Selon Jeune Afrique le Cameroun vient de lever 550 millions de dollars (environ 332 milliards de francs CFA) sur le marché international, par le biais d'un emprunt obligataire en placement privé. Le confrère explique que cette opération, autorisée in extremis par un décret du président Paul Biya le 22 juillet, a été finalisée le lendemain, selon l'agence Bloomberg.
A en croire JA, l'emprunt, d'une maturité de sept ans, a été conclu à un taux d'intérêt de 9,50%, jugé exorbitant par de nombreux observateurs. Ce taux est nettement supérieur à ceux obtenus récemment par d'autres pays africains comme le Sénégal (7,75%), la Côte d'Ivoire (6,61%) ou le Bénin (7,96%).
A la lumière du décret présidentiel, ces fonds sont destinés à financer des projets de développement inscrits au budget 2024 et à apurer la dette intérieure. Toutefois, le choix d'un placement privé plutôt qu'un appel public à l'épargne soulève des questions sur l'urgence de l'opération.
Des analystes financiers pointent plusieurs facteurs expliquant ce taux élevé notamment la perception du risque politique en Afrique centrale, mais aussi l’incertitude liée à l'élection présidentielle prévue l'année prochaine, sans oublier la note B- attribuée au Cameroun par l'agence S&P, inférieure à celle de ses homologues ouest-africains.
Le choix du dollar pour cet emprunt est également discuté, certains experts soulignant que les taux en dollars sont actuellement plus élevés que ceux en euros.
Malgré une croissance prévue de 3,9% cette année selon le FMI, cette opération soulève des interrogations sur la gestion financière du pays et sa capacité à attirer des investisseurs à des conditions plus favorables. L’avenir nous dira davantage. Mais il n’est pas risqué de dire que le Cameroun se retrouve dans une situation inconfortable pour ne pas dire rouge.