Ambazonie: nouvelles révélations de l’ex-geôlier Paul Ayah Abine

L’ancien avocat général près la Cour Suprême, Paul Abine Ayah, vient de se prononcer à nouveau sur les affrontements violents dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

A quelques jours de la rentrée scolaire 2018 prévue pour le 03 septembre prochain, le président national du People’s Action Party (PAP) vient de publier une tribune dans laquelle il plaide pour l’arrêt des attaques de l’armée dans les régions anglophones. Extrait…

Je pense que nous devons à la postérité un devoir collectif de préparer ceux qui grandissent à nous prendre le relais. Par conséquent, je ne fais qu'un avec tous ceux qui pensent que l'éducation est trop précieuse pour qu’on joue avec. Aucun d'entre nous ne ferait avec efficacité ce que nous faisons aujourd'hui sans éducation.

LIRE AUSSI: Un camp militaire attaqué par les sécessionnistes, des armes de guerre emportées

Comme beaucoup d'autres qui vivent les tueries en cours, notre préoccupation devrait se limiter à la faisabilité de la réouverture des écoles. Mais apparemment, tout semble conspiré contre la réouverture des écoles ! Les Procureurs de la guerre tuent à volonté tous ceux qu'ils rencontrent, en particulier dans la plupart des zones rurales. Il se peut que vous ne trouviez pas dix personnes dans tous les villages le long de la route principale entre Muyuka et Kumba, par exemple. Et les cibles des agresseurs sont les jeunes - ceux-là mêmes qui fréquentent les écoles. Les probabilités ne sont pas moins le fait que la population se trouve dans les forêts profondes, préoccupées principalement par leur survie.

Chez nous, la plupart des écoles ont été incendiées. Les maisons d'habitation ont été rasées jusqu'au sol. Et il se passe à peine une semaine sans qu'un ministre/officiel du gouvernement loue les auteurs de ces atrocités pour leur efficacité/professionnalisme, les encourageant ainsi à procéder de la même manière ou même de manière plus agressive. Comment les écoles fonctionnent-elles dans ces circonstances ? La condition sine qua non de la réouverture effective de l'école est la cessation des hostilités à l'initiative du gouvernement camerounais qui a déclaré la guerre, suivie de mesures de confiance concrètes.

Vous ne pouvez pas déclarer la guerre et demander à la partie adverse de déposer unilatéralement les armes. On ne peut pas plaider en faveur d'un retour à la normale lorsqu'on tue des gens sans discrimination, y compris les plus innocents. Vous ne pouvez pas non plus le faire en arrêtant arbitrairement des personnes et en les emmenant dans des cachots incommunicado, sans que, parfois, leurs proches ne sachent même pas où ils se trouvent, ou s'ils sont encore en vie.....

On a entendu l'argument boiteux selon lequel les forces armées nationales ne devraient pas être placées au même niveau que les "terroristes/sécessionnistes". Le simple fait de déclarer formellement la guerre contre les "terroristes/sécessionnistes" est une reconnaissance implicite que vous avez devant vous une force avec laquelle il faut compter.

Lorsque deux forces se font face dans une bataille, il est de bon sens que les méthodes standard de cessation des hostilités doivent être suivies. De telles méthodes dans la recherche d'un règlement pacifique ne tiennent jamais compte des forces militaires des parties belligérantes, de leurs succès au combat ou de leur statut. C'est donc partout dans le monde ; toujours. Le Cameroun ne peut pas être l'exception.

LIRE AUSSI: Etoudi 2018: le deal secret entre Paul Biya et Facebook

Soyons sérieux pour une fois. Il n'y a qu'une seule porte à la réouverture des écoles : la cessation des hostilités (comme point de départ) ! ... Cela ne signifie pas pour autant que les anglophones du pays et/ou de l'étranger doivent se réfugier sous la poursuite des hostilités pour rester formellement déterminés contre la réouverture des écoles. Mon opinion est que nous devrions laisser la porte ouverte et rejeter le blâme sur ceux qui sont coupables de belligérance.

Tandis que j'écris ces mots, je suis distrait par un déluge assourdissant à l'extérieur. Je visualise le nombre incalculable de femmes en travail, de personnes âgées et âgées, d'enfants et de bébés dans les forêts/bois mouillés jusqu'à la peau et frissonnants de froid : les victimes de l'efficacité militaire et du professionnalisme ! N'ajoutons pas à leurs malheurs et ne perpétuons pas la même chose en tant que politique.