Affaire Ibrahim Bello: un complot contre la police?

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Fri, 31 Mar 2017 Source: L'Equation

Pris en flagrant délit de vol d’une voiture, Ibrahim Bello a été victime d’une vindicte populaire et conduit ensuite au commissariat d’Ombessa. Et du coup, la police a été accusée d’actes de torture. Chronique d’une manipulation et d’un acharnement contre la police camerounaise.

L’affaire Ibrahim Bello est au centre de toutes les conversations depuis quelques  jours. A l’origine de cette nouvelle chronique, un fait qui se déroule le dimanche 5 février 2017 à Ombessa dans le Mbam-et-Inoubou, région du Centre. Le nommé Ibrahim Bello, 17 ans et sans emploi, est pris en flagrant délit de tentative de vol d’un véhicule de marque Toyota Carina E. La voiture appartient à un avocat, Me Fomadjou Fotazong Serge Adolphe.

Du coup, il est soumis aux pires sévices de la justice populaire, les populations l’ayant jugé rapidement et exécuté la sentence. Il n’a la vie sauve que grâce au propriétaire de la voiture qui, éploré face à la barbarie dont est victime Ibrahim Bello, appelle un policier de passage à la rescousse. C’est sur ces entrefaites que ce jeune homme est tiré des griffes des populations et conduit au commissariat d’Ombessa.

Le lundi 6 février 2017, le commissariat d’Ombessa  découvre des troubles du comportement chez Ibrahim Bello. Le même jour, le plaignant, Me Fomadjou Fotazong Serge Adolphe, retire sa plainte au motif que Ibrahim Bello, au regard de sa grande indigence et de son état de santé mental auquel s’ajoutent ses blessures, n’a pas les moyens de sa défense. Le lendemain matin, le mardi 7 février 2017, conformément au vœu du plaignant, le mis en cause est remis en liberté.

Justice Populaire

Une semaine après, l’intéressé, au regard de la gravité de ses blessures, est conduit à l’hôpital d’Ombessa. Des blessures qui ne sont rien d’autre que les conséquences de la vindicte populaire qu’il a subie. Et sur ce plan, certaines sources à Ombessa ne manquent pas de révéler que de l’acide a été versée sur les membres inférieurs de ce jeune homme. Une information que pourraient bien conforter ces images choquantes qui ont été mises en circulation dans les réseaux sociaux. On voyait ainsi la victime sur une civière, les os des jambes dénudés.

Alors qu’au cours de l’audience de rentrée de la Cour Suprême du Cameroun le mardi 22 février 2017, le premier président de cette haute juridiction, Daniel Mekobe Sone, rappelait encore l’incompatibilité de la justice populaire avec les exigences d’un Etat de droit, certains détracteurs, dans une véritable posture de procureur contre la cause de la police camerounaise, préfère ne faire aucun cas des exactions commises par les populations sur Ibrahim Bello, dans une situation dans laquelle le commissariat d’Ombessa n’a aucune responsabilité de violence.

Dans cette affaire, le seul et unique crime des policiers du commissariat d’Ombessa aura-t-il alors été de sauver Ibrahim Bello des griffes des populations ? La justice privée, cette dérive intolérable dans un Etat de droit, qui est souvent à l’origine des crimes inacceptables, n’a jamais été, semble-t-il, très édifiant pour émouvoir ces procureurs d’un nouveau genre qui, au contraire, poursuivent, en l’accentuant, leur manipulation et leur acharnement contre la police camerounaise qui est pourtant tenue d’assurer la sécurité des personnes et des biens.

Droits de l'Homme

La police camerounaise n’a jamais fait mystère de ce que la lutte contre la violation des droits de l’Homme dans les commissariats constitue une de ses préoccupations majeures. A cet effet, Martin Mbarga Nguélé, depuis sa nomination comme délégué général à la Sûreté nationale le 31 août 2010 par le Président de la République, s’est distingué par des réformes exceptionnelles au sein dudit corps.

Dans les années antérieures à 2010, la police camerounaise est profondément gangrenée par l’esprit de corruption et les dérives de toutes natures. La présence d’un homme en tenue constituait plutôt le début des tracasseries de toutes sortes. C’est que la police camerounaise avait fini par revendiquer, et avec aplomb, une image répressive et corrompue formatée depuis l’école de formation. Comme une force d’occupation, elle arnaquait, mendiait, intimidait publiquement, se pavanait dans la rue avec ses armes et insignes. Pays hospitalier par essence, le Cameroun donnait l’impression d’un territoire au bord de l’implosion où la force de sécurité, L’Oeil inquisiteur, accueille le visiteur avec des armes menaçantes et non la fleur au fusil. Martin Mbarga Ngué s’est par exemple engagé à promouvoir les droits de l’Homme, en assainissant les pratiques dans les commissariats à travers la République, les contrevenants étant sévèrement sanctionnés. La mise en valeur de ce volet a sonné le glas de la police répressive, ouvrant directement les portes à une police citoyenne tournée vers l’éducation des populations. Finis donc, les traitements inhumains observés au quotidien dans les services de police.

