Affaire de 60 milliards : casse-tête-à-tête chinois du Mintp, l’heure est grave

Le ministre des Travaux publics a reçu le 7 juillet 2023 dans son cabinet à Yaoundé, l'ambassadeur de la République populaire de Chine au Cameroun. Un dernier pas avant de résilier le contrat de China Railway sur un des lots sur la Nationale No 15 ? Voici ce que les deux hommes se sont dit.

Emmanuel Nganou Djoumessi et S.E Wang Yingwu se sont rencontrés le vendredi, 7 juillet 2023, à l'immeuble siège du ministère des Travaux publics (Mintp) à Yaoundé. Lors de ce tête-à-tête, qui a duré 20 minutes, l'ingénieur de l'État du Cameroun a exposé au représentant permanent de la Chine à Yaoundé, une série de mesures portant notamment sur la résiliation du contrat d'une société chinoise. Il s'agit précisément de l’entreprise China Railway 20 (Cr20), co-contractant du marché de construction de la route Ntui-Mankim, dont les travaux s’exécutent en deux lots (NtuiNdjolè : 60 km, et Ndjolè-Mankim : 36,7 km) sur la Nationale N°15. Ironie du sort, China Railway est sur le terrain depuis octobre 2021 et a déjà reçu cinq mises en demeure dont l’évaluation n’a pas donné satisfaction. Pour l'heure, la capacité de l’entreprise à s’organiser de manière efficace est fortement mise en cause. Le Maître d’ouvrage, très remonté contre Cr20, a donc annoncé à S.E Wang Yingwu, de ce que, les sanctions prévues dans le cahier des clauses administratives particulières (Ccap) et dans le cahier des clauses administratives générales (Ccag), seront appliquées à cette entreprise chinoise qui ne parvient pas à réaliser les bonnes performances dans l'ensemble. « Il était question d'informer à l'ambassadeur de Chine au Cameroun qu'un des lots sera retiré à Cr20 car, le rythme des travaux qui s’étendent sur un linéaire de 36,7km ne permet pas d’être optimiste en ce qui concerne l’achèvement du projet dans les délais. Comme sur le lot NtuiNdjolé, les problèmes sont quasiment les mêmes en ce qui concerne les ressources humaines, matérielles et l’organisation de l’entreprise », a révélé le Mintp, maître d’ouvrage au sortir des échanges qui n'a pas manqué de souligner le manque à gagner causé par les lenteurs observées dans la réalisation des travaux sur cette route.

60 milliards de Fcfa en jeu

D’une manière générale, souligne le Mintp, l’entreprise accuse un retard dans l’exécution des prescriptions du Maître d’ouvrage, notamment celles qui permettent de donner une assurance dans le respect des délais, de la qualité et des coûts du projet. Le principal point à déplorer dans l’ensemble est, l’attente de la mise en œuvre de la stratégie annoncée par l’entreprise. Avec un taux d'avancement de 13,18% au 1er juillet 2023, les travaux sur le lot 2A de la route NtuiMankim n’avancent pas au rythme souhaité. Si l’entreprise a achevé quelques ouvrages hydrauliques, sa stratégie de relance et d’optimisation des prestations reste attendue par le Maître d’ouvrage. L’entreprise reste confrontée à des problèmes d’intendance qui causent très souvent des arrêts, du fait d’une insuffisance de carburant. Sur le lot 2B, NdjoleMankim, indique le Mintp, le taux d’avancement des travaux au 1er juillet 2023 est de 26,35% ; une performance qui ne satisfait pas. Une mission de contrôle relevait d'ailleurs que la mobilisation du matériel reste encore très insuffisante pour des travaux de terrassement », révèle le Mintp. De façon globale, le marché confié à China Railway est évalué à environ 60 milliards de Fcfa. Les travaux relancés en février 2022 doivent être livrés dans 24 mois. En novembre 2021, l’entreprise chinoise a perçu une avance de démarrage de près de 11,8 milliards de Fcfa.