Affaire Monique, 18 jours après le drame

Monique Affaire Koumaketel Mère Monique Koumatekel

Fri, 1 Apr 2016 Source: camer.be

Rose Tacke subit des pressions, tandis que la famille éplorée reste dans l’attente de la restitution du corps pour inhumation.

Au domicile de Beas Sen, les membres de la famille se réunissent tous les soirs depuis le décès de leur fille, sœur et mère Monique Koumatekel le 12 mars 2016.

Devant la maison en construction, les proches prennent place sur des chaises, face à la grande photo de la disparue.

Sur l’image, Monique est debout, vêtue d’une robe. Plusieurs associations, leaders de partis politiques et des particuliers viennent au chevet de la famille éprouvée pour la consoler, rapporte un membre de la famille qui indique qu’une dizaine de personnes en moyenne est présente tous les soirs.

« Il y a des gens qui viennent de divers quartiers. Certains Camerounais de la diaspora passent souvent ici pour nous témoigner leur affection. Il y a aussi des journalistes qui défilent ici », relève –t­il.

Une dame qui s’est rendue auprès de la famille endeuillée en fin de semaine dernière a rapporté au Jour que Beas Sen, la maman de la défunte, se plaignait des incessants appels des uns et des autres qui veulent « avoir des nouvelles de l’affaire ». «Je suis obligée de maintenir mon téléphone éteint. Quand je l’allume, il crépite à chaque seconde », a indiqué Beas Sen à la visiteuse.

Notre source fait également savoir qu’elle a rencontré au lieu du deuil, vendredi dernier, Rose Tacke. Celle qui avait été interpellée pour avoir ouvert le ventre de Monique Koumatekel pour en extraire les jumeaux devant la porte de la Maternité de l’hôpital Laquinitinie de Douala, samedi 12 mars 2016.

Selon sa description, la dame, quarante ans environ, teint clair, avait un voile sur la tête et arborait un tshirt de couleur noire et longue jupe. « Elle attirait l’attention et racontait à l’assistance ce qui lui arrive depuis le déclenchement de cette affaire.

Lorsqu’un cameraman de la télévision Equinoxe est arrivé, elle est entrée se cacher à l’intérieur de la maison. Elle est ressortie après le départ du journaliste», affirme un autre homme, qui s’est lui aussi rendu au chevet de la famille.

Une cousine des Koumatekel rapporte que Rose lui a confié qu’elle subissait des pressions et qu’elle ne voulait point être devant les projecteurs. « Les membres de l’Ordre des médecins lui ont demandé si elle était infirmière. Ils voulaient savoir où elle avait appris la médecine.

Elle leur a dit qu’elle n’était pas infirmière. Qu’elle n’avait jamais porté la blouse blanche. Les membres de l’Ordre des médecins du Cameroun l’ont suppliée de dire qu’elle est médecin ou infirmière. Qu’elle leur fait concurrence parce qu’aucun organe n’a été touché. Ma soeur dit qu’elle leur a répondu que ce n’est pas elle, mais c’est Dieu qui l’a guidée. Son seul objectif était de sauver le bébé», rapporte la cousine.

Qui fait savoir que Rose avait donné rendez­vous aux membres de l’Ordre chez les Koumatekel plutôt que chez elle, parce qu’elle ne voulait pas que l’on sache où elle habite. « Depuis le déclenchement de l’affaire, Rose Tacke n’a pas une vie paisible. Elle est obligée de se couvrir sous un grand voile lorsqu’elle sort de son domicile. Son fils ne va plus à l’école, de peur qu’il ne soit enlevé », argue la cousine.

Le Jour a en outre appris qu’au quotidien, et souvent jusque tard dans la soirée, Rose est entendue « au Tribunal et dans les bureaux de renseignement ». « J’ai déjà répété la même histoire des centaines de millions de fois. Je suis déjà fatiguée de répéter la même chose tout le temps. C’est la prière qui m’aide à tenir », a rapporté Rose un soir de recueillement à Mboppi. Elle qui en a « marre » des appels et questions des journalistes s’est confié à un seul média, apprend­ on.

« En dehors de Jeune Afrique économique, elle n’a parlé à aucun autre journal. Cette journaliste l’avait interrogée sur sa vie et lorsqu’elle lui parlait de Monique, elle répondait qu’elle ne parle pas des morts. Elle a néanmoins présenté le bon côté de Monique, comment elle était accueillante et gentille», fait savoir la cousine de Rose.

Dans le quartier de Rose, les jeunes se sont organisés pour la protéger des « paparazzis». Les journalistes sont repoussés. Les propriétaires d’appareils photos ou téléphones portables qui essaient de « capturer » son image, voient leurs appareils confisqués. Rose Tacke a aussi pris la résolution d’éteindre son téléphone qui ne cesse de crépiter en longueur de journée.

Beas Sen, la maman de Monique Koumatekel a confié au reporter qu’elle aimait à maintenir son téléphone éteint. Mais contrairement à Rose, Beas Sen, ne peut pas fuir les appareils photos et caméras. Les journalistes défilent au quotidien pour recueillir des nouvelles sur ce qui s’est passé et le programme des obsèques.

50 millions de Francs Cfa pour « mentir »

Mais les ennuis ne sont pour autant pas esquivées. « Rose a été approchée par des gens qui lui ont proposé la somme de 50 millions F. Cfa et un voyage dans un pays européen de son choix avec toute sa famille, si elle acceptait d’accuser le morguier, Luc, de dire que c’est lui qui lui a remis la lame bistouri et l’a forcée à effectuer l’opération.

Mais elle a dit non, elle est un enfant de Dieu. Elle ne peut pas mentir sur la tête d’un innocent », jure un proche de Rose. Il précise qu’elle a reçu plusieurs autres propositions du genre, qu’elle a toujours « refusé ».

« Même en cellule, ses codétenus lui confiaient leur secret et elle priait pour eux.

Sa mère lui a toujours appris à craindre Dieu et à être honnête dans la vie», ajoute –t­il. D’après lui, Rose trouve la force de tenir dans la prière. Dans l’entourage de la morgue de l’hôpital Laquintinie, des croque morts font savoir que les avocats ont conseillé à Luc Monga d’éviter toute forme de « tchokos » (négociations) telle que cela se fait souvent dans ce milieu. « On ne peut pas le renvoyer pour rien. Mais, pour n’importe quel prétexte, on peut le faire. Il faut qu’il soit vigilant », prévient un morguier.

« La procédure judicaire est encore en cours. On ne peut le renvoyer sans qu’il ne soit reconnu coupable», tranche un autre morguier, dans un ton blagueur. « Il n’a rien fait. Qu’on cesse de vouloir porter le tort aux innocents dans ce Cameroun », s’emporte un visiteur à la morgue.

Au sein de la famille de la défunte, c’est le même discours qui domine. Mais, aussi, une mise en garde contre ceux qui veulent salir la mémoire de Monique. Un jeune frère de la défunte ne mâche pas ses mots en ce qui concerne le sieur Gaston, celui qui s’est présenté comme étant le père des jumeaux décédés. « Il est le père de la dernière fille, pas des jumeaux.

Source: camer.be