Alternance : mauvaise nouvelle pour les Camerounais, le dernier espoir s'envole

Biya Main Droite Levee L'alternance au Cameroun

Mon, 11 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

L’élection présidentielle de 2025 attire beaucoup de regards sur le Cameroun et ses plus de 30 millions d’habitants. Les populations, elles, veulent une alternance au sommet de l’État. Un petit sondage effectué par notre rédaction nous permet de le dire sans risque de se tromper : beaucoup de personnes s’attendaient à voir une personne comme Maurice Kamto ou une autre de l’opposition qui arriverait à les convaincre de lui accorder leurs voix.

Cette attente a d’abord été brisée par le rejet de la candidature de l’homme politique Kamto. Puis maintenant par la conviction (de Lionel Medou) selon laquelle les Camerounais ne sont pas encore prêts pour un changement à la tête du pays, ce qui conditionne dans la plupart des pays où l’alternance s’est produite, l’intervention de la communauté internationale.

Et si le peuple camerounais n’était pas tout à fait prêt pour le changement ? Question posée par Medou. Dans sa sortie, il dit : « Parmi les nombreuses leçons à tirer du rejet des candidatures à la présidentielle camerounaise de 2025, une frappe l’observateur attentif avec une douloureuse évidence : l’indifférence du peuple ».

Malgré la gravité des événements, malgré l’exclusion de figures majeures de l’opposition comme Maurice Kamto, malgré les signaux de verrouillage démocratique émis par les institutions, la population est restée étrangement silencieuse. Aucun soulèvement, aucune mobilisation d’ampleur, pas même une indignation collective significative. Rien, ou presque.

Pourtant, les Camerounais souffrent. Ils subissent l’injustice au quotidien. Ils vivent sous le poids d’un népotisme qui étouffe les talents, d’un chômage endémique qui broie les jeunesses, d’un système éducatif asphyxié, d’un hôpital public abandonné, de routes meurtrières, de coupures d’eau et d’électricité comme norme.

Ils assistent, impuissants, à la confiscation des institutions par une élite vieillissante. Mais quand l’heure décisive sonne, quand il faut dire non, quand il faut défendre la démocratie, ce peuple souffrant s’efface.

On entend souvent les Camerounais dire : « Nous voulons voir nos enfants grandir ». C’est devenu une sorte de mantra. Et pour cela, ils préfèrent ne pas sortir, ne pas manifester, ne pas contester. Par peur. Peur d’être arrêtés. Peur d’être brutalisés. Peur de perdre ce peu qu’ils ont. Alors ils se taisent. Ils subissent. Ils se résignent. Mais la vraie question, c’est : dans quel pays veulent-ils voir leurs enfants grandir ?

Dans un pays où il n’y a plus d’État de droit ? Où l’accès à l’école et à la santé est un privilège ? Où les concours sont verrouillés ? Où le simple fait de manger à sa faim devient un luxe ? Où les rêves s’exilent faute d’horizon ? Est-ce dans ce genre de pays qu’ils espèrent voir grandir leurs enfants en paix ?

Le paradoxe est cruel : par peur de perdre leurs enfants, les Camerounais acceptent un système qui les condamne à l’échec. C’est une anecdote nationale, une blessure collective. Et tant que cette peur dominera la conscience, aucun changement durable ne sera possible.

Maurice Kamto, qu’on l’aime ou pas, a fait sa part. Il a résisté, il a dénoncé, il a proposé, il s’est exposé. Il a payé le prix fort. Et il continue, malgré vents et marées, à porter un projet de rupture. Mais peut-on éternellement se battre pour un peuple qui ne suit pas ? Peut-on vouloir le changement à la place de ceux qui devraient le désirer plus que tout ?

Peut-être faut-il avoir l’humilité de reconnaître que les Camerounais ne sont pas encore prêts. Prêts à souffrir pour sortir de la souffrance. Prêts à renoncer à la peur pour embrasser la dignité. Prêts à choisir l’inconfort du combat plutôt que la soumission tranquille. Peut-être que la culture du changement n’a pas encore germé. Peut-être faut-il encore plus de souffrance, plus de déclassement, plus d’humiliations, pour que se forme enfin une conscience collective.

Il ne s’agit pas ici de juger le peuple, mais de poser un constat difficile. Tant que l’indignation restera virtuelle, tant que la résignation primera sur l’action, le pouvoir n’aura aucune raison d’avoir peur.

Alors peut-être faut-il désormais laisser les Camerounais à leur destin. Ne plus les forcer à s’indigner. Ne plus porter sur ses épaules un espoir qui ne demande qu’à s’endormir. Car le vrai changement, celui qui libère, commence toujours par une volonté populaire claire, massive, irrépressible. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, cette volonté semble encore manquer. Ou pour dire le moins, elle est encore invisible.

Source: www.camerounweb.com