Affaire Mbombog Mbog Matip: le Synajic conteste la décision du tribunal militaire

Mbombog Mbog Matip

Tue, 16 Nov 2021 Source: Mosaiques international N°080

En prison pour rien depuis 15 mois, le tribunal militaire de Yaoundé s'est déclaré incompétent lors de l'audience du 8 novembre dernier par défaut de preuve et l'affaire a été renvoyée au 13 décembre prochain pour délibérer.

le syndicat national des journalistes indépendants du Cameroun conteste cette décision rendue par madame le juge Ngo Bakoa, et demande au directeur de publication de Climat Social de porter plainte contre l'Etat du Cameroun, pour des motifs suivants : délit et complot de la justice militaire, injustice, corruption, détention arbitraire, illégale et abusive, séquestration, sinistration, musèlement, prise en otage et en captivité, tortures physiques et psychologiques, menaces de mort, droits d’une personne handicapée moteur bafoués, droits de l’homme bafoués, droits à la dignité humaine bafoués, droits de journaliste, communicateur social et défenseur des droits des délaissés bafoués, droits à la liberté de presse et d'expression bafoués.

Sur l'impulsion du Synajic, le directeur de publication de Climat Social a confié son dossier à American Bar Association, une organisation américaine de défense des droits suivant les motifs énumérés en marge en vue de sa libération et du paiement des dommages liés au préjudice causé par cette détention arbitraire, illégale et abusive.

Selon le président du Synajic, Alex Koko à Dang, Mbombog Mbog Matip est un prisonnier de conscience, arrêté arbitrairement le 17 Août 2020 et détenu abusivement sur une prétendue affaire sans plainte, sans une convocation, sans mandat d’amener ou encore moins un mandat d’arrêt. Notre confrère a été enlevé, le 17 Août 2020 à 10 heures par six militaires cagoulés, lourdement armés à son domicile du quartier Mimboman à Yaoundé. Afin de dissuader la population présente, ces hommes armés ont usé de plusieurs tirs de sommation et de la projection de gaz lacrymogènes.

En rappel Mbombog Mbog Matip est handicapé moteur, amputé des deux pieds suite à un accident de circulation le 18 Décembre 1992 sur l’axe lourd Yaoundé-Douala. Il se déplace avec une prothèse, une chaussure orthopédique et deux béquilles. Son enlèvement fut exécuté sous les ordres du colonel Emile Joël Bankoui, commandant de la division de la sécurité militaire (Semil).

Transporté manu militari avec dédain, mépris et menaces dans un véhicule de l’armée camerounaise sous une escorte lourdement armée pour le ministère de la défense dans la cellule tortionnaire du commandant de la Sémil où il a été torturé entre 11 heures à 22 heures, déshabillé, prothèse et chaussure orthopédique démontées et mes béquilles jetées. Suite à cette violence extrême des coups de bottes et des matraques militaires, je suis ressorti, épuisé, avec des blessures et des hématomes sur tout le corps. Après cette étape, il fut conduit au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) où il a également été torturé, illégalement et abusivement gardé à vue dans ses sombres cellules pendant trois (03) semaines.

Détenu dans des conditions inhumaines, interdit de visites, sans soins encore moins de repas décents dans ces cellules, je fus forcément auditionné sans l’assistance de son conseil devant des militaires, sans notification d’une plainte. C'est sur place que Mbombog Mbog Matip, est informé qu'il est poursuivi par le ministère public et l'Etat du Cameroun pour diffamation en complicité. Le 07 Septembre 2020 aux environs de 22 heures, devant le lieutenant- colonel, juge d’Instruction Misse Njone Jacques Baudouin en service au tribunal militaire de Yaoundé, il est accusé d’inculpation et propagation de fausses nouvelles, fait relevant de la cybersécurité et cybercriminalité, et mis en détention provisoire pour une durée de six (06) mois à la prison centrale de Yaoundé où il est détenu abusivement jusqu’à ce jour sans avoir été présenté au commissaire du gouvernement.

Après dix (10) mois de détention provisoire, notre confrère est présenté pour la première fois devant madame Ngo Bakoa, juge au tribunal militaire de Yaoundé, section correctionnelle pour une audience publique, le 12 Juin 2021 où il a été notifié d’un nouveau motif : «Propagation de fausses nouvelles» contre le ministère public, Colonel Emile Joël Bankoui et Paul Daizy. Cette audience fut renvoyée au rôle du 12 Juillet 2021 à sa demande. A cette audience du 12 Juillet 2021, Mbombog Mbog Matip a récusé son conseil Me Emmanuel Simh, pour non-respect des clauses.

Selon notre confrère il était question pour Me Simh de le défendre jusqu’à l'obtention de sa libération. Cette audience fut renvoyée au rôle du 09 Août 2021 pour qu'il soit légalement notifié sur la prétendue plainte du Colonel Emile Joël Bankoui et Paul Dayzi Biya qui seraient à l’origine de son emprisonnement à la prison centrale de Yaoundé-Kodengui.

Le 8 novembre dernier, le tribunal militaire de Yaoundé s'est déclaré incompétent lors de l'audience par défaut de preuve et l'affaire a été renvoyée au 13 décembre prochain pour délibérer. Il est a été établi que notre confrère est détenu depuis le 7 septembre illégalement, abusivement et arbitrairement à la prison centrale de Yaoundé-Kodengui où il est muselé et séquestré. Pour rappel Mbombog Mbog Matip enquêtait sur le présumé coup d'état contre le président de la République et le vol des grosses cylindrées à Lomé au Togo en mai 2020 dont les commanditaires seraient les hautes personnalités de la République en service à la présidence et les hauts gradés de l'armée.

Source: Mosaiques international N°080