Affaire Martinez Zogo : Comment le journaliste Xavier Messe a échappé à la prison

Cela fait un mois jour pour jour que le corps mutilé de Martinez Zogo a été découvert à Ebogo 3 par Soa. Jusqu'ici, les enquêtes et les auditions se poursuivent toujours. Xavier Messe, directeur de publication du journal Le Calame qui a été plusieurs fois convoqué et auditionné au Sed à cause des déclarations qu'il avait faites sur radio Balafon après ce crime odieux a échappé de justesse à la prison.

En effet, le 23 janvier 2023, invité à l'émission "Sacré matin", présentée par Cyrille Bojiko sur radio Balafon, Xavier Messe, journaliste et enseignant de journalisme Au cours de cette émission, déclarait avoir été déjà au courant de l'assassinat de Martinez Zogo quelques heures seulement après son enlèvement, à savoir le lendemain mercredi 18 janvier 2023 au petit matin. Il a indiqué au cours de cette émission qu'il a été réveillé au petit matin de ce mercredi là à 5h par un coup de fil de son informateur qui lui a annoncé la mort de Martinez Zogo. Et renchérit que, son informateur lui a clairement donné l' heure exacte (3h du matin) de l'assassinat du défunt. "Je suis parmi les premières personnes qui ont suivi cette affaire depuis le début. Je l'ai suivi minute par minute et je vous avoue que depuis l'enlèvement de Martinez, j'ai perdu le sommeil... J'ai mis en place un dispositif de sorte que je sois systématiquement informé que ce soit par des recherches et par des personnes qui étaient des voisines de Martinez. C'est ainsi que j'ai été parmi les toutes premières personnes à être informé n'est-ce pas de son assassinat, mais je n'avais pas le pouvoir, je n'avais pas le droit d'informer les personnalités. Il fallait laisser ce travail qu'il soit fait par des personnes indiquées , c'est-à-dire les responsables de la sécurité ou de la justice. Mais j'étais informé depuis mercredi matin très tôt vers 5h... Il a été assassiné le même soir aux environs de 3h du matin et j'ai été informé autour de 5h. On m'a réveillé autour de 5h par un coup de téléphone et je pensais que c'était un canular, mais si ça n'avait pas été quelqu'un que je connaissais bien, c'est-à-dire mon informateur, j'aurais cru que c'était une fausse nouvelle. Mais il fallait se rendre à l'évidence, Martinez n'était plus de cette vie. Mais il fallait que la police ou la justice fasse son travail pour pouvoir récupérer le corps et annoncer au public. Ce qui n'a pas été fait. Ça a été fait avec beaucoup de retard. Est-ce parce qu'ils ne trouvaient pas le corps ? Est-ce par ce qu'ils avaient des difficultés, un peu de gêne à savoir la forme à laquelle il fallait annoncer cela ? Mais en tout cas, à partir de mercredi matin, les autorités étaient au courant. Mais fallait-il peut-être qu'elles trouvent une formule pour pouvoir annoncer cette triste nouvelle..." , avait-il martelé.

C'est donc suite à ces déclarations qu'il a été convoqué à quatre reprises au Sed pour être auditionné. Les deux premières convocations remontent aux 30 et au 31 janvier 2023 chez le commandant de la première légion de gendarmerie du Centre, Jean Pierre Otoulou et les deux dernières les 20 et 21 février dernier devant la commission mixte d'enquête constituée des policiers et gendarmes. Le 20 février 2023, les enquêteurs lui ont posé la question relative à ses propos sur radio Balafon, et il leur a fait savoir que son informateur était le journaliste Zephirin Koloko, directeur de publication du journal L'Avenir. C'est alors qu'une convocation est adressée au directeur de publication du journal L'Avenir pour qu'il se présente au Sed le lendemain mardi 21 février à 14h pour une confrontation avec Xavier Messe. Une fois les deux journalistes sont soumis à la confrontation dans la soirée en présence du commissaire du gouvernement. Zephirin Koloko ne reconnaît pas avoir échangé avec lui le 18 janvier. En clair, il refuse cette accusation portée contre lui, mais avoue plutôt avoir appelé Xavier Messe le dimanche matin que la dépouille de Martinez Zogo avait été retrouvée pour lui annoncer la triste nouvelle. Ladite confrontation se faisait avec l'extrait des propos de Xavier Messe sur radio Balafon. Courroucés, les enquêteurs qui avaient déjà les listings des appels et autres, décident de placer Xavier Messe en garde à vue en qualité de suspect. Zephirin Koloko et son conseil milite pour sa libération contre une lettre d'excuse.

Coincé, Xavier Messe affirme que c'était l'émotion et reconnaît s'être trompé et présente les excuses. Il va illico presto rédiger une lettre d'excuse dans laquelle il a avoué s'être trompé au sujet de l'État du Cameroun et de Zephirin Koloko. Ladite lettre a été remise au commissaire du gouvernement. C'est donc après tout ceci qu'il est autorisé de retourner chez lui à 22h. Mais il devra également faire une sortie pour présenter des excuses publiques.