La version des faits du ministre de la Santé, André Mama Fouda.
La Famille «Dame Koumate Monique a perdu la vie samedi à Douala. Nous avons de part et d'autre suivi ce qui s'en est suivi notamment en scène horrible, en scène insoutenable. D'où la décision du gouvernement de vous éclairer brutalement sur l'ensemble des faits parce que bien informés nous pourrons ensemble mieux atténuer la communication et surtout éviter tout dérapage quand les faits deviennent incontournables. Dame Koumate avait une trentaine d'années. Elle a déjà eu trois enfants. Elle avait une quatrième grossesse. Elle s'est présentée dans un centre médical le 11 mars.
Au 11 mars, sa grossesse était d'un peu plus de sept mois. Donc elle n'a pas suivi les premières consultations. Dans ce centre de santé, des bilans lui ont été demandés. Tout semblait normal. Sauf que l'on n'a pas décelé que c'était une grossesse gémellaire, c'est-à-dire qu'elle avait des jumeaux, puisqu'elle n'a pas fait d'échographie.
Elle décède le 12 mars. Elle décède où ? Pour l'instant, nous ne pouvons pas dire si elle est décédée à domicile, si elle est décédée chez quelqu'un d'autre, mais en tout cas nous avons ses traces dans un hôpital public vers 8h.
A 8h du matin hier, sa famille arrive avec elle. Elle est malheureusement dans la malle arrière d'un taxi. Ils arrivent à l'hôpital de district de Nylon. La famille sait bien qu'elle était déjà décédée. La famille demande au personnel médical de Nylon si on peut ouvrir son ventre pour pouvoir enlever les foetus parce que dans les traditions de cette famille là, une maman ne doit pas partir avec les foetus dans le ventre.
Bien entendu le personnel médical de l'hôpital de Nylon leur a fait comprendre que cet acte n'était pas usuel et qu'il valait mieux référer à un hôpital de niveau supérieur. Ils ont continué avec dame Koumate dans le même taxi et ils sont arrivés vers 10h à l'hôpital Laquintinie.
A ux urgences de l'hôpital Laquintinie, ils se sont présentés et n'ont pas descendu la dame. Un monsieur est descendu et a dit nous avons une dame enceinte qui est dans un état compliqué. La personne qui les a reçus, une étudiante de 7ème année, elle est déjà médecin, leur dit d'aller vite à la maternité. Rendus à la maternité, la sage femme est sortie avec le major de la maternité. C'est là qu'elle (la sage femme, Ndlr) a vu qu'on a ouvert la malle arrière. Il y avait une femme couchée, la tête à moitié enveloppée.
Ils ont immédiatement constaté qu'il n'y avait plus de pouls carotidien, ni de bruit du coeur maternel et ils ont dit à la famille, vous nous avez amené quelqu'un qui est décédé, il faudrait aller à la morgue.
Ils sont partis à la morgue encore en taxi. Et là on a un jeu trouble du morguier qui peut-être en voulant sortir le corps dit tiens ça semble bouger ! Mais vous savez que le foetus est dans un liquide. Comment ils peuvent imaginer que plus de quatre heures après un décès, qu'un foetus puisse encore être vivant. Parce que c'est la mère qui fait vivre le foetus.
Dès le moment où la maman est décédée un foetus ne peut plus vivre. Ça n'existe nulle part. Et le morguier dit qu'on peut sauver le foetus. La famille retraverse avec le taximan à la maternité. De nouveau, les sages femmes disent mais non, cette personne est décédée et notre rôle est d'accoucher. Entre temps, la gynécologue de garde est en pleine opération de césarienne donc ne peut sortir.
Les sages femmes leur disent pour ce que vous demandez, il vaudrait mieux aller aux urgences. C'est là qu'on ne sait pas ce qui a traversé dans la tête d'une dame qui accompagnait ce couple. Au départ, elle s'était présentée comme une belle soeur mais non ! Il apparait qu'il n'y a aucun lien de parenté, mais cette dame est avec le couple depuis la matinée. Et c'est cette dame qui avec un instrument tranchant a décidé d'ouvrir le ventre... »