Affaire Union Bank contre Unimarché: la vente du Saint John Plazza

Tue, 1 Sep 2015 Source: Cameroon Tribune

La semaine dernière, la presse a publié un communiqué de vente aux enchères d’un immeuble situé au très chic Bonapriso à Douala. La mise à prix : 800 millions, le plancher des enchères reçues à partir d’un multiple de deux millions, et surtout le nom d’une enseigne bien connue dans la ville : le Saint John Plazza, attiraient certainement le simple lecteur.

Haut lieu de manifestations culturelles, le Saint John a prêté involontairement son nom à une affaire qui est née au début des années 2000 en raison d’un litige entre Union Bank of Cameroon et Unimarché, un supermarché qui logeait sur les mêmes lieux.

La discorde tire sa source d’un jeu de garanties fournies par la banque au grand commerce dont M. Grégoire Piwele était la caution. L’ardoise : 1,7 milliard de francs que réclame UBC à Unimarché en se retournant vers la caution. Laquelle juge que c’est au contraire la défaillance de l’établissement financier qui a déclenché et entretenu des difficultés ruineuses pour Unimarché. D’où l’intervention du juge.

Conformément à quatre décisions de justice, l’avocat de la banque a donc annoncé la vente sur saisie immobilière d’un immeuble bâti sur 1043 mètres carrés.

L’opération judiciaire est prévue au tribunal de grande instance du Wouri. Les murs en question ne semblent pourtant pas affectés par le conflit. Menuisiers, peintres, tapissiers s’activent à faire peau neuve à la salle de spectacles. Et Grégoire Piwele, le patron des lieux, affiche un sourire mi-désabusé, mi énervé.

« Tout d’abord, explique-t-il, le Saint John Plazza n’a rien à voir avec l’affaire. Il est locataire de l’immeuble comme d’autres entreprises. C’est dire quelle est l’intention de nos anciens partenaires… ». De fait, d’autres commerces occupent effectivement les lieux mais c’est bien le successeur d’Unimarché et son ex-promoteur que visent la publicité légale.

Qui plus est, annonce ce dernier papier en mains, l’arrêt de la Cour commune de justice et d’arbitrage d’Abidjan qui fonde la démarche de vente n’est pas définitif. Une opposition empêcherait son exécution. L’affaire est donc encore pendante et l’homme n’a pas l’air de s’inquiéter.

Mais où donc mènerait cet ultime round ? En rétorquant ainsi, Me Michel Voukeng, avocat de la banque, relativise la requête en tierce opposition de Denise Hélène Ekollo Priso Aggar, l’épouse de M. Piwele. Elle attaque l’Union Bank of Cameroon, Unimarché et son époux car le bien querellé est dans le panier des immeubles du couple.

Une propriété commune dont la saisie et la vente, contestées du reste par les établissements fermés et leur caution, auraient dû tenir compte de son droit sur le bien visé. Rien n’est plus léger, rétorque la partie adverse qui juge que ce développement est assimilable à du dilatoire et n’empêche nullement l’exécution forcée.

Quoi qu’il en soit, estime Me Voukeng, l’épouse ne peut légitimement dire qu’elle ne savait pas, alors que l’arrêt de la Cour commune de justice et d’arbitrage d’Abidjan avait déjà incidemment examiné et refusé sa réclamation. Le 17 septembre prochain, toutes les parties devraient être davantage fixées.

Source: Cameroon Tribune