Alphonse Anicet Awoa Foé accuse les autorités d’avoir monté une cabale contre cette structure et d’y avoir organisé un braquage qui lui a fait perdre plusieurs milliards Fcfa rapporte le quotidien Mutations.
Dans un quartier huppé de Yaoundé, Alphonse Anicet Awoa Foé, que le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary a dit être en cavale dans une communication gouvernementale, est libre de ses mouvements. Dans sa résidence, le commandant en second de la Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique (Mida) accueille ce dimanche soir, 24 juin, une équipe d’hommes de médias pour dire sa part de vérité dans ce qui s’appelle depuis un certain temps au Cameroun « L’affaire Mida ».
La voix chevrotante, signe qu’il n’est pas totalement serein, il dit n’avoir jamais compris la véritable raison de la fermeture de cette structure qui avait fonctionné normalement jusqu’en mars 2018, et qui en était à la huitième vague de paiement de ses souscripteurs. « Des personnes mal intentionnées et qui avaient planifié leur hold-up ont utilisé le fait que certains noms d’hommes politiques ressortaient dans nos déclarations pour soutenir que nous avions un agenda caché », assène-t-il d’entrée de jeu de son propos.
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Alphonse Anicet Awoa Foé répond ainsi à ceux qui prêtent l’intention à son organisation de vouloir déstabiliser le Cameroun. Mais au fond, il semble comprendre qu’ « à chaque fois qu’on est à une période pré-électorale, on a peur de certains montants à la disponibilité des particuliers ».
Il accuse en effet les autorités, notamment le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila et son état-major, d’avoir illégalement ordonné des perquisitions au siège de la Mida à Ahala, opérations au cours desquelles des hommes en tenue y auraient « volé » d’importantes sommes d’argent. « Si les différentes unités de la police et de la gendarmerie qui avaient été déployées dans notre base, insiste-t-il, n’avaient pas volé l’argent, et si on nous avait autorisés à payer, on n’en serait pas là […] Ce qui dérange le plus et qui nous empêche de dormir aujourd’hui, c’est la situation des souscripteurs. Plusieurs d’entre eux se sont endettés et ils subissent le courroux de leurs créanciers.
Or, au départ de cette affaire, nous n’avons pas arrêté d’insister sur le fait que les autorités devaient nous permettre de payer les séminaristes. Et s’il y avait la preuve par la suite que la Mida était une escroquerie, nous serions d’accord que l’on nous ferme. Ça n’influencerait même pas les activités de notre institution qui a plusieurs structures fonctionnelles depuis des années ! Pourquoi les gens ont-ils refusé cela ? Aujourd’hui, c’est des centaines de milliers de Camerounais qui souffrent ».
Complot
Awoa Foé insiste : « La Mida ne fonctionne pas parce que des personnes ont décidé de mettre un terme à nos activités, pas parce que nous aurions planifié un quelconque changement de régime ». Il soupçonne l’Etat de s’être s’arrangé « à affamer les séminaristes afin qu’ils se retournent contre l’administration de la Mida.
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Ils veulent que les séminaristes se mettent plutôt en colère contre nous, comme si c’est nous qui avons fait qu’ils n’aient pas accès à leur argent ». A la vérité, « vous ne pouvez pas dire à quelqu’un qu’on est en train d’abuser de lui ; l’arnaqueur présumé vous dit non, j’ai la possibilité de le payer, ainsi que le prévoit le contrat qui nous lie, vous l’empêchez de le faire. Les autorités ne peuvent pas utiliser mon matériel alors que c’est moi émets les reçus, c’est moi qui connais les codes, c’est moi qui sais comment j’ai mis en place le système de paiement, etc.
Nous avons demandé trois jours aux autorités pour payer nos souscripteurs et après, les aurions laissés mener leurs investigations. Il y a des gens qui ont une intelligence satanique dans ce pays […] S’ils ont l’habitude de prendre l’argent de l’Etat, ça les regarde ; l’argent de la Mida n’est pas leur argent. Peut-être ils se sont trompés de caisse », fulmine le commandant en second de la Mida.
Qui promet : « au nom de mon administration, je dis qu’ils vont remettre cet argent jusqu’au dernier centime. Vous savez, une minorité de l’opinion dit aujourd’hui que nous sommes de connivence avec l’Etat pour soustraire l’argent des séminaristes. Il faut que tout le monde le sache, nous ne sommes ni de loin, ni de près en complicité avec les gens qui ont volé cet argent ». Selon Alphonse Anicet Awoa Foé, plus de 400.000 personnes dépendaient de la Mida.
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« Nos membres ont une certaine discipline de rang (on obéit aux ordres, on respecte la hiérarchie, etc.) ; ce sont des dispositions qui vous permettent d’avancer. Et voilà pourquoi d’aucuns ont estimé que nous faisions la formation militaire. En gros, nous avions non seulement la force du nombre, nous avions une certaine classe de personnes assez disciplinées, et nous avions la force financière. Nous n’avons pas un calendrier caché, nous avons plutôt voulu accompagner le gouvernement », explique-t-il.
Hautes personnalités
Depuis le déclenchement de l’affaire Mida, des barons en disgrâce ont été soupçonnés d’être les véritables propriétaires de cette structure. « Il y a de hautes personnalités qui nous ont accompagnés et qui continuent même de nous soutenir, mais pas à des fins politiques comme d’aucuns essaient de le faire croire. En effet, il y a des gens qui veulent travestir ces relations-là en estimant qu’il y a un agenda caché. Des personnalités nous ont même félicités pour l’initiative et nous ont soutenus en qualité de sympathisants. Vous savez, il y a des gens qui ne voient la Mida que sous l’aspect du jeu de piste qui a fait gagner beaucoup d’argent à beaucoup de souscripteurs, mais notre structure avait plus de 300 personnes qui y travaillaient à plein temps depuis des années.
Et c’était des jeunes diplômés qui avaient des salaires décents. Il fallait simplement voir le parc automobile au niveau de notre base pour s’en convaincre. Il y a donc des gens qui nous encourageaient, qui voyaient qu’on était des jeunes qui faisaient bienles choses », explique le numéro 2 de la Mida. Selon le gouvernement, la somme d’argent saisie dans les bureaux de la Mida s’élève à trois milliards Fcfa.
Mais le responsable de cette structure affirme plutôt qu’« il y avait plus de six milliards Fcfa dans le seul bureau de l’administrateur » Patrick Pen, en détention à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui au moment de la perquisition mentionnée supra.