Un an après l'ouverture du procès des accusés dans l'affaire Martinez Zogo, l'affaire semble toujours enlisée dans des méandres judiciaires. Entre demandes de récusation des juges et exceptions en nullité, le Tribunal militaire de Yaoundé peine à avancer. Retour sur les rebondissements qui retardent la quête de justice pour le journaliste assassiné.
Les avocats des ayants-droits de Martinez Zogo et ceux de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE) ont récemment déposé des demandes de récusation des juges de la Cour d’appel du Centre. Ils accusent ces derniers de partialité, estimant qu’ils n’ont pas respecté les procédures en ne les citant pas pour préparer leurs arguments. Cette manœuvre a entraîné un nouveau report du procès au 17 avril, laissant l’opinion publique camerounaise dans l’expectative.
Cette demande de récusation s’ajoute à une série de complications juridiques qui ont marqué cette affaire depuis son ouverture. En septembre 2024, les avocats des principaux accusés, Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron de la DGRE, et Jean-Pierre Amougou Belinga, avaient déjà soulevé des exceptions en nullité. Ils critiquaient des vices de forme dans l’enquête, notamment des violations de domicile, des appropriations illégales de biens et des interrogatoires menés sans respect des procédures. Le Tribunal militaire avait rejeté ces demandes en novembre 2024, les jugeant « prématurées », mais la Cour d’appel doit maintenant se prononcer sur ces questions.
Une autre contradiction dans le dossier alimente les débats juridiques. La défense d’Eko Eko souligne une incohérence dans les accusations portées contre lui et son subordonné, Justin Danwe. Alors qu’Eko Eko est inculpé pour avoir potentiellement donné un ordre, Danwe est accusé de violation de consigne, ce qui sous-entendrait qu’il a désobéi à sa hiérarchie. Cette contradiction complexifie le dossier et offre une marge de manœuvre aux avocats de la défense pour contester les charges.
Ce procès, déjà emblématique, est devenu un test pour le système judiciaire camerounais, souvent critiqué pour ses lenteurs et ses dysfonctionnements. Les retards successifs et les manœuvres des avocats alimentent le scepticisme de l’opinion publique, qui doute de la capacité de la justice à rendre un verdict équitable. Alors que le procès est reporté une nouvelle fois, les Camerounais s’interrogent : la justice pourra-t-elle enfin être rendue dans cette affaire emblématique, ou les manœuvres dilatoires auront-elles raison de la vérité ?