C’est sans doute l’actualité du Cameroun la plus commentée depuis 48 heures. Elle est quelque peu venue éclipser le débat sur le projet de Code pénal récemment adopté au Parlement et en attente de promulgation. La remise totale de la peine accordée par Paul Biya le 4 juillet 2016, à Me Lydienne Eyoum. Détenue depuis 2010, l’avocate française d’origine camerounaise avait été condamnée en 2014 pour détournement de fonds publics à hauteur d’un milliard 700 millions de FCFA.
Le décret du Président de la République a largement été commenté par la presse locale et internationale qui en a fait ses choux gras. Pour le poste national de la CRTV, la radio d’État, il s’agit d’un acte normal encadré par la loi fondamentale du Cameroun. «Cette action est encadrée juridiquement par la Constitution en son article 8, paragraphe 7. Le Président de la République a le droit de le faire. Cela n’est pas nouveau, des mesures similaires ayant été appliquées à d’autres à l’instar de Titus Edzoa et de Michel Thierry Atangana», a indiqué la radio nationale dans une chronique au journal de 13 heures.
Cette chronique sonne comme une réponse aux commentaires d’une grande partie de la presse qui estime que Paul Biya a cédé aux pressions diplomatiques. Pour RFI (Radio France Internationale), il s’agit «victoire diplomatique de la France». Le média français soutient que la libération de Me Eyoum «est le fruit d'une longue négociation diplomatique Paris-Yaoundé, notamment depuis un an». C’est l’avis de Le Monde, un autre journal français. La Nouvelle Expression et Jeune Afrique ajoutent les pressions des Nations Unies à travers le Groupe de travail sur les Droits de l’Homme.
Peu importe, Lydienne Eyoum respire l’air de la liberté après 6 ans derrière les barreaux. Son camp se réjouit, mais n’est pas totalement satisfait. Dans l’édition de Le Jour en kiosque le 5 juillet, Me Yondo Black, un de ses conseils, déclare: «La décision du Chef de l’État n’est pas totalement satisfaisante. Nous avons sollicité une grâce amnistiante. Le Président Paul Biya nous a accordé une remise totale la peine restante à purger. C’est comme quelqu’un qu’on libère pour bon comportement en prison. On continue donc de la (Lydienne Eyoum) considérer comme quelqu’un qui a détourné les deniers publics. C’est une injustice. Yen Eyoum n’a commis aucune infraction dans cette affaire. Je me battrai jusqu’au bout pour le démontrer».
La preuve que cette affaire est loin d’être classée.