Transparence

A preuve, dans le cadre de l’affaire Ibrahim Bello, le délégué général à la Sûreté nationale a prescrit deux enquêtes approfondies qui sont actuellement en cours. L’une est menée par la Division spéciale des contrôles de service sur les conditions de la garde à vue d’Ibrahim Bello pour établir les responsabilités de la police. Une source proche du dossier à la Délégation générale à la sûreté nationale affirme d’ailleurs que le patron de la police, Martin Mbarga Nguélé, ne fera pas de cadeaux aux auteurs s’il s’avère qu’il y a effectivement eu torture au commissariat d’Ombessa. L’autre enquête est diligentée par la direction régionale de la Police judiciaire pour le Centre pour rechercher les auteurs de la vindicte populaire dont aurait été victime Ibrahim Bello.  

Manipulation

Au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, qui s’intéresse subitement, chose curieuse, à la Délégation générale à la Sûreté Nationale dans le sens de n’y trouver que matière à invectiver, à dégrader, à calomnier et à saboter, il est important de souligner avec force que la conscience professionnelle est enfin de retour au sein de la police camerounaise. En tout cas, plus qu’hier, cette police, dans un environnement difficile, complexifié par les mutations socio-politiques, abat de plus en plus un travail remarquable.

Un constat est indéniable : ces dernières années, les flics camerounais sont devenus courtois et serviables. Surtout ceux exerçant dans les grandes agglomérations, désormais voués qu’ils sont aux patrouilles nocturnes, à la facilitation de la circulation routière et à une présence dissuasive dans les lieux publics. Du coup, l’on (re)découvre un corps presque sympathique, à visage humain, citoyen. Les Camerounais retrouvent cette police citoyenne qui n’aurait jamais dû cesser de l’être. Il y a comme un retour de la courtoisie et de la confiance.

Modernisation

Le Délégué général à la Sûreté Nationale s’est grandement attelé à la modernisation de la police camerounaise et à l’amélioration de la performance de ses services par le renforcement de ses capacités d’administration, de ses capacités opérationnelles et le professionnalisme des policiers. D’où la création d’un réseau de transmission de données entre les délégations régionales et la Délégation générale à la Sûreté Nationale, l’appui à la division spéciale de contrôle des services pour renforcer la lutte contre la corruption, l’appui à la sécurité publique générale pour consolider la police de proximité et enfin l’appui à la formation.

Pour Martin Mbarga Nguélé, la police camerounaise doit être dotée, à terme, d’outils lui permettant d’assurer la formation et la gestion prévisionnelle de ses effectifs, et un suivi statistique de délinquance et enfin de mieux remplir les missions qui lui sont dévolues sur le terrain. "Nous œuvrons à moderniser le corps de la police camerounaise dans tous les domaines dans le but de renforcer l’Etat de droit", a estimé le premier responsable de la DGSN dans une déclaration à la presse en marge de la dernière réunion des responsables des services centraux et extérieurs de la Délégation générale à la Sûreté Nationale (DGSN) tenue à Yaoundé.

Martin Mbarga Nguélé a ajouté que le corps de la Sûreté nationale veille au respect des lois et leur application conformément aux exigences et principes des droits de l’Homme. Non sans relever que la DGSN œuvre continuellement à s’adapter avec le système judiciaire national, notamment avec les amendements introduits dans le nouveau Code pénal. Par ailleurs, le même responsable a souligné "l’importance d’être à l’écoute des préoccupations des citoyens liées à leur sécurité et à celle de  leurs biens pour mieux les prendre en charge".

Il a appelé au renforcement du rôle de la police de proximité et à une ouverture de plus en plus grande sur la société civile. La police camerounaise est un corps jeune, qui ne vient que de franchir le cinquantenaire de son existence. Elle est donc en train de se bâtir, grâce à ce qu’elle compte de plus cher, à savoir le loyalisme, le dévouement, la paix, l’unité, la solidarité et la concorde. Aux uns et aux autres de soutenir et encourager lesdites valeurs. C’est un devoir de  responsabilité sociale et de redevance citoyenne.

Source: L'Equation