vérité soit faite autour de cette affaire. Surtout que nous avons appris que la phase des plaidoiries s’annonce très palpitantes au regard des éléments du dossier qui n’ont pas été soulevés jusqu’ici par Me Mbem, l’avocat des ayants droit de la famille Formbor et le ministère public.

Source: Confidentiel N°171