Après le déluge de samedi, les victimes reprennent une vie presque ordinaire et inquiète.
Partout, du linge étalé, tendu, accroché. Les enfants qui attendaient sur le trottoir, en compagnie de leurs parents, les yeux hagards et l’air abattu, ont repris le rythme presque ordinaire de la vie à Bépanda-Missoke.
Ils jouent dans ce vallon populeux qui s’étend vers « Sable », un carrefour qui a reçu ce nom de la carrière d’extraction voisine. Les murs sont mouillés comme les yeux de Merveille Kam. La jeune mère célibataire a laissé son commerce de vivres pour mettre un peu d’ordre dans ses affaires domestiques. « Tout est gâté ! Mais je trie ce qu’on peut nettoyer et je jette le reste », confesse-t-elle, la voix enrouée.
Comme partout ailleurs dans les quartiers touchés par les inondations géantes du samedi 20 juin dernier, l’heure est au ménage. Géant, lui aussi. Matelas, vêtements, ustensiles de cuisine, tout le mobilier des résidences affectées attendent le rayon de soleil qui pointe faiblement à l’horizon depuis trois jours.
A la mi-journée, l’astre qui réchauffe a daigné se réveiller. En attendant, les victimes du récent déluge ont eu recours à diverses techniques pour sauver les appareils électriques domestiques ou professionnels.
Les spécialistes du froid et de la climatisation n’ont pas de répit dès lors. Sur le bord du chemin qui relie Makepe à l’hôpital général, l’un d’eux compte : « C’est le quatrième réfrigérateur depuis hier ». La statistique est extraordinaire. Il lui est arrivé de ne pas avoir plus de deux ou trois machines en moyenne à réparer durant un mois. Mais il n’est pas pour autant heureux. Certainement, redoute ce technicien apparemment réputé, « les clients vont avoir du mal à payer ».
Pourtant, la résilience connue de la très active Douala a déjà fait ses effets. Peu de voix récriminent même si la tristesse est grande jusque dans les gestes de dépit de « Maman Mimi », qui accueille des parents venus la réconforter dans sa maison en dessous du niveau de la route en construction, le chantier du boulevard de la République. Le seul espoir des voix qui cherchent la moindre occasion de s’exprimer : des drains, des voies pour l’eau. Sinon, il y aura encore des morts, prédit Impo Fozin, un sinistré de Bonabassem.