Paul Biya a réservé une bonne partie de son discours du 31 décembre 2017, à la crise sociopolitique qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions anglophones du pays, depuis un an et demi. Le Chef de l’Etat est resté sur sa position. Celle d’un dialogue, mais dans un cadre républicain.
« Le dialogue, je le précise bien, a toujours été et restera toujours pour moi, la voie privilégiée de résolution des problèmes, pour autant qu’il s’inscrive strictement dans le cadre de la légalité républicaine », a-t-il déclaré juste après avoir rappelé que face aux revendications socioprofessionnelles, il a « demandé au Gouvernement, dès le début de la crise, d’engager un dialogue constructif avec les enseignants et les avocats anglophones, dans le but de rechercher des solutions à leurs revendications.
De nombreuses actions ont été prises par le Gouvernement à l’issue de ce dialogue, allant même au-delà des revendications initiales. D’autres sont en cours ou envisagées », a dit le Président de la République.
En revanche, martèle le locataire d’Etoudi, il est hors de question de se laisser imposer un dictat par ceux qu’il a qualifiés de criminels. « Nous avons tous été témoins de la gravité des débordements qui en ont résulté. Les symboles de la République ont été profanés. L’éducation de nos enfants a été prise en otage, par des pyromanes criminels qui n’ont pas hésité à incendier des écoles et à attaquer des élèves. Les activités économiques et sociales ont été perturbées par des mots d’ordre irresponsables, imposés aux populations par la menace, l’intimidation et la violence. Des attentats à la bombe ont été perpétrés. Plusieurs de nos compatriotes ont perdu la vie dans les violences orchestrées par les sécessionnistes. Des membres de nos forces de défense et de sécurité ont été assassinés de sang-froid, en accomplissant leur devoir », a listé Paul Biya.
Depuis plusieurs mois déjà, l’on assiste à une escalade dangereuse de la violence en zones anglophones. Après des attentats dans les écoles ou dans les marchés, les forces de défense et de sécurité ont été prises pour cibles. En l’espace de 8 semaines, environ une vingtaine de militaires, gendarmes et policiers ont été tués. Des crimes que le gouvernement attribue aux séparatistes.
Le Chef de l’Etat a rappelé qu’il ne va pas négocier cet aspect des choses. « Comme j’ai eu à le rappeler récemment, il est de mon devoir de veiller à l’ordre républicain, à la paix sociale, à l’unité de la Nation et à l’intégrité du Cameroun. Les opérations de sécurisation engagées à cet égard ont donné d’excellents résultats. Elles vont se poursuivre sans faiblesse, mais sans excès », a-t-il prévenu.
Au sujet de la forme de l’Etat, le successeur d’Ahmadou Ahidjo reste inflexible sur l’Etat unitaire décentralisé actuel. « Je sais que le souhait de tous les Camerounais de bonne volonté, est que les tensions cessent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et que la situation revienne à la normale. Dans leur immense majorité, les Camerounais aspirent à vivre ensemble, dans la paix ». D’où, a-t-il souligné, la création de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme, « dont le rôle dans la promotion de notre vivre ensemble sera essentiel ».