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Affaire Ots : voici comment Paul Ataga Nji et Grégoire Owona ont mis Paul Biya dans un capharnaüm

La fronde continue

Mon, 14 Mar 2022 Source: Le Messager N° 5968

Trois semaines déjà que la grève des enseignants portée par le mouvement « On a trop supporté (Ots) » résiste à toute cure gouvernementale. La confusion est telle que l'urgence d'une réaction directe de Paul Biya est des plus attendue.

La dernière sortie de Ots publiée sur les réseaux sociaux ce 12 mars 2022, donne deux conditions majeures pour un retour immédiat dans les salles de classe. "La prise en charge immédiate des Eci ainsi que l'épuration entière de la dette due aux enseignants ; l'automatisation des avancements" sont les deux conditions posées à nouveau sur la table du gouvernement. Plus loin, les enseignants grévistes ajoutent qu'ils sont prêts à discuter pour adopter un calendrier clair dans l'optique de la révision et de l'application du statut de l'enseignant. Mais bien avant, il y a lieu d'indiquer que le 10 mars 2022, les enseignants grévistes, lassés d'attendre des résultats du gouvernement, s'adressaient directement au chef de l'État. Alors que jusqu'à là, c'était le Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) qui tenait les manettes pour transmettre les instructions présidentielles au gouvernement, on s'est étonné que les grévistes s'adressent directement au chef de l'État. Dans cette lettre du 10 mars, ils ne sont pas allés du dos de la cuillère. « Monsieur le président de la République, il est tout à fait clair à la lecture de votre correspondance que vos collaborateurs ne vous présentent pas la réelle situation des enseignants », lit-on dans la lettre ouverte adressée au chef de l'État. Par la suite on se surprend qu'à plusieurs fois, ils demandent au chef de l'État si on doit continuer à lui faire confiance. « Excellence, depuis l'année 2000 que vous avez signé le statut particulier des enseignants qui est d'ailleurs caduque au regard de la société d'aujourd'hui, il est resté aux oubliettes dans les tiroirs à la présidence de la République. Déjà 22 ans que nous attendons de vous , la signature d'un décret pour son application. Doit-on encore faire confiance ? », ainsi est-il par exemple écrit directement à Paul Biya.



Porte de sortie



« Un capharnaüm ! », ainsi réagissait il y a quelques jours un enseignant dépité devant les errements du gouvernement dans ses multiples et vaines tentatives de juguler le débrayage en cours dans l'enseignement secondaire. A l'observation, convient-il de le relever, depuis le début de cette grève, le 21 février dernier, on n'a pas encore vu ou entendu parler d'une quelconque rencontre entre le ministre Pauline Nalova Lyonga Egbe et le collectif gréviste Ots. Les premières tentatives de solutions sont venues directement des services du Premier ministre. Deux rencontres y ont eu lieu, entre les membres du gouvernement et les différents représentants des enseignants, sans toutefois trouver de porte de sortie. Sur le banc gouvernemental, il y avait pourtant du beau monde dirigé tour à tour par le Secrétaire général des services du Premier ministre (Sgpm) et son adjoint. A côté d'eux, il y avait bien sûr les ministres des Enseignements secondaires (Minesec), de l'Enseignement supérieur (Minsup), du Travail et de la sécurité sociale, de l'Education de base, entre autres. Après le black-out de ces assises, la présidence de la République est entrée rapidement dans la danse en assénant par « hautes instructions » au Minfi de débloquer 2,7 milliards Fcfa pour payer les arriérés. Ce n'était que la première étape présidentielle car devant le refus catégorique des enseignants de mettre un terme à la grève en acceptant les 2,7 milliards de Fcfa, le président de la République a mis sur la table une série de résolutions le 9 mars, juste deux jours après la première. En dépit de tout un calendrier d'apurement de tous les arriérés et autres, les enseignants ont persisté dans la grève. Les choses vont d'ailleurs en se compliquant car on apprend que des syndicats au niveau du primaire sont en grève depuis un mois, et n'enseignent que les jeudis et les vendredis au cours de la semaine. Dans cet imbroglio où le président de la République est sollicité de toutes parts, deux ministres viennent rajouter une autre couche à la complexité de résolution.



Paul Ataga Nji et Grégoire Owona



Le deuxième, ministre du Travail et de la sécurité sociale, a convoqué pour mardi prochain les syndicats, les collectifs d'enseignants dans son cabinet. Il en a publié un communiqué vendredi, dernier. Avec le grand flair qu'il a, son objectif croit-on savoir est de rechercher avec les enseignants « de manière concertée, au regard de divers dysfonctionnements, des solutions appropriées à l'ensemble des préoccupations ». Alors que les enseignants sont entrain de se référer directement à Paul Biya, Grégoire Owona les recevra-il pour mieux expliquer les décisions présidentielles? Certainement mais c'est l'attitude de Ots qui est préoccupante à cette invitation de ce 15 mars au cabinet du ministre. L'autre membre du gouvernement qui est sorti de sa réserve est Paul Atanga Nji, le patron de l'Administration. Pour lui, il opte pour une méthode qui peut déboucher sur la force. En écrivant aux autorités administratives le 10 mars 2022, précisément les dix gouverneurs des régions, de renforcer la communication relative aux mesures prises par le chef de l'État pour répondre aux doléances des enseignants. « Les préfets et les sous-préfets doivent effectuer des descentes sur le terrain pour s'assurer de la reprise effective des cours dans les établissements scolaires et demander à tous les acteurs de faire confiance au gouvernement », prescrit-il à ses collaborateurs. Il poursuit en leur demandant de sensibiliser les parents d'élèves sur les risques d'instrumentalisation de leurs enfants par les acteurs politiques et « la société civile irresponsable qui cherchent à déstabiliser les institutions républicaines. » Tout un programme qui pourrait placer l'autorité administrative en porte à faux avec les enseignants grévistes, les élèves en toute solidarité de leurs enseignants ou les parents d'élèves. Dans un contexte aussi volatile, la retenue devrait être de rigueur de part et d'autre. Le dialogue l'emportera toujours.

Source: Le Messager N° 5968