Le ministère public a demandé ce matin, l’acquittement de Paul Éric Kingué, -maire élu en 2007, de Njombé Penja, une commune du département du Moungo dans la région du Littoral-, apprend «koaci» à l’instant.
L'affaire a été mise en délibéré le 18 juin prochain. Au cas où le tribunal suivrait cette demande du ministère public, cela ne sera pas une première au Cameroun.
En effet, l’on se souvient que le groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire-le même qui avait exercé une pression, et obtenu- la libération de Michel Thierry Atangana et de l’ex-bras droit de Biya, Titus Edzoa- a demandé « qu’il soit mis fin à la détention arbitraire de Paul Éric Kingué.
Paul Éric Kingué, s’était illustré par des actions de lutte contre la corruption dans sa localité. A titre de rappel, le 28 février 2008, il est arrêté devant son domicile par le Bataillon d’intervention rapide (Bir), et une branche de la gendarmerie nationale.
Devant les tribunaux camerounais, Paul Éric Kingué sera poursuivi pour «complicité de pillage en bande et incitation à la révolte», dans le cadre des émeutes Search émeutes qui s’étaient déroulées à Njombe-Penja du 25 au 28 février 2008.
Il est aussi poursuivi pour «faux en écriture» et pour « détournements de biens publics». Le 19 mars 2008, il est d’abord détenu à la prison principale de Nkongsamba, puis sera transféré le 09 novembre 2009 à la prison centrale de Douala.
Le 19 janvier 2009, le tribunal de grande instance de Nkongsamba, le condamne à 6 ans de prison ferme et à 800 millions de Fcfa à verser à la société des plantations du Haut-Penja. Ainsi que 4 millions à Daniel Nsonga qui s’était porté partie civile.
Le 29 février 2012, le même tribunal le condamne à une peine de perpétuité pour le détournement supposé d’une somme de 10 millions de Fcfa.
Dans ce dossier, 3 chefs d’inculpation sont retenus contre lui, alors qu’il exerçait son mandat de maire de la commune de Njombe-Penja : «le détournement d’un projet d’adduction d’eau. La location d’une niveleuse par sa commune à celle de Mbanga, Dibombari et Melong et la livraison fictive de carburant ».
Le 26 mars 2012, la cour d’appel du littoral a acquitté Paul Éric Kingué dans l’affaire de « faux en écriture».
Le 14 novembre 2012, la même cour confirme sa culpabilité pour « détournement de biens publics » mais pour un montant de 3 460 000 Fcfa.
Pour les avocats de Paul Éric Kingué, la procédure ayant abouti à la condamnation de leur client est truffée de violations de droits de la défense, et de multiples erreurs judicaires. é D’après eux, Paul Eric Kingué a été condamné sans avoir été informé des faits qui lui sont reprochés comme le prévoient les articles 3, 40, 41 et suivants du code de procédure pénale camerounais.
Pire, il a été condamné sans avoir été entendu par un juge d’instruction. « Son arrestation et sa détention ont été exécutés sans mandat d’arrêt et sans mandat de détention », estiment ses avocats.
Saisi le 23 décembre 2013 par le groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire, Yaoundé, dans sa réponse du 13 mars 2014, a contesté les arguments présenté par les avocats de Paul Éric Kingué et souligné que le procès avait été équitable.
Yaoundé cède sous la pression onusienne dans cette affaire mise en délibéré le 18 juin prochain (?). Visiblement, le régime de Paul Biya 82 ans, dont 32 ans de magistrature suprême, aurait, à cœur, de ne pas se mettre à dos la communauté internationale.