C'est le secret le mieux gardé au Cameroun depuis plus de deux mois. Le sort de Sisiku Ayuk Tabe, leader indépendantiste anglophone dont les partisans ont exigé ce week-end des preuves de vie à travers une vidéo qu'ils ont diffusée avec un otage, le délégué régional des Affaires sociales, enlevé le 24 février dans la localité de Batibo, près de Bamenda.
Sisiku Ayuk Tabe, président de la République autoproclamée de l'Amazonie, et 46 membres de son gouvernement ont été arrêtés et extradés vers Yaoundé fin janvier. Depuis lors, personne n'a pu accéder à eux malgré des pressions de toutes parts.
L’ultimatum de 48 heures adressé par les miliciens ambazoniens au gouvernement camerounais tient à peu de choses : des preuves de vie de leur leader, en l’occurrence de leur chef, Sisiku Ayuk Tabe, et les membres de son cabinet, soit 47 personnes au total.
Pressé de s’exprimer sur le sort de ces militants sécessionnistes, après l’annonce de l’arrestation dans un hôtel d’Abuja au Nigeria, le gouvernement camerounais avait fini par admettre que Sisiku Ayuk Tabe et sa bande étaient entre les mains de la justice camerounaise. C’était le 29 janvier dernier. Depuis lors, on n’en sait guère plus.
Un collège d’avocats camerounais a bien essayé à plusieurs reprises d’accéder à eux, mais sans jamais y parvenir. Diverses organisations de défense de droits humains ont aussi entrepris d’exercer des pressions sur les gouvernements camerounais et nigérians, sans davantage de réussite.
Il faut dire que le dossier est traité dans le plus grand secret, un silence épais qui n’est pas sans inquiéter les proches parents. Des voix, notamment dans la diaspora camerounaise, ont même évoqué l’hypothèse extrême d’une exécution extrajudiciaire de ces personnes, considérées par Yaoundé comme des terroristes. Allégations démenties dans un communiqué du gouvernement qui avait été lu le 1er février dernier par la radio d’Etat.