Affaire Martinez Zogo : Les mystères du rapport d'enquête mis au jour par Jeune Afrique

Au Cameroun, l'enquête sur l'assassinat du journaliste Martinez Zogo se poursuit, dévoilant les secrets et les zones d'ombre du crime. Jeune Afrique a récemment mis en lumière le contenu du volumineux rapport d'enquête, qui a conduit à l'inculpation de Danwe, Amougou Belinga et Eko Eko.

Ce rapport détaillé, constitué de milliers de pages, révèle les événements ayant conduit à l'enlèvement et à la mort de Martinez Zogo, directeur d'Amplitude FM. Trois exemplaires du rapport ont été produits, dont l'un est conservé au ministère délégué à la Défense, un autre au secrétariat d'État auprès du Ministère de la Défense nationale chargé de la gendarmerie (SED), et le troisième est utilisé par le juge Sikati Kamwo pour mener son instruction au Tribunal militaire de Yaoundé.

Ce document regroupe les procès-verbaux des auditions menées par la gendarmerie et par la commission d'enquête mixte mise en place par le président Paul Biya. Un élément central du dossier est le témoignage de Justin Danwe, le cerveau présumé de l'affaire. Danwe, directeur des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), a admis avoir planifié l'enlèvement et la torture de Martinez Zogo. Il a également révélé que le journaliste avait été surveillé pendant plus d'un mois avant l'enlèvement.

Cependant, les déclarations de Danwe présentent des divergences et des incohérences. Il a varié ses explications sur le mobile de l'acte, initialement affirmant avoir été mandaté par Jean-Pierre Amougou Belinga, un influent homme d'affaires, puis niant tout lien avec ce dernier. Les auditions de Belinga ont également suscité des interrogations, ses versions divergeant sur la nature de sa relation avec Danwe.

Une zone d'ombre importante concerne la disparition d'une vidéo que Danwe aurait enregistrée montrant la torture de Martinez Zogo. Il prétend l'avoir transférée dans le téléphone d'Amougou Belinga, mais cet appareil demeure introuvable malgré les efforts des enquêteurs.

De plus, les membres du commando affirment avoir laissé Martinez Zogo en vie à l'endroit où sa dépouille a été trouvée, mais les résultats d'expertises médicales suggèrent que le corps a été déplacé après le décès du journaliste, alimentant l'hypothèse d'un second commando impliqué.

L'enquête se poursuit, révélant progressivement les éléments de cette affaire complexe et mystérieuse, tout en laissant de nombreuses questions en suspens.