L’appel a été lancé lors du congrès ordinaire de samedi. Qui a vu l’élection d’Anicet Ekane à la tête du parti.
Il a finalement eu lieu. Après la plainte de Dieudonné Yebga pour annulation du congrès, qui a été rejetée, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, Manidem, a tenu son congrès ordinaire ce samedi 2 juin 2018 à l’hôtel Somatel Bali à Douala.
Un congrès qui a consacré le retour, à la tête du parti d’un de ses pères fondateurs, Anicet Georges Ekane. Il a été élu par les 27 membres du Comité de direction du Manidem, Cdm, (nouvelle appellation de l’ex Comité national de coordination). Le Comité de direction du Manidem a également élu les onze membres du bureau politique (la liste ci-dessous). Le Comité précise qu’Anicet Ekane revient à la tête du Manidem pour un mandat provisoire, jusqu’à ce que la situation du parti et du pays se normalise. Le Cdm pourra convoquer une élection tous les trois mois, pour remanier le bureau politique.
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Autre nouveauté pour cette formation politique, la mise sur pied d’une Cellule de crise. Elle est chargée «de prendre le parti en main en cas de force majeure». Même si les noms n’ont pas été dévoilés, on sait que la cellule est constituée de cinq membres. Avant les travaux en commission, la séance plénière a permis au parti de présenter sa politique générale sur les questions de l’heure. La problématique des velléités sécessionnistes a occupé une place de choix. Pour le Manidem, «rien ne peut justifier que des Camerounais prennent des armes pour diviser le pays, rien. Même pas le refus du dialogue par le Rdpc, parce que ce régime va passer. Est-ce qu’il doit passer avec la division du Cameroun ? Non.
C’est comme si on veut entraîner le pays vers la fin du régime de Biya, qui aura comme consécration la division du Cameroun. On est contre», martèle Anicet Georges Ekane. Le Manidem ponctue : «L’armée camerounaise a la légitimité d’avoir des armes. Elle est chargée de défendre notre territoire.
Ceux qui ont pris les armes pour la division du pays doivent les déposer. L’Upc a été contrainte au maquis, elle n’a pas décidé de prendre les armes. Elle a pris les armes pour se défendre contre les colons qui ne voulaient pas de la réunification et de l’indépendance. Ici on est dans le sens contraire. C’est des Camerounais ou présentés comme tels, qui décident de diviser leur pays, et de prendre les armes pour y arriver. Le cessez-le-feu commence par ceux qui ont pris les armes. Qu’ils les déposent.»
«L’eau est au feu pour son plumage»
Pour la présidentielle de 2018, le Manidem n’exclut pas une alliance. «On va proposer un programme minimal de gouvernance, qui a des éléments fondamentaux, argue Ekane. Et de poursuivre, c’est en fonction de ce programme qu’on pourra établir des alliances avec ceux qui sont déjà candidats, ou des plateformes qui sont en place, à défaut nous-mêmes d’être candidats. On ne va pas aller en alliance avec un groupe ou un candidat parce qu’il a des beaux yeux ou parce qu’il est passé à la télévision plusieurs fois, ou parce qu’il est allé à Paris… On va lui poser les conditions d’un accord qui commence par la politique sur la situation nationale et internationale, comme par exemple le problème du Franc Cfa. Il est non négociable pour nous. Il faut que les gens disent de manière claire qu’on doit sortir, à terme, du Franc Cfa.»
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Le congrès ordinaire a-t-il sonné le glas des rivalités avec Dieudonné Yebga ? Pas sûr. Déjà qu’il a répondu aux abonnés absents. Interrogé sur la question, Anicet Ekane affirme : «Monsieur Yebga peut toujours se débattre. L’eau est au feu pour son plumage. Notre parti était effectivement en difficulté du fait de cette crise de direction.
Mais après le congrès, nous sommes ouverts aux discussions, sauf pour ceux qui ont saccagé l’image du Manidem dans les médias et les réseaux sociaux. Je ne suis pas son papa ni sa femme pour lui faire la court. La direction du parti a organisé un congrès aujourd’hui pour élire une autre direction. Il n’y sera certainement pas. On ne va pas l’exclure s’il veut faire son aggiornamento».