Ambazonie: un site de fake news pro-Biya pour tronquer l'actualité

Biya Ministres Histoire Le site véhicule des informations erronées sur la guerre en Ambazonie

Tue, 24 Jul 2018 Source: cameroonvoice.com

Le site dénommé cameroonrealclearpolitics.org aurait pour objectif de tronquer la véritable information sur le déroulement de la méga-tragédie qui se joue dans les régions anglophones que les partisans de la sécession appellent "République Fédérale d'Ambazonie", en la présentant toujours à l'avantage du régime Biya qui brigue un septième mandat à la tête de l'Etat en octobre prochain.

La communication de guerre (civile) prend de l'envergure au Cameroun avec le lancement d'un site de propagande par des partisans de Paul Biya qui entendent donner le change aux nombreux médias et réseaux sociaux, ainsi que les médias classiques nationaux et internationaux qui ont jusqu'ici, bon an mal an, donné une information équilibrée sur ce qui est devenu une véritable guerre civile, après n'avoir été au début qu'un simple mouvement de contestation socioprofessionnel dénommé « Crise Anglophone ». Une information qui certes, met plus l'accent sur les exactions criminelles de l'armée camerounaises, non seulement en raison de la disproportion des forces, mais surtout parce qu'il est indiscutable que poussé jusqu'à leurs derniers retranchements par une répression féroce et sanglante initiée par la dictature rampante de Yaoundé, les révoltés anglophones qui ont fini par prendre fait et cause pour le sécessionnisme n'avaient pas d'autre choix que de se muer en rebelles armés, même avec des moyens dérisoires.

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Pour tout dire, le site qui accorde un grand intérêt à ce que les anglophones aujourd'hui majoritairement portés vers le sécessionnisme, du moins tant que le gouvernement n'accepte pas le principe d'un dialogue avec les séparatistes armés, reviennent à la raison et fassent allégeance à Biya dans la perspective du prochain scrutin, fait croire que contrairement à ce qui se voit sur le terrain et se lit dans les médias, le gouvernement est en train de réduire les groupes armés se réclamant du mouvement séparatiste à la portion congrue, mieux, de gagner la guerre.

Pour ce faire, rien de mieux qu'un article sorti tout droit des fantasmes des animateurs du site, qui raconte un affrontement fantasmagorique ayant eu lieu dimanche, 22 juilletentre les forces gouvernementales et des sécessionnistes armés qui se serait soldé par la mort de 147 assaillants sécessionnistes du groupe armé Red Dragons.

« Lebialem libéré des Ambazoniens! », peut-on lire en titre d'un article de grande Une mis en ligne dimanche, qui fait savoir que « L'armée camerounaise a porté un coup mortel aux terroristes des Red Dragons d'Ambazonie » dont 147 ont été tués et 45 arrêtés dans le département du Lebialem.

Après avoir fait état de cadavres d'hommes âgés et de jeunes filles tenant des fusils trouvés sur les lieux des affrontements, au risque de faire croire que l'armée dont il vante tant les mérites guerriers se serait livrée une fois de plus à des exécutions sommaires –parce qu'il serait quand même inimaginable que 147 combattants sécessionnistes armés se retrouvent au même endroit pour se faire massacrer par les forces régulières sans lever le doigt ou faire au moins une victime dans les rangs de l'ennemi-, l'auteur de l'article évoque « des jours solennels pour les habitants de ce département de la région du sud-ouest du Cameroun, qui commencent à respirer l'air frais ont après avoir subi les menaces de leurs propres enfants qui les ont tués, kidnappés, violés et volés. »

On apprend aussi que « L'armée camerounaise a utilisé des mitrailleuses modernes, des hélicoptères et des drones pour repérer les rebelles des Red Dragons en guenilles » afin d'effectuer des frappes meurtrières sur leurs positions. Bien plus, révèle-t-il, les soldats des forces gouvernementales disposent quant à eux d'équipements militaires de choix pour consolider leurs positions.

