C'est une tribune commise par Boris Bertolt ce jour sur ses pages réseaux sociaux ce jour. En effet, le lanceur d'alertes analyse les grosses erreurs de Emmanuel Franck Biya dans le cadre de l'affaire Savannah Energy.
« Première erreur: Franck Emmanuel Biya, fils du chef de l’Etat Paul Biya, personnage cité comme prétendant à la succession de son père, s’est rendu à N’Djamena, missionné par un homme d’affaires camerounais propriétaire d’une banque qui a pignon sur rue, défendre des intérêts privés. Pour de l’argent en Français facile. On dirait VRP dans le langage diplomatique mais plus communément : mercenaire.
Quand on a de la stature, de la hauteur et qu’on prétend vouloir jouer les premiers rôles dans un pays, on s’élève, on ne se lève que pour son pays et non pour des forces de l’argent. Sur ce point, la posture du président Mahamat Deby Itno, défendant contre et envers tout les intérêts de son pays, est révélatrice de la différence entre deux fils de chef d’Etat.
Cette affaire a fait ressortir dans l’imaginaire un ensemble de scandales pour lesquels son nom est déjà cité. Souvenons-nous déjà des scandales de Camtel avec les titres portant sur des milliards, des deals avec Sinohydro pour la construction du barrage de Lom Pangar, de l’exploitation forestière dans les régions du Sud et de l’Est, des révélations des Panama Papers où son nom a été cité… Rien de nouveau donc sous le soleil. L’opinion a le sentiment que c’est L’argent, toujours l’argent et encore l’argent. Et ça passe mal.
La seconde erreur de Franck Emmanuel Biya, est d’avoir modifié sa stratégie communicationelle. D’ordinaire silencieux, ou communiquant discrètement, le fils du chef de l’Etat, frileux sur le coup, a engagé une campagne dans les médias pour expliquer qu’il ne disposait d’aucune action dans Savannah Energy. Du moins c’est ce qui parait évident lorsqu’on voit la dizaine de journaux parfois les plus anecdotiques utilisés pour blanchir le fils du président. Or il est un fait : FRANCK EMMANUEL BIYA A EFFECTIVEMENT DISCUTÉ DE SAVANNAH ENERGY AVEC LE PRÉSIDENT TCHADIEN.
Ce besoin de s’expliquer, de se justifier, de clarifier, de la part d’un homme d’ordinaire effacé, est la preuve d’une fébrilité, elle-même révélatrice d’une faute d’enfant pris la main dans le pot de miel. Qu’on se le dise, Franck Emmanuel Biya n’est ni accusé ni soupçonné de détenir des parts dans Savannah Energy ; et encore où serait le problème ? Il a le droit d’utiliser son temps comme il le souhaite. Franck Emmanuel Biya est accusé d’etre intervenu volontairement ou involontairement dans une opération mafieuse pour les forces de l’argent, quitte à mettre en péril les relations de bon voisinage entre États.
Au final, pour une partie de l’opinion et ce qui est compréhensible, on peut penser qu’un homme qui aime l’argent, qui voyage pour chercher l’argent, que les banquiers envoient à gauche et à droite contre rétribution ne peut être un homme d’Etat. Au mieux, il ne peut être qu’un homme d’affaires prospère.
S’il ambitionne de remplacer son père, les signaux envoyés par Franck Biya ne sont pas bon et c’est le moins que l’on puisse dire. »