Affaire santé de Paul Biya : des ambassadeurs convoqués à Genève par Paul Biya

Paul Biya Malaise Paul Biya

Tue, 15 Oct 2024 Source: www.camerounweb.com

Que s’est-il passé ce 13 octobre ? À Yaoundé, alors que les militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC, au pouvoir) et des membres des organisations de jeunesse avaient été discrètement mobilisés pour accueillir Paul Biya à l’aéroport, le dispositif a été levé quelques heures plus tard, dans la même discrétion. Et pour cause : le président du Cameroun n’est finalement pas rentré au pays et se trouve en Europe en ce 15 octobre.

Aucune communication n’a été faite sur ce retour avorté ou sur les raisons de son annulation. Mais ce dernier événement vient accentuer encore un peu plus les doutes sur l’état de santé du chef de l’État, qui avait annulé en septembre et octobre sa participation à l’Assemblée générale des Nations unies, au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et à la réunion sur le développement durable à Hambourg, en Allemagne.

Confrontés aux rumeurs de décès du président, notamment propagées par une télévision proche des séparatistes ambazoniens et abondamment relayées sur les réseaux sociaux, la présidence et le gouvernement camerounais ont été contraints de s’exprimer publiquement, le 8 octobre, expliquant que le chef de l’État poursuivait son séjour en Suisse, était en parfaite santé et rentrerait au Cameroun « dans les tous prochains jours ». C’était il y a une semaine.

« Le chef de l’État n’avait jamais prévu de revenir ce dimanche [13 octobre] », confie une source proche de la présidence qui affirme qu’aucun élément de la Garde présidentielle ou de la Direction de la sécurité présidentielle, chargées de précéder le chef de l’État lors de ses déplacements, n’avait été mobilisé pour ce voyage. Selon nos informations, les autorités aéroportuaires n’avaient pas non plus été alertées d’un déplacement du CM-001, code réservé à Paul Biya.

Par conséquent, les doutes sont réapparus de plus belle. Selon l’une des rumeurs les plus persistantes, Paul Biya serait hospitalisé depuis au moins deux semaines dans un pavillon VIP ultra-sécurisé de l’hôpital militaire Percy, à Clamart, près de Paris. André Magnus Ekoumou, ambassadeur du Cameroun en France, a démenti cette information auprès de Jeune Afrique. « Paul Biya n’a jamais été hospitalisé à Paris ni ailleurs (…) Il se trouve à Genève (…) en bonne santé », a affirmé le diplomate avant que le gouvernement ne lui emboîte le pas.

Paul Atanga Nji, l’influent ministre de l’Administration territoriale, a cependant provoqué une autre montée de tension en prononçant l’interdiction des débats autour de l’état de santé du chef de l’État dans les médias camerounais. Dans la même veine, Henri Eyebe Ayissi, ministre du Domaine, du Cadastre et des Affaires foncières, a annoncé organiser une journée de prières pour Paul Biya, au Palais des Sports de Yaoundé, le 17 octobre prochain. Celle-ci a ensuite été annulée, sur ordre du cabinet civil de Paul Biya, dirigé par Samuel Mvondo Ayolo.

Ces initiatives ont passablement agacé certains membres de l’entourage présidentiel, tant elles participent au climat de défiance autour de Paul Biya. Le 13 octobre, Louis-Paul Motaze, ministre des Finances également attendu à Bruxelles dans les prochains jours, et Aboubakary Abdoulaye, vice-président du Sénat, ont été convoqués à Genève. Ce 14 octobre, ils y auraient été rejoints par Marcel Niat Njifenji, président du Sénat – lequel vient de sortir de l’Hôpital américain de Paris -, accompagné d’une délégation de trois responsables de la chambre haute.

Selon nos informations, ces convocations correspondent à une réunion de travail officiellement organisée en vue de l’élaboration du budget qui devait déjà être signé par le chef de l’État début août. Pour rattraper ce retard, il doit être finalisé avant la plénière de l’Assemblée nationale et du Sénat, prévue en novembre. De son côté, Marcel Niat Njifenji, depuis Genève, devra gérer avec ses collaborateurs du Sénat quelques tensions qui menacent la chambre haute d’implosion.

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