Il s'agit d'un conflit entre le Tchad et la société britannique Savannah Energy, qui a acquis les actifs d'Esso Exploration and Production Chad auprès d'ExxonMobil pour 407 millions d'euros, incluant une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun. Les autorités tchadiennes ont protesté contre cette transaction, affirmant qu'elle avait été conclue sans leur autorisation, ce qui aurait violé leur droit de préemption. Après avoir perdu une procédure d'arbitrage, le Tchad a nationalisé les actifs pétroliers en question, ce qui a provoqué la colère de Savannah Energy. Récemment, la filiale de la société britannique a conclu un nouvel accord avec la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun, ce qui a à nouveau irrité le Tchad, qui a rappelé son ambassadeur au Cameroun. Les tensions persistent et d'autres procédures d'arbitrage sont en cours.
« Tout commence le 9 décembre dernier. La société britannique Savannah Energy et sa filiale domiciliée aux Bahamas, Savannah Midstream Investment Limited (SMIL), annonçaient dans un communiqué qu’ExxonMobil avait accepté de leur céder pour 407 millions d’euros la totalité des actifs d’EssoExploration and Production Chad, ainsi qu’une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun devant acheminer à terme le pétrole brut jusqu’au port camerounais de Kribi.
Aussitôt, les autorités tchadiennes s’étaient dressées contre cette opération dont les négociations avaient débuté un an plus tôt, expliquant qu’elle avait été bouclée sans l’autorisation – indispensable, selon elles – de N’Djamena. Toute cession ou changement de contrôle doit en effet, d’après le gouvernement tchadien, faire l’objet d’une autorisation de l’État, faute de quoi elle violerait « le droit de préemption de la Société des hydrocarbures du Tchad, partenaire commercial d’Esso Tchad », décrit Jeune Afrique.
« Pour faire annuler le deal conclu entre ExxonMobil, sa filiale EssoExploration and Production Chad et SMIL, le Tchad décidait alors de saisir la Chambre internationale de commerce de Paris et de solliciter un arbitrage. Mais cette dernière concluait en sa défaveur, poussant N’Djamena à aller plus loin : le 29 mars, le gouvernement adoptait une loi nationalisant les actifs pétroliers concernés. Savannah Energy montait donc à son tour au créneau en menaçant de poursuivre l’État tchadien en justice. D’autres procédures d’arbitrage sont, selon les avocats de N’Djamena, toujours en cours et le bras de fer se poursuit.Le président Mahamat Idriss Déby Itno est d’autant plus agacé qu’il soupçonne Savannah Energy d’avoir tenté de retourner son propre directeur de cabinet, Idriss Youssouf Boy. De quoi exacerber encore un peu plus les tensions autour de l’épineux dossier des anciens actifs d’ExxonMobil.Le 20 avril, SMIL rendait publique un nouveau deal, passé cette fois avec la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH). La filiale de Savannah Energy annonçait avoir cédé 10 % de ses actifs dans la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO, exploitant la partie camerounaise du pipeline Tchad-Cameroun) pour un montant de 40,95 millions d’euros.
Cet accord, alors que le Tchad possède un droit de regard sur toute cession de la COTCO, a fait sortir une nouvelle fois N’Djamena de ses gonds. Le même jour, Mahamat Idriss Déby Itno rappelait son ambassadeur au Cameroun », précise le Magazine panafricain