Au moment où la communauté internationale célèbre la journée internationale des personnes âgées, trois vieillards, par ailleurs des retraités anticipés des anciennes sociétés d’Etat privatisées, liquidées ou restructurées ont été déférés devant le Procureur de la République pour avoir réclamé le paiement de leurs droits déjà ordonnés par le président de la République.
Lundi 28 septembre 2015, alors qu’ils étaient au huitième jour de leurs manifestations devant le Ministère des Finances, pour le paiement de leurs droits sociaux et des indemnités dues, le sous-préfet de Yaoundé Ier est descendu sur les lieux en compagnie d’une escouade des Forces de maintien de l’ordre et a ordonné la dispersion des ex-agents des sociétés d’etat privatisées, liquidées ou restructurées qui croupissent depuis 25 ans dans la précarité en attendant que le gouvernement leur permette de rentrer dans leurs droits, aujourd’hui qui sont devenus des revendications.
brandissant des pancartes et usant des tam-tams pour faire autant que possible du bruit pour attirer l’attention, ils ont au fil des jours fini par obstruer la chaussée, empêchant les automobilistes d’emprunter cette voie. c’est alors que sur instruction de sa hiérarchie, le sous-préfet de Yaoundé Ier a demandé de libérer la chaussée. Face à l’indifférence des manifestants, il a ordonné aux Forces de maintien de l’ordre de les disperser.
Ce qui a donné lieu à une scène les plus indécentes que le régime des vieillards au pouvoir peut donner à l’opinion publique.
c’est à coups de matraques, coups de pied, et à une véritable chasse aux vieillards que des jeunes policiers se livraient dans les artères du centre administratif de Yaoundé pour au final molester des personnes âgées sans défense, et qui n’ont plus de jambes pour s’enfuir, arracher leurs pancartes, interpeller les uns, menotter les autres avant de les jeter comme des brigands de grands chemins dans des fourgonnettes de la police. tout ceci devant un public résigné et médusé par cette barbarie.
Une barbarie dont on n’a pas fait preuve quelques jours plus tôt lorsque des militaires revenus d’une mission onusienne revendiquaient le paiement de leurs huit (08) mois d’arriérés de salaire.
si oui, lorsqu’il a fallu disperser le 15 septembre les participants à un atelier que Dynamique citoyenne organisait en marge de la journée internationale de la démocratie. comme, il n‘y a jamais une sans deux, il n’a pas fallu plus de temps pour que le même régime remette cela.
Mais cette fois à la veille de la journée internationale des personnes âgées, qui s’est célébrée hier, le 1er octobre 2015 dont le gouvernement en fonction, essentiellement constitué des personnes âgées a obstinément refusé d’accompagner dans la réalisation des projets qui auraient permis à ces derniers de jouir d’une vieillesse douillette.
Notamment avec l’appui des organismes internationaux pour une police d’assurance santé. Que même les fonctionnaires valides et actifs ne connaissent pas. Malgré tout, le régime au pouvoir, toute honte bue a décidé d’engager des poursuites judiciaires contre certains des ex-agents des sociétés d’etat privatisées, liquidées ou restructurées qui manifestaient.
Ils ont été déférés devant le procureur de la république du tribunal de Première instance (tpi) de Yaoundé centra administratif, mercredi 30 septembre 2015 avant d’être renvoyés à nouveau au commissariat central N°1 de la ville de Yaoundé où ils sont en garde à vue depuis lundi dernier pour complément d’enquête.
Ils ont été à nouveau ramenés au parquet hier 1er octobre 2015, «Journée internationale des personnes âgées.»
Il s’agit de : se Francois, Abé Max et essomba. leur délit, est d’avoir «manifesté sur la place publique et obstrué la chaussée» qui sont des infractions réprimées par le code civil camerounais. «Ce qui ne devrait pas être le cas.
puisque s’il y a eu dérapage c’est la faute aux pouvoirs publics qui n’ont pas pris les dispositions pour encadrer leurs manifestations», fait remarquer un ancien administrateur civil à la retraite.
Et pour cause, en date du 8 septembre 2015, le collectif des ex-employés des sociétés d’etat privatisées, liquidées ou restructurées ont adressé une lettre au Premier ministre chef du gouvernement avec pour objet : «Reprise du sit-in suspendu le 10 juin 2015».
Ampliation avait été faite au président de la république, Président du sénat, Président de l’Assemblée Nationale, Ministre des Finances, Ministre du travail et de la sécurité sociale, Délégué général à la sûreté nationale, secrétariat d’etat à la défense, aux autorités administratives de la région du centre.
Dans laquelle, il était clairement indiqué qu’à partir du 22 septembre 2015, ils devraient observer un mouvement d’humeur consécutif au non paiement des reliquats de leurs droits sociaux et de la prime de reconversion instruite par le chef de l’etat.
Roublardise de l’etat
Rappelons qu’avec le programme d’ajustement structurel qui a été un échec retentissant en Afrique comme vont le reconnaitre plus tard les institutions de Breton Woods, l’Etat est contraint dans les années 90 de mettre plusieurs de ses sociétés en liquidation ou sous restructuration. Des milliers d’agents de 48 sociétés d’Etat sont déflatés.
L’engagement pris par le gouvernement de payer leurs droits sociaux n’est pas respecté. Quasiment tous, n’arriveront plus à se réinsérer socialement. La précarité s’ensuit et certains vont même à en mourir. En 1997, ils se mobilisent pour faire entendre leur voix par des revendications publiques.
En 1988, le président de la République Paul Biya avait signé une ordonnance N°007/CAB/PR du 4 novembre 1998 dans laquelle, il décidait du paiement des primes de reconversion à tous ces ex-employés des sociétés suscitées. Ils étaient près de 45 000 qui devaient à cet effet percevoir 12 mois de leur salaire brut imposable. Ses collaborateurs dissimulent cette instruction. Pour quelle le raison ?
Depuis 2007, ils sont revenus à la charge par des manifestations récurrentes. En 2013, ils entrent en possession de cette ordonnance et les ex-employés de ces sociétés montent au créneau. Le Minfi décide de leur verser 03 mois au lieu de 12 comme prévus par l’ordonnance.
Dès lors le reliquat ne leur est plus versé ; cela fait 26 ans. En juin 2015, ils sont appelés aux auditions instruites par le chef de l’Etat le 10 juin 2015 à la Direction des renseignements extérieurs (Dre), le service des renseignements de la police.
Convaincus que cette démarche conduira au règlement de leurs revendications, le Collectif des ex-employés suspend leurs manifestations. Ils sont dans le regret de constater que jusqu’à ce jour aucune solution heureuse n’a pu être trouvée à leur calamiteuse situation. Ils décident de remettre alors cela depuis la semaine dernière.