Me Alexander K. Dieng accuse la fédération camerounaise de football d'abus de procédure dans le litige qui l'oppose à l'homme d'affaires Justin Tagouh
La controverse autour de la convocation de Justin Tagouh par la FECAFOOT prend une nouvelle dimension juridique. Me Alexander K. Dieng, avocat accrédité dans de nombreux pays dont l'Afrique du Sud, l'Angleterre, la France et plusieurs États américains, livre une analyse accablante de la procédure engagée par la fédération dirigée par Samuel Eto'o.
Selon Me Dieng, la FECAFOOT commet une erreur fondamentale en convoquant M. Tagouh à une audition disciplinaire. "M. Tagouh a démissionné de son poste de président d'honneur le 26 mai 2025 et n'est pas titulaire d'une licence pour la saison 2025", rappelle l'avocat.
Cette situation contrevient directement à l'article 52 des Statuts de la FIFA, qui stipule que les organes de juridiction ne sont compétents qu'à l'égard des personnes affiliées, "que ce soit au moment des faits ou au moment de la procédure". L'absence de lien juridique actuel entre M. Tagouh et la FECAFOOT rendrait ainsi toute procédure "juridiquement nulle".
L'analyse de Me Dieng révèle plusieurs violations des standards internationaux du droit disciplinaire sportif. M. Tagouh avait notifié dès le 26 mai son indisponibilité jusqu'en janvier 2026 pour raisons professionnelles, information que la FECAFOOT aurait totalement ignorée.
"Cette situation viole l'article 62 des Statuts de la FIFA qui impose d'accorder un délai raisonnable pour préparer sa défense", explique l'avocat international. La fédération aurait également imposé une audition par visioconférence sans justifier d'une quelconque urgence ni s'assurer des conditions techniques appropriées.
Autre point critique soulevé par Me Dieng : l'imprécision des griefs. La convocation évoque des "réunions clandestines" sans préciser de date, lieu, contexte ou nature exacte des reproches.
"Un justiciable a le droit fondamental d'être informé clairement des faits qui lui sont reprochés, faute de quoi toute procédure devient arbitraire et illégale", souligne l'avocat, citant l'article 45 du Code de procédure de la FIFA et plusieurs instruments internationaux de protection des droits humains.
Selon Me Dieng, ces manquements exposent la FECAFOOT à de multiples recours :
Condamnation par la Commission d'appel interne puis par la Chambre de Résolution des Litiges de la FIFA
Recours au Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour excès de pouvoir
Risque de sanctions de la FIFA ou de la CAF pour non-respect des principes fondamentaux
M. Tagouh pourrait également réclamer des dommages-intérêts pour atteinte à son image et stress moral, tout en ayant le droit d'exiger la nullité de toute décision prise en son absence.
En conclusion de son analyse, Me Dieng livre un message sans équivoque : "Le sport ne doit jamais devenir une arme politique. Le droit existe pour empêcher les abus. Et dans ce cas, le droit est du côté de M. Tagouh."
Cette affaire illustre, selon l'avocat, "les dérives administratives qui gangrènent certaines fédérations" et pose la question de la gouvernance au sein du football camerounais sous la présidence de Samuel Eto'o.
L'issue de ce litige pourrait avoir des répercussions importantes sur les pratiques disciplinaires des fédérations sportives africaines et leur conformité aux standards internationaux du droit sportif.