Affaire Martinez Zogo : que reproche t-on à Ngoh Ngoh, Esso, Motaze, Mvondo Ayolo cités comme témoins ?
Des ténors du régime de Biya dans le collimateur de la justice
L'affaire Martinez Zogo, journaliste enlevé, torturé et assassiné en janvier dernier, continue de secouer le Cameroun. Les avocats de la défense réclament la comparution de quatre ministres de la République en tant que témoins devant le tribunal militaire de Yaoundé.
Parmi les personnalités citées figurent Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence de la République, Louis Paul Motaze, ministre des Finances, Laurent Esso, ministre de la Justice, et Mvondo Ayolo, ministre des Délégués auprès du ministre des Finances.
Selon Paul Chouta, lanceur d'alerte, ces quatre ministres appartiennent à deux clans rivaux au sein du pouvoir, qui s'affrontent pour la succession de Paul Biya. "D'un côté, il y a le Fc Task Force (Ferdinand Ngoh Ngoh) et de l'autre, le Fc Ligne 94 (Louis Paul Motaze, Laurent Esso et Mvondo Ayolo)", explique-t-il. "Ils sont en réalité dans une guerre pour l'accession au pouvoir dans la perspective de l'après-Biya".
La comparution de ces ministres de haut rang pourrait éclaircir les zones d'ombre de cette affaire et révéler d'éventuelles implications politiques. Les avocats de la défense estiment que leur présence à la barre est cruciale pour comprendre le contexte et les motivations derrière l'assassinat de Martinez Zogo.
Outre les ministres, d'autres personnalités sont également appelées à témoigner, notamment le juge Sikati II Kamwo et l'ancien directeur de la justice militaire, Sipa Dongmo. Leur rôle dans l'instruction et le traitement du dossier est également remis en question.
Le professeur Georges Bitjoka Bell, expert en cybercriminalité et cryptologie, est également cité à comparaître. Il a été chargé de l'analyse et du décryptage des téléphones portables d'Amougou Belinga, principal suspect dans cette affaire. Cependant, son rapport comporte des zones d'ombre, ce qui soulève des interrogations sur la véracité de ses conclusions.
Enfin, Diane Jocelyne Mbeng, assistante de Amougou Belinga, est également attendue à la barre. C'est à elle que le magnat des médias aurait remis son iPhone 14 Pro Max contenant des informations sensibles, le jour de l'enlèvement de Martinez Zogo.
La comparution de ces personnalités de premier plan promet de relancer l'affaire Martinez Zogo et de mettre en lumière les ramifications politiques de ce drame. Les audiences à venir s'annoncent explosives et pourraient révéler des informations cruciales sur les circonstances de l'assassinat du journaliste et les motivations des commanditaires.
Cette affaire met en exergue les tensions au sein du régime de Paul Biya et les luttes de pouvoir pour la succession. La justice camerounaise est désormais sous pression pour faire la lumière sur cette affaire et rendre justice à Martinez Zogo.
