Affaire Martinez Zogo : vers un procès historique, les choses se dessinent

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Wed, 1 Nov 2023 Source: www.camerounweb.com

Au Cameroun, l'affaire Martinez Zogo, l'assassinat du journaliste qui a secoué le pays en janvier 2023, continue de révéler des secrets et des zones d'ombre à mesure que l'enquête se poursuit. Jeune Afrique a eu accès au volumineux rapport d'enquête qui a conduit à l'inculpation de Danwe, Amougou Belinga et Eko Eko.

Le rapport, constitué de milliers de pages, offre une vue détaillée des événements entourant l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, qui a été enlevé le 17 janvier 2023 et retrouvé mort cinq jours plus tard. Ce document massif a été produit en trois exemplaires, dont un est conservé au ministère délégué à la Défense, un autre au secrétariat d'État auprès du Ministère de la Défense nationale chargé de la gendarmerie (SED), et le troisième au Tribunal militaire de Yaoundé, où le juge Sikati Kamwo mène son instruction.

Le rapport comprend les procès-verbaux des auditions menées par la gendarmerie et par la commission d'enquête mixte mise en place par le président Paul Biya. Il contient également une multitude de pièces jointes, dont certaines pourraient toucher à la sécurité de l'État.

Au centre de cette affaire, une figure clé émerge, le lieutenant-colonel Justin Danwe, considéré comme le cerveau présumé de l'opération. Ses dépositions sont au cœur de l'enquête, mais elles comportent des éléments tantôt éclairants, tantôt énigmatiques.

Danwe est la première personne à avoir été entendue par les enquêteurs, et il a confirmé son implication dans l'enlèvement et la torture de Martinez Zogo. Il a également reconnu qu'il avait planifié l'opération et recruté les huit membres du commando. Selon ses dires, cette mission avait été ordonnée par sa hiérarchie. Il a affirmé que Martinez Zogo avait été surveillé depuis novembre 2022.

Cependant, plusieurs éléments divergent dans les déclarations de Danwe. Il a varié sur des points tels que la propriété de la voiture utilisée pour l'enlèvement, son mobile, et ses liens avec Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d'affaires influent.

De son côté, Amougou Belinga a également livré des déclarations contradictoires sur sa relation avec Danwe. Bien qu'il ait admis l'avoir rencontré à plusieurs reprises, il a nié avoir été le commanditaire de l'enlèvement. Amougou Belinga a souligné qu'il avait échangé des informations avec Danwe concernant la frontière avec la Centrafrique, mais il a nié toute implication dans le crime.

L'implication de Léopold Maxime Eko Eko, le patron de la DGRE, est également au cœur des interrogations. Danwe a d'abord déclaré que son supérieur n'avait pas été informé de l'opération, puis a affirmé qu'il avait agi pour "faire plaisir à son patron". Cependant, il n'a pas été en mesure de fournir une version cohérente de ses motivations.

Malgré les auditions et les dépositions, de nombreuses zones d'ombre subsistent autour de la mort de Martinez Zogo. Les membres du commando ont affirmé l'avoir abandonné vivant, mais une expertise médicale a suggéré que le corps avait été déplacé après sa mort, ce qui a ouvert la possibilité d'un second commando impliqué dans le meurtre.

La question du mobile du crime reste également sans réponse. Danwe a prétendu avoir enregistré une vidéo de la torture infligée à Martinez Zogo, puis avoir transféré la vidéo dans le téléphone d'Amougou Belinga. Cependant, le téléphone en question n'a pas été retrouvé.

Enfin, des interrogations subsistent sur le financement de l'opération, étant donné que les membres du commando ont reçu des sommes relativement modestes pour une opération qui a duré des semaines. L'enquête se poursuit pour lever ces zones d'ombre et faire toute la lumière sur cette affaire. Malgré les mystères qui entourent encore l'affaire Martinez Zogo, il est indéniable que l'on se dirige vers un procès historique, et des progrès sont constatés dans l'enquête.

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