Vérifications faites, toutes ces informations sont fausses à quelques nuances près. Même les sources militaires de Cameroun ne se souviennent pas qu'il y ait eu des affrontements d'une telle envergure dans le département du Lebialem ce week-end. « Il y a certes eu des affrontements dans une brousse à la périphérie de la localité de Menji (chef-lieu du département du Lebialem) où les forces gouvernementales avaient utilisé des drones pour repérer les positions sécessionnistes, mais cela date d'il y a quatre mois environ », nous confie une source militaire pour qui les positions repérées à l'époque par les drones étaient celles des personnes qui avaient fui leurs habitations pour se mettre à l'abri des combats dans la brousse.

Une autre source, indépendante quant à elle, mais qui corrobore cette première version, affirme que « Malheureusement, ce sont les forces gouvernementales combattant sur le terrain qui avaient nt été encerclées par les sécessionnistes aussitôt que ces derniers furent alertés par les bombardements effectués à l'aide de drones, et parmi la quinzaine de tués, l'armée avait perdu le plus d'hommes, car on n'avait dénombré que trois combattants séparatistes et deux civils. ». Il ajoute que les arrestations par des militaires de quelques personnes soupçonnées de collusion avec les sécessionnistes armés avaient eu lieu loin du théâtre des affrontements, et bien avant les affrontements.

Alors d'où le site cameroonrealclearpolitics.org dont les internautes n'ont été informés de l'existence qu'en recevant dans leurs boites électronique un courriel ayant pour objet « CAMEROON REAL POLITICS » et pour unique message son nom, est-il allé sortir cette information dont il est le seul à en avoir connaissance ? Manifestement dans l'imagination très ingénieuse de ses concepteurs qui ont à peine publié 15 articles tus aussi truffés de contrevérités que de déductions procédant d'analyses sophistiquées de la situation politique au Cameroun.

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Lundi, des anglophones qui ont pris connaissance de ce site dont les articles sont rédigés en anglais et dont la plupart des rubriques sont encore vides, soupçonnent –sans preuve cependant- le très zélé pro-Biya et ministre de l'Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, de tirer dans l'ombre les ficelles de ce site qui aurait pour particularité de prendre le contrepied de l'information objective sur la situation objective, mais surtout de montrer Biya aux anglophones sous un beau jour à deux mois du début de la campagne électorale, ou de couper l'herbe sous les pieds des anglophones de la diaspora qui ne cessent d'inonder les instances internationales de nouvelles alarmistes sur la crise anglophone.

« Il n'y a qu'à lire les titres de leurs articles pour comprendre à quel jeu ils jouent, explique le journaliste Shi Victor, de Restoration Radio (une radio dont la ligne éditoriale prône le retour à la fédération d'avant 1972) qui cite ce qu'il considère comme les titres à problèmes de cameroonrealclearpolitics.org, tels que : « The Cameroon Anglophone crisis and the "Refugee Business" », « English speaking Cameroonians are living peacefully all over the country. Do not get them wrong, they like it », ou encore « Saving one of Africa's most stable country: The case for Cameroon ». Et d'ajouter: "Pour quelques miettes de pain qu'on leur permettra de ramasser sous la table de la République, des Anglophones qui jouent à merveille le rôle d'esclave de maison font tout pour que leur maître Biya puisse dénicher et exterminer leurs frères qui de l'autre côté, et pour des raisons dont la légitimité est incontestable, jouent les empêcheurs de jouir en rond ».

Voilà qui devrait suffire à faire comprendre aux partisans de la sécession qu'au Cameroun, pays où la nomenklatura dirigeante affame tout le monde et récupère avec des miettes de pain une poignée pour les utiliser contre la majorité, les anglophones ne sont pas les seuls à souffrir le martyre. C'est le tot de tous les Camerounais qui ne viendront à bout d'un régime décadent et malfaisant qu'en restant unis, au lieu de disperser leurs forces. La preuve, un site anglophone créé pour les beaux yeux du dirigeant à vie francophone, pour descendre en règle des anglophones qui disent lutter pour la cause... des anglophones

Source: cameroonvoice.com